Les laboratoires pharmaceutiques américains, qui ambitionnent de s’associer à l’Etat algérien pour l’installation d’un méga pôle biotechnologique à l’horizon 2020, espèrent voir la partie algérienne fournir davantage d’efforts afin de faciliter l’installation des grandes firmes pharmaceutiques localement.
Appelée à accompagner l’Algérie, qui ambitionne de devenir le quatrième pôle biotechnologique dans le monde à l’horizon 2020, l’association «PhRMA» qui regroupe l’essentiel des producteurs pharmaceutiques américains, a fait appel au cabinet «Deloitte» afin d’élaborer une feuille de route stratégique pour l’industrie pharmaceutique innovante en Algérie à l’horizon 2020.
Résultat : un rapport critique de 200 pages qui mettent la lumière sur les insuffisances réglementaires, institutionnelles et matérielles de la politique algérienne du médicament et font ressortir quelques points positifs à renforcer.
« Nationalisme économique »
Les rapporteurs du cabinet «Deloitte» pointent du doigt quelques freins au développement de l’industrie pharmaceutique algérienne et de la recherche scientifique à commencer par la fameuse règle dite des «51/49» instaurer dans le cadre de la loi de finances complémentaire de 2009 et qui réserve obligatoirement une part de 51% de tout projet d’investissement étranger à un ou plusieurs partenaires algériens. Décriée par tous les milieux économiques étrangers, cette mesure est venue dans un contexte qui a vu triompher la politique dite de «nationalisme économique» prônée par le Premier ministre Ahmed Ouyahia.
Encadrer
L’étude «Deloitte» note également comme freins au développement de la filière médicaments en Algérie «l’absence d’une stratégie à long terme garantissant la stabilité des activités industrielles», le «manque de transparence quant aux procédures d’investissement et d’installation», «la non-adéquation et lenteur du système bancaire algérien qui freine les investissements» et «l’instabilité politique».
Sur le registre de la recherche scientifique, le rapport fait ressortir une faiblesse algérienne chronique en la matière précisant que «l’absence de cadre institutionnel régulant la recherche clinique, du manque de moyens financiers, de la discontinuité des procédures engagées, du manque de volontaires» sont autant de facteurs qui freinent la recherche clinique indiquant, à titre d’exemple, que l’Algérie n’effectue que 11 essais cliniques par an contre plus de 300 en Egypte et plus de 500 en Afrique du Sud.
Autre point important soulevé par l’étude du Cabinet «Deloitte», celui de la protection de la propriété intellectuelle. Selon le président du conseil d’affaires algéro-américain, Smaïn Chikhoune, cité par le quotidien français La Tribune, «les laboratoires américains veulent aussi une loi pour la protection de la propriété intellectuelle afin de protéger de nouvelles molécules» ce qui est aussi évoqué par le rapport comme inquiétudes inhérentes au «marché de la contrefaçon et la vente et importation parallèle des médicaments».
Des capacités algériennes
Le cabinet «Deloitte» cite ce qu’il qualifie de points forts du marché algérien du médicament et qui peuvent être exploiter par les laboratoires pharmaceutiques comme atout de développement stable à l’instar du «positionnement géographique qui lui permettra d’exporter ses produits en Afrique et au Moyen-Orient», «les coûts bas de main d’œuvre», «la croissance économique», «l’existence d’un système de remboursement de médicaments et de sécurité sociale», «une population de 36 millions d’habitants», «45.000 cas de cancer recensés par an», «des importations annuelles de médicaments de plus de deux milliards de dollars» et «près de 200 milliards de dollars de réserves de change».
Le projet algérien de création d’un pôle biotechnologique, qui serait le 4ème du genre, est soutenu par plusieurs laboratoires pharmaceutiques dont «Pfizer», «Roche», «Eli lilly» et «Novartis».
Hicham A.