Les libertés de réunion et de manifestations sont de plus en plus en régression en Algérie. C’est ce qui ressort, en substance, du dernier rapport du réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme. Ce rapport régional intitulé «La liberté de réunion : l’opposition bâillonnée dans la région euro-méditerranéenne » accable l’Algérie sur certains points relatifs aux libertés publiques.
«Il y a une contradiction totale entre ce que disent les lois algériennes et leur application sur le terrain. La liberté de réunion et de rassemblement est consacrée par la constitution algérienne, mais elle est sévèrement réprimée sur le terrain. On le voit tous les jours dans les manifestations organisées un peu partout à l’échelle nationale », déclare Nassera Dutour, membre de l’association non encore reconnue par le pouvoir algérien, SOS Disparus, et vice-présidente du réseau euro-méditerranéen, lors d’une conférence de presse tenu ce matin à Alger. « Dans la nouvelle loi algérienne sur les association, il est beaucoup plus facile de dissoudre des associations que d’en créer », a-t-elle indiqué, ajoutnt que «cette nouvelle loi consacre la régression des liberté publiques en Algérie.»
De son coté, Maître Aissa Rahoume, vice-président de la LADDH et membre d’un groupe de travail du réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH), a estimé que la situation des libertés en Algérie est dans un marasme total. «La levée de l’état d’urgence par le pouvoir algérien n’a rien changé sur les pratiques de répression des marches et de l’exercice des libertés publiques» a-t-il dit, en précisant que cette levée de l’état d’urgence était purement formelle. Sinon, dans les faits, rien n’a changé. Maitre Rahmoune illustre ses propos par des faits, telles que la répression aveugle des marcheurs pacifiques à Tizi Ouzou, le 20 avril 2014, l’interpellation puis le jugement à la prison ferme des citoyens de Laghouat, suite à un rassemblement pacifique devant le tribunal de la même ville, la répression sanglantes des manifestants anti-gaz de schiste à In Salah, l’interdiction et répression de toute marche ou rassemblement à Alger et maints autres cas encore. Cela alors que l’Algérien a signé et ratifié des conventions internationales consacrant ces libertés publiques.
«Les jeunes algériens qui manifestent un peu partout au niveau national sont des gens qui veulent voir le pays se développer et devenir meilleur. Ce ne sont pas des jeunes qui veulent vendre leur pays. Le pays est vendu au Sud», a-t-il déclaré, en faisant allusion aux multinationales qui exploitent les richesses naturelles de l’Algérie.
Les deux conférenciers ont précisé que ce rapport a été présenté devant le parlement européen et sera largement diffusé en Algérie. «Il sera même présenté aux autorités algériennes, en cas où ils ne savent pas ce qui se passe dans le pays », a ironisé l’infatigable militante, Nassera Dutour.
Arezki Ibersiene