Inflation des matières premières : L’Etat en profite, le peuple en souffre

Redaction

De quoi sera faite l’année 2011? Au-delà des espérances des uns et des
autres, la conjoncture, aussi bien nationale qu’internationale, nous
apprend qu’elle sera, à coup sûr, marquée par une flambée des prix de
certains produits de consommation. Une flambée qui s’abattra comme une foudre sur la majorité des Algériens et qui tétanisera leur pouvoir
d’achat déjà bien faible.

Pourquoi donc ces prévisions pessimistes? Parce que tous les
indicateurs économiques et politiques sont là pour l’attester. D’un
côté, les cours des matières premières ne cessent de grimper sur les
marchés internationaux, exaspérés par la hausse des prix du pétrole.
De l’autre, l’anarchie qui règne sur le circuit commercial local
favorise les pratiques spéculatives et aucun mécanisme de régulation,
s’il en existe, n’est appliqué pour protéger le consommateur algérien.

Le paradoxe algérien est que nos gouvernants se content de cumuler les réserves de changes, tirées des profits pétroliers, sans créer de la
valeur ajoutée et du développement social qui pourraient faire office
de pare-feu aux aléas des marchés boursiers. Eclairage.

Inflation : Le pétrole juge et coupable

De l’aveu même du Gouvernement, l’inflation marquera une hausse
sensible en 2011. Selon Abdelmalek Zoubeidi, Directeur de la prévision
et des politiques au ministère des Finances, le taux d’inflation en
2011 risque d’être plus fort, peut être plus qu’en 2010 (4%). Quand le
Gouvernement avoue que le taux d’inflation sera en hausse, c’est qu’en
réalité, il sera très en hausse, le chiffre avancé pour l’année 2010
étant très contestable.

M. Zoubeidi explique que les produits de large consommation seront en
cause du fait des fluctuations des marchés boursiers. Hormis le lait
et les céréales, qui bénéficient du soutien de l’Etat, tous les autres
produits de base coûteront plus cher en 2011.

Les Algériens n’auront pas attendu longtemps pour le constater. Le
prix du kilo de sucre est passé de 80 dinars à 120/130 dinars ces
derniers jours. La bonbonne de 5 litres d’huile de table est vendue
entre 750 et 950 dinars, alors qu’elle ne dépassait pas les 620-800
dinars. A eux seuls, ces deux produits tirent vers le haut une
panoplie d’autres produits de large consommation.

Le Gouvernement explique que cette hausse est due à des facteurs
exogènes et dépend uniquement des caprices des traders.
L’autosatisfaction étant devenue un rêve inaccessible, nos
responsables omettent de mentionner qu’ils sont aussi responsables de
protéger les Algériens en optant pour des mesures de soutien.

L’Etat profite de la conjoncture, le peuple en souffre

Nos Gouvernants notent que, sur les marchés boursiers, le prix d’une
tonne de sucre roux, par exemple, a flambé de 27% en deux ans, et que
les cours des huiles végétales ont augmenté de 47% en un an. Le
Gouvernement oublie de préciser que les cours du pétrole ont progressé
de 86% rien qu’entre 2007 et 2008 et que cette tendance haussière est
repartie de plus belle en ce début d’année. Tous les économistes
s’accordent à dire que l’envolée des prix du baril reste la première
tension qui pèse sur les prix des autres matières premières pour des
raisons multiples, dont celles liées au surcoût de production et de
transport.

L’argent des Algériens à la Fed

L’Algérie qui tire profit de la conjoncture actuelle en soignant ses
recettes pétrolières et ses réserves de change ne redistribue pas
équitablement cette richesse au profit d’une meilleur protection du
pouvoir d’achat puisque c’est cette même conjoncture qui est
responsables de son érosion. Le Gouvernement algérien peut aisément
soutenir tous les produits de large consommation, d’autant plus que
les salaires des Algériens, combien même augmentés, sont complètement insignifiant face à cette inflation galopante.

Il n’en est rien. L’Algérie reste un pays qui profite momentanément du
contexte de crise en laissant son peuple se débattre dans ses
retombées néfastes. Pendant ce temps, l’argent tiré des profits
pétroliers reste bien endormi dans les coffres de la Banque centrale
américaine (Fed). Les dernières estimations font état de 155 milliards
de dollars.

Yasmina B.