Décidément, Louisa Hanoune ne cessera pas d’étonner les Algériens. A l’occasion du 1er Mai, la secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT), n’a pas trouvé mieux que d’encenser le programme du gouvernement et de louer les «acquis des travailleurs en Algérie». Au cours de sa visite à Touggourt, dans la wilaya de Ouargla, Louisa Hanoune a souhaité une joyeuse fête aux travailleurs Algériens en déformant la réalité sociale et en occultant les misères des ouvriers en Algérie ! Venant de la part d’une syndicaliste et militante de la cause des travailleurs, une telle démarche n’a pas manqué de choquer la classe ouvrière. Et pour cause, selon Louisa Hanoune, les autorités en Algérie ont procédé à «l’amélioration du pouvoir d’achat des travailleurs et de leurs conditions de vie ainsi que celles des retraités» !
Un tel diagnostic ne saurait relever que du délire politique car une simple vérification sur le terrain social, déserté depuis longtemps par l’icône du PT, démontrera que les travailleurs Algériens n’ont jamais été autant clochardisés qu’aujourd’hui. Pis encore, la cherté de la vie et la flambée vertigineuse des prix a plongé définitivement dans le désarroi et la précarité des millions de travailleurs Algériens. Mais cette réalité triste et affligeante, Louisa Hanoune semble vouloir à tout prêt l’occulter pour ne pas déranger ses maîtres au Palais d’El Mouradia ! Sinon comment expliquer les louanges prodiguées par la secrétaire générale du PT au soutien accordé par l’Etat à des entreprises publiques en difficultés.
En cette fête internationale des travailleurs, Louisa Hanoune n’a donc adressé aucun mot à ces milliers de travailleurs qui n’ont pas perçu depuis des mois leurs salaires dans des entreprises publiques en liquidation, naguère de véritables fleurons de l’économie nationale, ou bradées au bénéfice de repreneurs privés mafieux en connivence avec les puissants clans du régime. Louisa Hanoune ne s’est même pas solidarisée avec les pétroliers du sud qui ont renoué avec la protestation pour réclamer un salaire et des conditions de vie digne.
Louisa Hanoune n’a, d’ailleurs, eu aucune pensée à ces multiples corporations de travailleurs qui luttent depuis des mois, si ce n’est pas des années, contre les injustices sociales et les violations criantes du code de travail. Et pourtant Dieu seul sait combien sont terribles, au quotidien, en Algérie les poursuites judiciaires et le harcèlement des services de sécurité contre des syndicalistes engagés et dévoués à la justice sociale. Face à ce tableau sombre pour la condition ouvrière, Louisa Hanoune a dessiné sa propre toile. Celle d’une Algérie où il n’y a que les puissants qui comptent. Celle, aussi, d’une Algérie où le Parti des Travailleurs est réduit à encenser les soi-disant «acquis sociaux» réalisés par des autorités politiques illégitimes et contestées par la population…
Anouar Malik
