Les Algériennes et les Algériens se réapproprient le drapeau national

Redaction

drJamais de mémoire depuis l’indépendance politique une fièvre de liesse populaire en faveur du drapeau national n’a eu lieu comme en ces journées à la veille du match de foot baal Algérie Egypte, de l’Est à l’Ouest en passant du centre au Sud. Des immeubles, des maisons, des voitures, bus et camions décorés de drapeaux. Qu’elles sont belles ces petites filles et qu’ils sont beaux ces petits garçons, innocents et sans calculs monétaires, habillés du drapeau Algérie. Jamais, même pendant les fêtes de l’indépendance et cela a été constaté le dernier 01 novembre 2009, fête passée presque inaperçu auprès de la population, on n’a vu cela. L’Algérie se trouve réconcilier avec elle-même, grâce à cette jeunesse dynamique bien plus importante que toutes les ressources en hydrocarbures. Cette jeunesse qui renoue avec celle de 1962 (le même age bien que l’Algérie soit indépendante depuis plus de 47 ans) qui avait fêté l’indépendance nationale en brandissant avec fierté également le drapeau Algérie. L’équipe nationale réconcilie également l’Algérie avec sa communauté émigrée puisque plus de 80% est constituée d’émigrés montrant à la fois l’échec de la politique sportive nationale et qu ’un Algérien sportif, intellectuel, ou opérateurs économiques , évoluant dans un autre environnement , loin des tracasseries bureaucratiques s’épanouit.

Cette mobilisation citoyenne est donc spontanée sans pareille et que ni les déclarations des autorités , ni les injonctions administratives du Ministre de l’éducation nationale ou celui du Ministre de la solidarité n’avaient permises , démontrant malheureusement un divorce croissant Etat- citoyens que les autorités devraient méditer avec une extrême attention au lieu de se contenter d’une distribution passive de la rente des hydrocarbures, pour une paix sociale éphémère,car ne relevant pas d’une bonne politique socio- économique hors rente, ni d’une bonne gouvernance, partage de surcroît inégalitaire comme en témoigne les enrichissements sans efforts et la course aux rentes : voyez la course déplorable récente au poste de sénateurs d’une minorité de rentiers coupée de la population .

Je n’oublierai pas cette scène du 11 novembre 2009 où 10 jeunes filles et garçons âgés de 15 à 20 ans sont venus me voir en déclarant je les cite « monsieur Mebtoul , nous sommes des jeunes sans argent et nous sommes venus pour vous demander de nous aider à cotiser pour l’achat de drapeaux. Vous devez nous aider si vous êtes nationalistes. Nous nous adressons à des citoyens bénévoles. Nous ne voulons pas nous adresser aux Partis et aux organisations gouvernementales ». Et oui qui a dit que les Algériens n’aimaient pas leurs pays puisque la leçon vient de jeunes qui donnent des leçons aux adultes. Or, la leçon que l’on peut tirer de ces déclarations de jeunes sans arrières pensées, est que ce serait une grave erreur politique de certains responsables en mal de publicité d’en faire une victoire politique et s’il y a eu cette immense mobilisation, c’est que le politique est hors jeu. Car, selon l’adage l’espoir fait vivre, la majorité des Algériens s’attache, faute de mieux sur le plan socio-économique, à des signes d’espoir et que la leçon des harragas témoigne d’une situation de désespoir que certains responsables malveillants tentent de banaliser alors qu’ils constituent un social profond.

Aussi, comment ne pas penser à donc à l’avenir de cette jeunesse car l’Algérie dans 20 ans c’est -à dire demain, avec une population qui approchera 50 millions d’habitants avec l’épuisement des ressources en hydrocarbures, l’âge moyen de nos filles et garçons d’environ 20 ans en 2009, sera dans 20 ans de 40 ans et entre temps ayant une exigence comme tout Algérien avoir un emploi, un logement, se marier , avoir des enfants, donc une demande sociale croissante, donc une obligation, gouverner supposant de prévoir, pour tout gouvernement de préparer l’ère de l’ après pétrole pour les générations futures.

La population algérienne d’une manière générale et notre jeunesse d’une manière particulière ( 70% de la population) est capable de miracles pour peu que on lui tienne un discours de vérité grâce à une nouvelle communication et une gouvernance rénovée, et ce grâce à une mobilisation citoyenne, condition pour le développement de l’Algérie, car, des mesures autoritaires sans adhésion et concertation, la société enfante ses propres règles qui lui permettent de fonctionner dans un Etat de non droit. Au vu de cette immense énergie de la population, femmes et hommes, l’Algérie a toutes les potentialités pour devenir un pays pivot et relever les défis du développement face à la mondialisation , en ce monde en perpétuel mouvement , impitoyable où toute Nation qui n‘avance pas recule. En fait, la population algérienne à travers cette mobilisation unique depuis l’indépendance demande plus de liberté, plus de justice sociale récompensant le travail et l’intelligence et non les rentes en contrepartie de soumissions de clientèles, en un mot un Etat de droit et la démocratie sans renier ses valeurs culturelles.

En résumé, en tant qu’Algérien, j’espère de tout cœur, une victoire au profit exclusif de l’Algérie et surtout du sport mondial qui autant que la culture est un moyen privilégié du dialogue des civilisations par le rapprochement des peuples. C’est pourquoi je souhaite, loin de tout esprit chauviniste, étant normal que les Egyptiens soutiennent leur équipe, que le match Algérie- Egypte se déroule dans la sérénité et l’esprit sportif.

Docteur Abderrahmane MEBTOUL Expert International Professeur des Universités