Mesdames, Messieurs, Membres de la famille de la presse,
Il m’est agréable, à l’occasion de la célébration, le 3 mai de la journée mondiale de la liberté de la presse, de m’adresser aux membres de la corporation, journalistes, éditeurs et cadres du secteur de l’information pour leur exprimer ma plus haute considération pour les acquis réalisés sur la voie de la consécration des principes de liberté, du droit à l’expression, à la différence et celui du consensus
au service du pays. Des acquis, obtenus pour la promotion des valeurs citoyennes au sein de la société et pour la préservation de l’exercice démocratique de toute activité parasitaire qui a souvent nui à l’action médiatique et à ses nobles valeurs.
Je salue également tous ceux qui activent dans le champ médiatique national pour les sacrifices consentis durant toutes les étapes que notre peuple a parcourues et pour les efforts continus qu’ils déploient, aujourd’hui, en vue de mettre en exergue les mutations que vit l’Algérie dans tous les domaines.
Ce sentiment émane de la profonde considération à l’égard du rôle de la presse écrite et audiovisuelle, celui d’accompagner le passage de la société à l’étape de l’après-terrorisme et pour l’importance de la fonction politique, sociale et culturelle des médias outre le rôle d’information qui est le leur.
Je saisis l’opportunité de la célébration de cette journée pour me recueillir à la mémoire des martyrs et des victimes de la profession qui ont sacrifié leur vie durant la révolution pour concrétiser l’idéal de liberté dans le pays. Je m’incline également à la mémoire de ceux qui ont payé de leur sang,
durant les années difficiles qu’a connues l’Algérie, convaincus qu’ils étaient du droit de dire haut et fort la parole libre et responsable, notamment lorsqu’il s’est agi de se dresser avec force, aux côtés de tous les citoyens honnêtes, contre le terrorisme et contre ceux qui appelaient à la discorde et prêchaient le mal.
Je rends hommage, à cette occasion, aux compétences algériennes parmi les journalistes se trouvant à l’étranger. Grande est ma fierté devant le travail qu’ils accomplissent, leur niveau de compétence et leurs capacités à s’imposer dans différents médias arabes et étrangers. Les voir contribuer à la promotion du système médiatique national que nous comptons doter d’outils de perfectionnement
et de développement dans un cadre empreint de flexibilité, de libre initiative et de professionnalisme, me procurera incontestablement davantage de fierté.
La véritable presse ne saurait évoluer à contre sens des mutations socio-politiques et culturelles de la société dont elle subit l’influence autant qu’elle influe notamment en tant que vecteur agissant dans la prise de conscience populaire. La presse ne doit pas se complaire dans le rôle d’intermédiaire
inerte ni accepter d’être un outil entre les mains de rentiers pour l’utiliser à des fins autres que celles servant la nation. Elle doit, au contraire, redoubler d’efforts pour permettre au pays d’aller vers davantage de progrès en vue d’atteindre les objectifs de paix, de sécurité et de développement durable.
La presse nationale doit s’intéresser de manière soutenue à toutes les questions nécessitant débat et suivi. Elle ne doit marquer aucune hésitation à combattre les fléaux sociaux que sont la complaisance, le clientélisme, le régionalisme, la bureaucratie et la corruption . Elle doit orienter son combat contre tous les maux susceptibles de propager la culture du désespoir et de la délinquance.
Notre pays a opté pour la voie du pluralisme politique et médiatique. Il a adopté une démarche qui permet la liberté de parole et d’initiative. Cette démarche engagée au prix de douleurs, de tragédies, de sérieuses menaces sur l’Etat et la société et qui a vu les institutions disloquées, la confiance
ébranlée, a cependant démontré l’attachement des Algériens et des Algériennes à leur droit à l’exercice démocratique et à la libre expression. La presse nationale, dans sa diversité, a constitué à cet égard l’outil influent par excellence.
Je voudrais saisir cette opportunité pour assurer la corporation que la liberté de la presse représente un socle solide dans notre projet démocratique et qu’elle aura tout notre respect et tout notre soutien. L’Etat s’emploiera à faciliter l’exercice et la promotion de la profession pour améliorer l’action des différents organes de presse écrite et audiovisuelle tant à travers la promulgation
de textes législatifs qui tiennent compte des évolutions induites par les nouvelles technologies de l’information et de la communication que par le développement de nouveaux procédés en matière de formation et d’amélioration des services.
J’ai pris l’engagement dans mon programme électoral présenté au peuple algérien et à la famille de la presse, de procéder à une révision de la loi sur l’information qui doit effectivement être adaptée aux nouvelles donnes, à la lumière des expériences vécues par l’Algérie, de manière à conforter la liberté de presse selon des critères professionnels et la logique du marché mais aussi pour répondre au besoin exprimé par la société d’une presse qui lui garantisse le droit de savoir et de communiquer.
Je ne manquerai pas de saisir cette opportunité pour appeler le gouvernement et les parties concernées à procéder à un examen approfondi des dispositions juridiques susceptibles de hisser la presse à un niveau de professionnalisme meilleur.
L’examen de la législation en matière d’information constituera sans nul doute, le prélude à une politique nationale de communication à même de garantir la cohésion et la flexibilité entre les différents secteurs vitaux de la société.
L’Algérie n’est pas en marge des mutations que connaît le monde aujourd’hui. Elle est par conséquent, appelée à être au diapason des nouvelles technologies et de la numérisation qui ont cessé d’être un choix pour devenir un impératif qui impose à notre pays de travailler dans le cadre d’une vision cohérente entre tous les secteurs, de passer des systèmes classiques à la modernisation, d’accéder au tout numérique et de combler le fossé existant à ce niveau. Ce sont là autant de facteurs désormais synonymes de modernité et d’adhésion à l’espace des sociétés de la connaissance.
Nous nous devons d’intensifier les initiatives sérieuses qui ont établi des plans futurs tels que le e-gouvernement. C’est pour moi une occasion d’appeler l’ensemble des investisseurs, des industriels et des chercheurs dans le domaine à s’adapter à ces nouvelles tendances indispensables.
Il n’est pas exagéré de dire que le grand défi qui se pose à la presse nationale ne réside pas seulement dans l’acquisition de nouvelles qualifications ou de techniques de pointe. Ce grand défi se pose également en termes d’ancrage de la culture de la déontologie. Il réside aussi dans l’objectivité à mettre dans le traitement de l’ensemble des questions pour garantir la nécessaire crédibilité et le professionnalisme à même d’assurer respect et continuité.
Je présente, à l’occasion de cette journée, à tous les membres de la famille de la presse et de l’information, aux journalistes et aux cadres du secteur de l’information mes vœux les meilleurs, souhaitant à tous les enfants de la patrie, à l’intérieur et à l’extérieur, succès et réussite afin de donner à l’Algérie la place qui est sienne.
Puisse Dieu guider nos pas et nous aider à réaliser le développement et le progrès de l’Algérie.
Abdelaziz Bouteflika, président algérien