Drame, histoire, guerre, amour… Les films algériens défilent sur le tapis rouge à la 66e édition du Festival de Cannes qui se tiendra jusqu’au 26 mai. El Watan Week-end s’est installé au cœur de la Croisette la plus glam’.
Sous la pluie. La montée des marches au Palais des festivals, à Cannes, s’est faite, mercredi soir, sous les averses du printemps. Les curieux, qui avaient attendu des heures la cérémonie d’ouverture pour prendre une photo et voir monter les stars, étaient bien déçus. Il fallait vite se protéger. Les revendeurs de parapluies étaient là pour offrir leurs services. Durant la journée, des dames quémandaient les précieuses invitations pour assister à la fameuse soirée devant le hall consacré aux accréditations. Peine perdue.
Les invitations que les journalistes et professionnels accrédités peuvent obtenir par inscription électroniques étaient épuisées pour les deux premiers jours du Festival ! A Cannes, il faut se lever tôt pour avoir les invitations, surtout pour les films en compétition officielle (les réservations débutent à 7h). Audrey Tautou était la maîtresse de cérémonie. Habitués du festival, Leonardo Di Caprio et son compatriote Steven Spielberg, président du jury longs métrages, étaient les vedettes de la soirée. Cannes a besoin de têtes d’affiche.
Pendant plus de deux minutes, le public a fortement applaudi le réalisateur de E. T. Leonardo Di Caprio était venu pour la projection en hors compétition de The great Gatsby (Gatsby le magnifique) de Baz Luhrmann, qui a coécrit le scénario du film avec Craig Pearce à partir du célèbre roman de Scott Fitzgerald. Baz Luhrmann (réalisateur notamment de Roméo et Juliette) a été «happé», comme il l’a lui-même reconnu, par ce roman lors d’un voyage de nuit dans un train en Sibérie ! «Lorsqu’on avait quinze ans aux Etats-Unis, on lisait Gatsby le magnifique pour voir la décadence, l’alcoolisme et la romance de ces années-là», a expliqué le scénariste Craig Pearce lors de la conférence de presse qui a précédé la projection en présence de l’équipe du film au complet.
Leonardo Di Caprio a, lui, qualifié le livre de Scott Fitzgerald de «chemin sans fin». «Un livre au centre de toutes les lectures», a-t-il affirmé. Ecrit en 1925, ce roman a été adapté quatre fois à l’écran, le premier à l’avoir fait était Herbert Brenon. Craig Pearce n’a pas manqué de rappeler que Scott Fitzgerald avait prévu la crise financière de 1926. Côté retombées économiques, la dentelle française est bien servie par ce film où les costumes féminins sont forts présents, témoins d’une époque où tous les excès étaient permis, à commencer par les mondanités ruineuses ! Une entreprise française a décroché un marché de rêve grâce à Gatsby le magnifique.
«From Algiers to Cannes»
Au village international, sur la Croisette, en face de la Méditerranée et à quelques pas du Palais des festivals, le drapeau algérien flotte à côté de ceux de la Tunisie, de la Géorgie, du Maroc, de l’Inde, du Qatar et des Pays-Bas. Pour la deuxième année consécutive, l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) anime le pavillon Algérie au Festival de Cannes. Le slogan de cette année est : «From Algiers to Cannes» (D’Alger à Cannes). «Nous voulons maintenir la communication avec les professionnels du cinéma et dire que l’Algérie est présente. Nous avons invité des réalisateurs et des producteurs algériens pour présenter leurs œuvres entre longs et courts métrages ainsi que des documentaires. Des productions réalisées à travers le FDATIC (Fonds de soutien du ministère de la Culture) ou à travers le Centre national cinématographique dans le cadre de la célébration du cinquantième anniversaire de l’indépendance du pays», a précisé Nabila Rezaïg, responsable du département cinéma à l’AARC.
L’agence présente cette année ses différentes coproductions, déjà exécutées ou en cours de réalisation. Il s’agit, par exemple, du long métrage de Belkacem Hadjadj, Le brunous embrasé, consacrée à la vie de Fadhma n’Soumer, celle qui avait dirigé la résistance contre les forces d’occupation françaises entre 1854 et 1857. Ce film est en cours de tournage. Autant qu’El Wahrani de Lyès Salem. Un drame sur fond de guerre, l’histoire de deux destins, ceux de Mourad et Djaffar qui se croisent et se recroisent, deux amis qui se lancent dans le combat libérateur durant les années 1950, quelque part en Algérie. Aux Etats-Unis, Rachid Bouchareb est revenu pour tourner un autre film, Enemy way (la route de l’ennemi), une coproduction algéro-franco-belge. Ce film sera marqué par la présence du comédien américain de renom, Forest Whitaker. En 2012, Rachid Bouchareb a tourné en terres américaines le téléfilm, Just like a woman avec Sienna Miller, Roschdy Zem et Chafia Boudraâ.
«Certifié halal» !
Mahmoud Zemouri, de son côté, va bientôt revenir aussi avec une comédie, Certifié halal. Réalisateur de deux comédies décapantes, Les folles années du twist et de Hollywood à Tamanrasset, Mahmoud Zemouri reste fidèle à l’expression ironique. Certifié Halal suit les aventures de deux mariées qui se retrouvent dans de drôles de situations après une immense confusion lors de la cérémonie de noces. Ce film est en postproduction. Il en est de même pour Histoire sans ailes, de Amar Tribèche, un drame social autour d’une famille qui couve des secrets et des déceptions. Rabie Benmokhtar achève, lui aussi, la postproduction de D’un conte à l’autre, une fiction inspirée du patrimoine oral algérien.
Dans un autre style, Mission, un film policier de Omar Chouchane, sera bientôt achevé, prêt à la présentation au public. Omar Chouchane, qui a coécrit le scénario avec Abdelmadjid Bouagar, suit à la trace deux inspecteurs de police, comme dans une série américaine, Salim et Mourad, aux prises à des crimes urbains, fatalement soutenus par les pouvoirs de l’argent et d’influence. Ce film fera découvrir de nouveaux visages du grand écran comme Mustapha Azzana, Sofiane Dahmani, Ahcène Azzani et Ahmed Ben Adjal. Au chapitre nouveautés, il faut retenir aussi la sortie prochaine de Mista, un drame de Kamel Laïche, retraçant le vécu de gens simples qui tentent de trouver couleur à leur existence. Nabila Rezaïg a rappelé les deux récentes avant-premières faites à Alger avant le Festival de Cannes, Le menteur, de Ali Mouzaoui et L’héroïne, de Chérif Aggoun, qui est présent à Cannes avec sa comédienne Samia Meziane.
Une journée sera consacrée au film d’animation algérien. Djillali Beskri viendra parler du projet Papa Nzenu conte l’Afrique. Ce film de plusieurs épisodes, d’une durée globale de 80 minutes, a été coréalisé avec, entre autres, Hector Sonnon du Bénin, Mandoza de Côte d’Ivoire et Samba Cissé du Sénégal. «En 2012, grâce à ce pavillon Algérie, nous avons élaboré notre programme de l’année après des contacts noués avec des responsables d’autres festivals tels que Doha, Abu Dhabi et Carthage. Des gens sont venus nous voir pour savoir comment avoir des films algériens dans leurs festivals. J’espère que cette année, nous allons organiser d’autres événements autour du cinéma algérien», a indiqué Nabila Rezaïg.
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