Mi-avril, le président de la République s’adressait à la Nation dans un discours télévisé pour annoncer des réformes politiques. Il lançait dans la foulée des consultations politiques avec les partis politiques et des personnalités nationales. Dirigées par le président du Sénat, ces consultations devaient servir de base au processus de réforme annoncé.
Quelques mois après, rien n’a changé et presque aucune des propositions émises lors des consultations n’a été prise en considération. Pourquoi ? Parce que les députés en auront voulu ainsi. Le vote par l’APN du code électoral en est la preuve irréfutable.
Deux mesures phares qui devaient amorcer le début d’une nouvelle ère politique en Algérie ont sauté sous la pression de deux partis, le FLN et le RND, pourtant âpres défenseurs de la politique du Chef de l’Etat.
La première disposition prévoyait de déchoir de son mandat tout élu qui change de parti politique en cours de mandat. C’est ce qu’on appelle vulgairement le «nomadisme politique», une pratique exclusivement algérienne. La deuxième exigeait des ministres candidats à la députation de quitter leurs fonctions trois mois avant la date du scrutin. Le code électoral ainsi adopté ne représente aucune nouveauté ni réforme qui mérite d’être soulignée.
Par contre, la démarche du FLN et du RND impose, elle, plusieurs interrogations. L’opposition de ces deux formations politiques aux vœux du Président est, en effet, assez rare pour être signalée. L’autre parti de l’Alliance présidentielle, ceux qui, en principe, devraient défendre les mesures décidées par Bouteflika, le MSP de Soltani a préféré jouer la seule tactique qu’il maitrise, c’est-à-dire une «neutralité» complice en optant pour l’abstention lors du vote. Ceci donne un avant-goût sur le devenir des réformes politiques annoncées en grandes pompes.
Bouteflika peut dissoudre les deux Chambres
On sait déjà qu’il est pratiquement impossible, dans l’état normal des choses, que des partis politiques presque aliénés durant deux mandats puissent s’opposer aux directives de Bouteflika sans y avoir l’autorisation préalable.
Dans le cas contraire, ceci voudra dire que le Président est dans une position de faiblesse politique. Ceci voudra dire aussi que le Chef de l’Etat devra jouer la carte du Sénat pour faire passer ses réformes.
Si le code électoral est ainsi adopté sans changement après sa relecture, Bouteflika pourra brandir la menace d’une dissolution des deux chambres et la tenue de législatives anticipées.
Si rien de cela ne se passe, il s’avérera dès lors que le discours d’avril n’était, en réalité, qu’une prolongation politique.
En tout état de cause, les réformes politiques tant promises et tant attendues ne peuvent aboutir avec les institutions en place.
Hicham A.