Le prosélytisme iranien, le père spolié et les journalistes coupables : L’entretien décalé du PDG d’Air Algérie

Redaction

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Iran, Maroc, délit de presse : le PDG d’Air Algérie ne mâche pas ses mots. C’est un Wahid Bouabdallah décontracté (un peu trop ?) qui s’est confié à nos confrères de TSA dans un entretien pas ordinaire dans lequel il s’est livré à un exercice désastreux de politique étrangère ; un domaine où il ne faut surtout pas s’aventurer quand on sait l’obsession qu’en fait Bouteflika. D’autres responsables ont eu à le vérifier à leurs dépens.

Répondant à une question pourtant simple, sur le projet d’ouverture d’une ligne aérienne reliant Alger à Téhéran, le PDG d’Air Algérie ne fait pas dans la délicatesse : «Pour la ligne Alger-Téhéran, il y a un danger de prosélytisme religieux avec ce pays. Certes, il y a une demande de la part des Algériens pour visiter l’Iran qui est un grand pays touristique. Mais je ne veux pas que nos avions servent de supports au prosélytisme religieux», répond-t-il crûment.

Par sa réponse et grave accusation, le patron du pavillon national ne fait pas que violer son devoir de réserve. M. Bouabdallah piétine gravement le terrain bien gardé de la diplomatie algérienne, qui souffre déjà assez comme ça sur le front libyen et porte de graves accusations à un pays considéré comme «ami» et qui tient cher à Bouteflika.

Écart de langage ? Le PDG ne nous a pas habitués à s’immiscer dans de pareille polémique.

Un peu plus loin, M. Bouabdallah commet une autre bourde en interférant sur les questions internationales de l’Algérie et en contredisant même le discours officiel : «Pour la réouverture de la frontière terrestre avec le Maroc, je pense qu’il faut régler tout le contentieux algéro-marocain qui passe par la résolution de tous les problèmes crées aux Algériens au Maroc et aux Marocains en Algérie. Mon père a été spolié par les Marocains de 5.500 hectares de terres, sans aucune indemnisation. Il serait anormal de rouvrir la frontière sans régler le contentieux. On demande le respect du Traité d’Ifrane, indemniser les gens de part et d’autre, après la réouverture des frontières est un détail », lâche-t-il.

Le cas du père du PDG d’Air Algérie étant regrettable, il ne demeure pas moins que la fermeture des frontières algéro-marocaines répond à bien d’autres considérations bien plus compliquées que ce qu’avancent M. Bouabdallah.

Ce dernier n’aura pas fini d’étonner par sa sortie sur TSA. Appelé à répondre sur les prétendues déboires de la compagnie nationale sur le Vieux-Continent, le patron d’Air Algérie n’y va pas par quatre chemin : « Je suis contre l’emprisonnement des journalistes, mais la diffamation doit être sanctionnée sévèrement. Air Algérie a été diffamée. Les informations infondées faisant état du blocage de nos avions et l’interdiction de survols de l’Europe nous ont causé d’importantes pertes. On a eu des inspections européennes à cause des articles de la presse algérienne. Aucun avion n’a été bloqué et nous n’avons aucun problème avec l’Union européenne. Cela nous a coûté une année de perturbations et des millions de dollars. Les gens commençaient à avoir peur, ne nous faisaient pas confiance alors que les informations étaient fausses et infondées. Mais les inspections européennes ont augmenté de 300 % à cause de ces informations. Quand on se plaignait, ils nous sortaient le journal algérien. Je suis contre la prison, le journaliste cherche la prison ferme. Des journaux dont les patrons avec qui j’entretenais des relations très amicales se sont fait manipuler. Je ne veux pas qu’un journaliste aille en prison, c’est un cas extrême. Mais quand vous lui touchez la poche, il fera attention ».

Ali B.