« Une meilleure allocation des ressources et efficacité de la dépense publique permettraient d’augmenter de deux à trois points le taux de croissance en Algérie qui stagne entre 2007/2009 à moins de 3%.malgré d’importantes dépenses. La création de trois millions d’emplois nécessite un taux de croissance entre 2009/2014 d’au moins 6% par an »
Le rapport en date du 22 avril 2009, outre qu’il révise à la baisse la croissance de l’économie mondiale qui ne devrait retrouver son niveau antérieur à la crise que dans trois à quatre années entre 0 et 1% en 2010, calculant le taux de croissance par rapport à l’année antérieure 2009 qui est négative, donc pas avant 20013/2014 (c’est comme un corps gravement malade,la convalescence prend du temps), et ce sous réserve que les thérapeutiques s’avèrent efficaces, influant sur la demande d’hydrocarbures, dont les recettes en devises sont de 98%, est inquiétant pour l’Algérie pour trois raisons fondamentales :
1- Première raison, la croissance de la population active, c’est-à-dire que le flux annuel de demandes d’emplois (environ 400.000/an minimisant la demande féminine, qui s’ajoute au stock de chômage officiel actuel estimé à 12% déjà important, plus de 20% selon certains organismes internationaux ) implique un taux de croissance selon l’avis unanime des organismes internationaux entre 7/8% sur plusieurs années cumulées ,taux d’ailleurs confirmé officiellement à maintes reprises par le gouvernement algérien. La production et les exportations hors hydrocarbures y compris les services marchands, liées à l’approfondissement de la réforme globale sont la condition sine qua non pour la création d’emplois durables existant d’ailleurs un sureffectif au niveau des administrations et de certaines sphères économiques étatiques en comparaison avec des pays semblables, la sphère informelle et la solidarité famille jouant le rôle de soupape de stabilité sociale.
2- Deuxième raison, le taux de croissance de 2,1% en 2009 et 3%en 2010,selon le FMI pour l’Algérie ( le taux de croissance hors hydrocarbures étant lui même tiré à plus de 80% par la dépense publique via les hydrocarbures),est extrêmement faible comparé à la dépense publique qui sera clôturé selon mes informations entre 2004/2009 à plus de 200 milliards de dollars avec des surcoûts estimés à environ de 20% ( mauvaise gestion , coûts et souvent mauvaise qualité par rapport aux normes internationales ) ce qui est énorme. Comparé aux dépenses sur la population, des pays similaires en voie de développant dépensant le 1/3 de l’Algérie ont des taux de croissance plus importants. Ces dépenses ont été rendues possible essentiellement grâce aux recettes exceptionnelles des hydrocarbures entre 2007/2008 dont le cours moyen pour 2007 a été de 75/77 dollars et 100/110 dollars pour 2008. Qu’en sera-t-il si le cours stagnent à 50/55 dollars ou encore moins entre 40/45 dollars, cela rendrait non rentables certains projets gaziers et pétrochimiques hautement capitalistiques alors que dans d’autres pays, elles traversent une crise de demande bien que déjà amorties.
3- Il existe des lois économiques universelles applicables à tous les pays : le taux d’emploi dépend du taux de croissance et des structures des taux de productivité.
Il s’ensuit qu’avec un taux de croissance de moins de 3% 2007/ 2008, de 2,1% en 2009 de 3% en 2010, ces taux se rapprochent du taux de croissance de la population active. Si l’Algérie avec ce taux de croissance , évitera les licenciements massifs entre 2009/2010, comme cela se passe à travers le monde, sous réserve de l’injection de la dépense publique via les recettes hydrocarbures comme par le passé. Or, Sonatrach ne créant pas d’emploi est déjà en sureffectifs, absorbant pour ses nouveaux investissements entre 2009/2013, à un cours de 50/60 dollars avec Sonelgaz 50% de ses recettes et plus de 60% pour un cours entre 40/50 dollars. Entre 2009/2010 si l’on s’en tient au rapport du FMI, il y aura impossibilité de faire baisser le taux de chômage actuel dont une grande fraction est constituée d’emplois précaires.
Je parle de la création d‘emplois à valeur ajoutée additionnelle ( non des emplois rentes qui ne créent pas de valeur) . Pour créer trois millions d’emplois,il faut un taux de croissance entre 2009/2014 de 6/7% minimum par an. Avec les taux de croissance 2/3%, l’on pourrait créer moins de 50% du programme à moins que le gouvernement ait des solutions innovatrices loin des actions de distribution de salaires fictifs au nom de la solidarité ou des milliers de jeunes s’adonnent temporairement à désherber les routes ou à faire et refaire des trottoirs.
Il y a donc risque de tensions sociales croissantes en cas d’amenuisement des ressources financières, les dépenses 2008/2009 étant à hauteur de 78 dollars le baril selon le FMI ,ne posant pas de problèmes pour deux années 2009/2010 (mais que sont 140 milliards de dollars de réserves de change ,une goutte dans l’océan des bulles financières mondiales dont les pertes en sous capitalisation sont estimées depuis la crise à plus de 52.000 milliards de dollars fin février 2009, et ce n’est que provisoire) du fait que les tensions budgétaires devaient se manifester, si le cours du pétrole est entre 55/60dollars courant 2012, et pour un cours entre 40/45 dollars fi 2010 début 2011. Avec en plus le risque d’un retour à l’inflation, principalement due à l’inefficacité de la dépense publique, vecteur de concentration des revenus au profit de couches spéculatives ) qui ne peut qu’entraîner une détérioration plus poussée du pouvoir d’achat des Algériens et impliquant la hausse des taux d’intérêts des banques primaires, si elles veulent éviter la faillite, ce qui découragerait l’investissement productif ( 4,7% en 2008, 6,1%au premier trimestre 2009 selon l’officiel mais en réalité beaucoup plus, le besoin étant daté ) impliquant une révision du calcul des indices de l’ONS.
En résumé, la crise est donc là et risque de toucher à terme l’Algérie qui n’est pas une île déserte, non pas par le biais du système financier sclérosé et déconnecté de l’économie mondiale, et il ne faut pas s’en réjouir , mais indirectement. Aussi la période 2009/2014 sera aune période de gestion de la crise dont la faiblesse du taux de croissance, malgré des dépenses monétaires sans précédents n’est que le reflet d’un blocage systémique. Mais cette crise peut être une occasion d’encourager un consensus national en faveur de réformes, dont l’Algérie a cruellement besoin, si l’on veut éviter à terme une dérive sociale et politique liant instauration de l’économie de marché concurrentielle loin de tout monopole qu’il soit public ou privé , justice sociale , Etat de droit par la réforme des institutions et une lutte contre la corruption qui s’est socialisée (bonne gouvernance) , la garantie des libertés, la valorisation du savoir pilier du développement du XXIème siècle et la démocratie participative par une réelle décentralisation, cette dernière étant le but suprême.
Dr Abderrahmane MEBTOUL