Une journaliste a été licenciée par son employeur pour avoir dit la vérité sur sa condition professionnelle -et celle de tous ses confrères et consoeurs algériens.
C’est grave? Oui. Mais ce n’est pas si nouveau et inhabituel que ça, car d’autres journalistes ont été licenciés pour moins que ça. On connaît tous des journalistes licenciés à cause de leurs points de vue. Ou à cause de la couleur de leurs slips. On connaît tous des journalistes payés 8.000 dinars par mois alors que leurs éditeurs touchent des milliards en bons ANEP.
On sait très bien aussi, qu’à cause d’un environnement hostile à tout point de vue, l’espérance de vie d’un journaliste algérien est inférieure à celle des soldats américains engagés au Vietnam. Qu’est ce qu’on a fait pour y remédier? Rien. Quelques manifestations sporadiques, souvent éphémères, pour parler de tout ce qui nous sépare et s’apercevoir, encore plus, qu’entre journalistes algériens, on n’est pas fait pour s’entendre, bien qu’on soit d’accord. Faut-il pour autant ne rien faire? Non. Car mieux vaut se rassembler pour s’engueuler que se séparer par consensus. On parle du cas de cette journaliste, licenciée abusivement.
On parle aussi des problèmes de logements, de précarité, de pression, de conditions de travail inhumaines et on n’ose même plus parler de censure et de papiers télécommandés tellement on court désespérément derrière notre déclaration à la CNAS. Mais est-ce bien ça le problème ? Nos revendications sont-elles bien placées, même si elles sont tout à fait légitimes? Non. Parce que tous ces problèmes et ces malaises ne sont, en réalité, que la manifestation naturelle d’une ineptie bien à l’algérienne. Celle qui veut qu’un vulgaire mini-entrepreneur puisse prétendre à créer son journal après avoir refait les trottoirs d’un bidonville.
Celle qui permet à des serveurs de cafés de devenir Directeurs de Publication et qui nivelle par le bas toutes volontés de bien faire. Celle qui transforme notre paysage médiatique en un horrible champ de photocopieuses et le scinde en des éditeurs qui font du journalisme (ils sont 2 à ma connaissance) et d’autres qui font de l’ANEPisme.
Alors oui aux rassemblements et aux revendications. Oui à la solidarité et à la mobilisation. Oui à l’engagement et à la dénonciation. Mais si on veut vraiment que ce problème soit réglé définitivement, ne demandons pas de logements, ni de bons salaires, encore moins de dépénalisation du délit de presse. Exigeons qu’une aventure journalistique ne doit être menée que par des gens du métiers.
Car au fond, qui mieux qu’un journaliste, connaît la valeur d’un journaliste?
Nassim Brahimi