Kaylia Nemour, la voix du choix : « Je ne reviendrai pas en équipe de France »

Redaction

Kaylia Nemour, la voix du choix Je ne reviendrai pas en équipe de France

Une nouvelle étoile de la gymnastique olympique

Le 4 août 2024 restera gravé dans l’histoire de la gymnastique mondiale et dans le cœur des Algériens. Ce jour-là, Kaylia Nemour, 17 ans, décroche l’or olympique aux JO de Paris 2024, remportant l’épreuve des barres asymétriques et propulsant l’Algérie sur la scène internationale de la gymnastique. Pour la jeune championne, cette médaille n’est pas seulement un triomphe personnel, mais un symbole puissant de sa détermination et de ses choix, notamment celui de défendre les couleurs de l’Algérie plutôt que celles de la France, pays où elle est née et où elle a grandi.

Une consécration, des émotions et une reconnaissance nationale

Les semaines qui ont suivi ce succès ont été intenses pour la gymnaste, désormais sous les projecteurs. Le 14 août, à Alger, elle est accueillie avec honneur par le président de la République Abdelmadjid Tebboune, qui la décore de l’Ordre national du mérite. Une reconnaissance qui vient couronner des années d’efforts et de sacrifices, mais qui marque également un tournant dans la vie de Kaylia Nemour, passée d’une athlète prometteuse à une icône nationale.

« Au début, c’était un petit peu bizarre, je n’étais pas trop habituée« , confie-t-elle dans un entretien accordé à France Bleu, le 9 septembre. « Le changement a été brutal, mais avec le temps, je commence à m’y faire », poursuit-elle, en évoquant cette nouvelle notoriété où selfies et autographes sont désormais son quotidien. Dans les rues d’Avoine, en Indre-et-Loire, où elle s’entraîne, les regards admiratifs et les demandes d’autographes se multiplient. « Maintenant, ça va mieux », avoue-t-elle, avec ce sourire timide qui cache une force intérieure impressionnante.

Objectifs à court et long terme : le regard tourné vers l’avenir

Le temps de la fête et des honneurs est désormais derrière elle. Après un mois de repos bien mérité, Kaylia Nemour a repris l’entraînement dans son club. Les championnats du monde en ligne de mire, ainsi que le championnat de France par équipes avec son club d’Avoine, elle est déjà concentrée sur ses futurs défis. Mais ce qui fait vibrer la jeune gymnaste, c’est une autre échéance : les JO de Los Angeles 2028.

« C’est sûr qu’en ayant vécu l’expérience des Jeux de Paris, j’ai envie de revivre ça« , confie-t-elle, des étoiles dans les yeux. « Mais cette fois-ci, je veux que ce soit encore plus fort », ajoute-t-elle, consciente des défis qui l’attendent. Son but ? Perfectionner ses performances non seulement aux barres asymétriques, mais aussi dans les autres disciplines. Kaylia est déterminée à corriger les erreurs commises lors des JO de Paris et à briller encore davantage sur la scène mondiale.

Le choix de l’Algérie : une décision ferme et irréversible

Derrière chaque victoire sportive se cache une histoire personnelle souvent méconnue du grand public. Pour Kaylia Nemour, son choix de représenter l’Algérie a été un tournant décisif, à la fois sur le plan sportif et personnel. Née en France et ayant évolué dans le système gymnique français, elle a longtemps rêvé de défendre les couleurs de l’équipe de France. Mais un conflit avec la fédération française de gymnastique a fait basculer ses plans. « C’est quelque chose que j’avais pensé faire, représenter la France. Mais les événements en ont décidé autrement », explique-t-elle.

Ce changement radical a suscité beaucoup de spéculations dans le milieu sportif. Certains imaginaient qu’elle pourrait un jour revenir sous le drapeau bleu-blanc-rouge. Mais aujourd’hui, Kaylia Nemour est claire : « Mon choix est fait, je ne reviendrai pas en équipe de France ». Une déclaration qui met fin aux rumeurs et renforce son engagement envers l’Algérie, le pays de ses racines.

« Je suis très contente d’avoir ramené cette médaille pour l’Algérie« , affirme-t-elle avec conviction. À 17 ans, Kaylia incarne plus qu’une championne olympique, elle est devenue un symbole de fierté pour tout un peuple.

Une gestion maladroite de la part de la fédération française

Si Kaylia Nemour est aujourd’hui épanouie sous les couleurs algériennes, son parcours n’a pas été sans heurts. Son entraîneur, qui a lui aussi accordé un entretien à France Bleu, revient sur cette transition délicate. « Ce n’était pas le plan initial », admet-il. « Mais il faut bien reconnaître que la situation a été très très mal gérée par la fédération française« , ajoute-t-il, sans détour.

Ce conflit avec la fédération a été l’élément déclencheur de son départ vers l’Algérie. Si cette décision a surpris, elle reflète aussi une volonté de la gymnaste de tourner la page et de se concentrer sur sa carrière, sans ressentiment. Pour Kaylia, il n’y a aucun regret : « Je suis heureuse de mon choix, et je ne regarde pas en arrière. »

La pression de la notoriété : un fardeau ou une force ?

La question de la notoriété pèse sur de nombreux jeunes sportifs, et Kaylia Nemour n’échappe pas à cette réalité. À seulement 17 ans, la gymnaste doit déjà composer avec la pression médiatique et les attentes d’un pays tout entier. L’enjeu est de taille : continuer à performer tout en gérant cette nouvelle vie sous les projecteurs.

« Ce n’est pas toujours facile », reconnaît-elle. « Mais je me concentre sur ce que je fais de mieux : la gymnastique ». Son entraîneur partage ce sentiment, soulignant qu’il veille à protéger Kaylia des distractions extérieures. « Nous voulons qu’elle reste elle-même. La pression est immense, mais elle doit continuer à se concentrer sur son travail, c’est ce qui la mènera loin. »

Une gymnaste pas comme les autres

Au-delà de ses compétences techniques et de sa précision aux barres asymétriques, c’est l’attitude de Kaylia qui impressionne le plus ses proches. Humilité, travail acharné et résilience sont les mots qui reviennent sans cesse lorsqu’on parle d’elle. « Elle sait d’où elle vient et où elle va », confie son entraîneur.

Kaylia Nemour n’est pas seulement une athlète d’exception, elle est aussi le reflet d’une génération de jeunes sportifs pour qui la quête de performance est indissociable de celle du sens. Choisir de représenter l’Algérie, pour elle, n’était pas un geste de rébellion, mais une affirmation de son identité et de ses valeurs. Un choix qui, en dépit des obstacles, lui a permis d’atteindre les plus hautes marches du podium olympique.

Vers un futur prometteur

Avec son regard tourné vers Los Angeles 2028, Kaylia Nemour est résolument ancrée dans l’avenir. Elle sait que le chemin vers un deuxième sacre olympique sera semé d’embûches, mais elle a déjà prouvé qu’elle est capable de surmonter les défis. Sa détermination, son talent et sa capacité à rester concentrée en font une athlète redoutable.

En attendant, Kaylia Nemour va continuer à s’entraîner, à repousser ses limites, et à inspirer des milliers de jeunes Algériens et Algériennes qui voient en elle un exemple de persévérance et de réussite. « Mon objectif est simple : continuer à progresser, m’améliorer et ramener encore plus de médailles pour l’Algérie. »

Une héroïne au-delà des frontières

L’histoire de Kaylia Nemour est celle d’une jeune fille talentueuse, confrontée à des choix difficiles, mais qui a su faire preuve de maturité et de clairvoyance. En choisissant de représenter l’Algérie, elle a non seulement conquis le cœur de millions de supporters, mais elle a aussi tracé une voie unique, celle de la fidélité à ses convictions.

Avec un avenir encore riche de promesses, Kaylia Nemour incarne aujourd’hui la jeunesse algérienne ambitieuse, prête à briller sur la scène internationale. Une chose est sûre, cette championne n’a pas fini de faire parler d’elle.