L’euro a une meilleure valeur au marché noir c’est bien connu mais pour quelles raisons? Les autorités algériennes expliquent enfin pourquoi un euro se vend jusqu’à 150 dinars sur le marché parallèle alors qu’en banque il ne vaut que 100 dinars.
La fuite des capitaux vers l’étranger, est l’une des raisons principales de l’envolée impressionnante de la valeur de l’euro sur le marché noir selon la Banque centrale d’Algérie. 140, 150 dinars, c’est le prix d’achat moyen d’un euro que l’on trouve actuellement sur le marché parallèle. «De nombreuses fortunes se sont constituées en Algérie. Comme la réglementation ne permet pas de convertir les dinars pour aller acheter à l’étranger des biens immobiliers ou des actifs (…), les opérateurs font appel au marché parallèle pour acquérir ces actifs », a expliqué lundi sur la chaîne III de la radio publique, Djamel Benbelkacem, un conseiller du gouverneur de la Banque d’Algérie. La législation algérienne enrichit donc elle-même le marché parallèle des devises.
Fuites des capitaux multiples
Le secteur informel aura donc profiter de cette faille dans la législation pour s’enrichir, et aura permis à de nombreux Algériens de faire circuler des capitaux de manière discrète. Sur ce point Djamel Benbelkacem ne s’est pas montré prolixe, n’indiquant aucune donnée officielle. Cette fuite des capitaux est pratiquée principalement par les nouveaux riches algériens qui ont transformé leur argent issu du secteur informel en véritable fortune.
La fuite des capitaux passe par différents canaux. L’investissement des Algériens dans l’immobilier espagnol est la dernière tendance. Ils sont nombreux à profiter de la crise espagnole pour acquérir des biens, avec de l’argent qu’ils changent directement au marché noir. L’entreprenariat algérien opte également de plus en plus pour la solution de l’étranger afin d’éviter les tracasseries liées à l’administration algérienne, qui freine considérablement leur activité.
L’informel est également attractif pour les importateurs algériens qui préfèrent acheter leurs devises au noir et payer directement en espèces leurs achats de produits, notamment en provenance de Chine. Ces mêmes importateurs, profitent de ce système bancal pour dissimuler au fisc une partie de leur chiffre d’affaires, en présentant de fausses déclarations à la douane. Ces pratiques se sont intensifiées avec l’obligation imposée aux importateurs de payer les importations par lettre de crédit.
La justification donnée par la Banque d’Algérie est un secret de polichinelle, depuis des années le dinar ne cesse de perdre de la valeur, car le problème est reconnu mais plutôt que de le résoudre, chaque autorité se renvoit la balle. «La Banque d’Algérie effectue le contrôle des opérations qui passent par le canal bancaire, mais ce n’est pas son rôle de faire le gendarme. C’est aux autorités publiques d’appliquer précisément la législation pénale concernant la réglementation des changes», a précisé le conseiller de la Banque d’Algérie.
AB