Les algériens et l’amour

Redaction

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JE T’AIME! C’est beau non ? Posez vous la question ? C’est quand la dernière fois que vous avez prononcé ces deux syllabes ? À votre conjoint(e), votre sœur, votre frère, votre enfant, votre amie, votre fiancé(e), votre voisin(e), enfin quand avez-vous exprimé ce sentiment que vous avez éprouvé? ou encore quand avez-vous ressenti de l’amour pour quelqu’un ? C’est quand la dernière fois que vous avez écouté votre cœur? C’est quand la dernière fois qu’une personne vous a dit : JE T’AIME?

Je suis allée chercher la définition du mot amour, et j’ai découvert 25 synonymes. C’est intéressant de les aligner sous nos yeux et de les regarder ensemble. Amour : Synonymes : admiration, adoration, affection, altruisme, amitié, ange, attachement, béguin, charité, cœur, culte, désir, dévouement, entente, enthousiasme, estime,fraternité, idolâtrie, liaison, passion, penchant, relation, tendresse, vénération.

Lisez ces mots et fermez les yeux, ce sont des mots merveilleux, qui donnent la joie de vivre, l’espoir et beaucoup de chaleur au cœur!
Imaginez un matin, avant de sortir de chez vous, votre partenaire vous dire : je t’aime ! Votre enfant vous répète aussi je t’aime ! Comment vous vous sentez ? Cela commence bien une journée non ?

Qu’avons-nous fait de ce sentiment qui est un des principaux moteurs de la vie ? Serait il devenu tabou? Sommes nous trop occupés à nous lamenter sur notre sort? Notre source de motivation principale, se résumerait-elle à faire plus d’argent que le voisin? Avons-nous concentré notre faculté d’aimer juste sur l’argent et le matériel en oubliant les êtres humains? Est-ce que notre histoire, que CITOYEN DZ a résumée dans son article, lettre au peuple algérien, a fait de nous des locomotives à haine?

Imaginez un grand sac où les divers sentiments sont rangés : L’amour, la haine. La colère, la peur, la joie, la tristesse, la nostalgie et vous pouvez y ajouter tous les autres sentiments que je n’ai pas nommés. On sait tous que tous ces états d’âme sont là. Maintenant si dans ce sac, on va régulièrement chercher un seul sentiment comme la colère, il va toujours être à portée de la main et planer en haut du sac. Au fil des ans, ils va tasser les autres sentiments au fond du sac et finit par nous faire oublier qu’il existe d’autres sentiments. Un sentiment c’est comme une langue, si on ne le pratique pas on l’oublie. Est-ce, ce qui serait arrivé à l’amour chez nous?

Voici quelques exemples vécus : Une jeune fille d’un milieu modeste annonçait à sa mère qu’elle voulait se marier avec ce jeune homme dont elle était amoureuse. La mère qui s’est d’abord renseigné sur la situation financièrement modeste du prétendant de répondre: Tu as tout fait, il te reste juste l’amour ! Devons nous comprendre qu’un pauvre n’a pas droit à l’amour? Qui sont ces mères qui élèvent nos enfants ?
Rentré en Algérie pour des vacances, un jeune garçon de 16 ans qui vit à l’étranger et qui répétait souvent à sa mère des je t’aime maman, s’est fait ridiculiser et traiter de femmelette par ses cousins et cousines en Algérie. Il m’a fortement suggéré de ne jamais dire je t’aime en Algérie. Machisme? L’amour serait-il devenu honteux ? Ignorance? Que sont devenues nos familles ?

Un gendarme, qui a dû aller à la même école que les policiers qui ont arrêté les jeûneurs en Kabylie a arrêté un conducteur et lui prit son permis.
Explication et je cite le gendarme : Je vous arrête pour conduite amoureuse ! Eh, bien, il fallait la trouver celle là! La femme de ce conducteur assise à sa droite, tenait le cornet de glace que son mari mangeait. Pourquoi ? Excès de zèle? Abus de pouvoir? Jalousie ? Qui sont ces gendarmes qui sont sensés nous protéger ?

Un autre exemple, celui-ci est assez apeurant. Une dame a dû retirer sa fille de l’école suite à la situation suivante : La maîtresse qui enseignait la conjugaison aux enfants de 8 à 9 ans, a demandé des phrases avec le verbe aimer au présent. Les petites filles s’y appliquèrent : J’aime les fleurs, j’aime le couscous, j’aime ma mère… La petite fille en question exprimait sa phrase : J’aime mon voisin Amine. Toute la classe riait d’elle en la huant, et cette maîtresse arriva droit sur elle, lui asséna une gifle magistrale et lui demandait d’écrire 500 fois sur une feuille ‘’je ne dois jamais dire je t’aime à un garçon’’. Pour couronner le tout, son explication de son acte et de ses paroles fût : Votre fille m’a manqué de respect! Le mal serait il si profond ? Qu’a-t-elle voulu transmettre comme message aux enfants? Frustration? Haine? Colère? Associe t-elle automatiquement amour à sexe? Qui sont ces enseignants qui apprennent la vie à nos enfants en Algérie ? Je suis sûre qu’autour de vous, vous avez dû vivre des situations pareilles.

Pour pouvoir aimer les autres, il faut d’abord s’aimer soi même. Pour s’aimer soi même, il faut recevoir beaucoup d’amour ! Pour recevoir beaucoup d’amour, il faut être capable d’en donner aux autres! C’est toute une boucle! Par où commencer? Commençons par nous même, dire un je t’aime à ceux qu’on aime, dire je t’aime à nos enfants, dire je t’aime à la vie. Enlevons ces phrases stéréotypées de notre langage : Dania bent kelb, naal jed dania, etc.… (La vie n’est pas bonne). À tous ceux qui diront, nous ne pouvons pas car notre gouvernement a fait de nous ce que nous sommes. Je répondrais que c’est une raison principale sinon primordiale pour agir et réagir afin de retrouver notre amour de nous même en tant que peuple. Qui ne choisit pas, choisit mal ! Non?

J’ai participé pendant quelques semaines à un projet qui se déroulait en Algérie. Nous étions plusieurs algériens, avec des français et des italiens. Entre nous, nous nous critiquions, nous ne remarquions que le mauvais et le méchant chez nous, nous disputions enfin nous savourions à pleines dents notre haine de nous. Dès que quelques européens se joignaient à nous, ou que nous devions nous adresser à eux, nous devenions plus polis, plus respectueux, plus admiratifs, enfin plus humains. Pourquoi tout feu, tout flamme entre nous et tout sucre tout miel avec les étrangers ? Que sommes nous devenus ?


Fellag et l’amour

Non seulement, nous nous détestons chez nous, mais nous fignolons la chose en exportant notre haine de nous. Même à l’étranger l’algérien n’aime pas l’algérien. Les exemples foisonnent et je choisis le suivant car il illustre bien le sujet, d’autant plus que les acteurs sont en majorité dans tes situations très convenables (intello, à l’aise financièrement,intégrés, bonne situation professionnelle).
Contexte : Une des diverses associations des algériens à Montréal organise sa réunion mensuelle. Après avoir passé en revue tous les points de l’agenda, l’animateur demandait des suggestions à l’assistance. Une bonne âme, proposait d’ajouter un service qui consistait à ramasser des sous, des meubles et de la vaisselle pour aider les nouveaux arrivants. Il proposait une aire de stockage gratuitement. La majorité des autres associations d’autres pays à Montréal offrent ce service.

Voici les commentaires reçus: Je ne veux pas faire cela, qu’ils se débrouillent ces nouveaux arrivants ; Moi non plus je ne veux pas, il n’ y a personne qui m’a aidé quand je suis arrivé; C’est une très mauvaise idée, ils vont penser qu’on va les entretenir! Sans commentaire!

On ferma très vite le sujet et un autre algérien proposait une quête pour faire rapatrier le corps d’un algérien décédé le même jour. Et là! Stupéfaction !
Tout ce beau monde s’est mis tout de suite à la tâche, des qui signent des chèques, des qui vident leurs portefeuilles, et même des qui appellent sur le champ au téléphone pour qu’on leur ramène des dollars.

C’est drôle, je ne comprenais pas l’urgence, le gars était mort! Moralité de l’histoire : Il vaut mieux aider et vite un algérien mort qu’un algérien vivant ! Serait-il moins menaçant six pieds sous terre ? Pourquoi sommes ni si humains devant la mort et si cruels devant la vie? Détestons nous l’autre uniquement par ce qu’il nous renvoie notre propre image ?

Nacera kherbouche