Les jeunes Algériens, «très différents» des Algériens de France, aux yeux des touristes français

Redaction

Un groupe de 200 Français, de troisième âge, est en Algérie dans le cadre d’un voyage touristique qui les conduira en plus d’Alger, à l’Est et à l’Ouest du pays. Le site d’information Maghreb Emergent a recueilli leurs impressions alors qu’ils prenaient leur déjeuner dans un restaurant du fameux Jardin d’Essais d’Alger, après une matinée passée à la Casbah. Leurs réactions sont presque les mêmes : peuple « jeune », « accueillant » mais surtout, « très différent » des Algériens de France.

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 Les Algérois se familiarisent de plus en plus avec les groupes de touristes du troisième âge arpentant les artères de leur ville. On pense souvent qu’il s’agit des anciens pieds noirs rattrapés par la nostalgie de leur jeunesse, passée en Algérie avant leur départ massif survenu après l’indépendance du pays en juillet 1962. Mais la vérité est qu’une bonne partie de ces touristes découvrent le pays pour la première fois. C’est le cas de Mme Carrier qui a fait cette semaine son premier voyage en Algérie. «Je suis enchantée, j’ai rencontré des gens charmants et accueillants », déclare la vieille dame, avant de livrer sa grande découverte : « vraiment, une différence avec  les Algériens français. Vous êtes complètement différents ! ».

Même constat pour sa voisine de table, Mme Hua, également retraitée. Elle habite le Val-d’Oise, limitrophe avec le fameux département du 93, « le département maudit de la France », selon son expression. Elle s’est dite «  très contente » de connaître le pays d’une partie de toute la jeunesse qu’elle voit dans les environs de son domicile. Et d’ajouter : « j’essaye de comprendre pourquoi cette jeunesse a mal tourné en France alors que les gens ici sont charmants ». Aussi étrange que cela puisse paraître, Mme Hua se demande si l’Algérie pouvait faire quelque chose pour son « autre jeunesse » née en France. « Je ne sais pas ! L’Algérie pourrait avoir une influence sur eux », dit-elle en parlant des Français d’origine algérienne.

M. Buentz n’aime pas être escorté

M. Buentz a fait, lui aussi, la même découverte. « Ce n’est pas du tout le type de population qu’on a en France. Les Algériens qu’on voit en France ne sont pas les mêmes qu’on voit ici », dit-il. Pour lui, il n’y a pas trente six explications à cette différence : l’Algérien d’Algérie « est chez lui, il est bien et normal».

M. Buentz dit, en outre, avoir été « gêné » par l’escorte policière qui a accompagné les touristes depuis leur arrivée à Alger. « Le fait d’avoir la police, les patrouilles et tout ça, ça peut-être une sécurité, mais je trouve que ça fait une barrière. J’aime bien visiter et dire bonjour à tout le monde, mais de façon discrète », dit-il.   « Moi je n’ai pas de craintes. Ce sont des  histoires (sécurité) au niveau des Etats-majors, ça ne nous concerne pas », dit-il en soulignant qu’Alger « est une très belle ville ».

Louis Strauben, qui avait travaillé en Algérie, à la fin des années 1960, a surtout été marqué par la prédominance de la jeunesse. « Il y a énormément de jeunes. C’est extraordinaire», dit-il en s’interrogeant sur l’avenir qui attend cette frange dominante de la population algérienne. « Il est vrai que le pétrole finance beaucoup de choses, mais la question qu’on peut se poser, c’est comment l’Algérie va pouvoir vraiment donner une place pleine et entière aux jeunes ? Moi c’est ça qui me travaille », dit-il, visiblement occupé par la question.

Destination Algérie : la demande dépasse l’offre

M. Rabu  redécouvre l’Algérie après une très longue absence. Un pays qu’il avait connu durant les années de la guerre de libération algérienne, où il a passé son service militaire, dans la région de Djelfa. L’ancien appelé s’est dit « très touché » par l’accueil chaleureux. « On est monté au monument des martyrs, il y a deux jeunes filles qui nous ont dit, avec un grand sourire et en français, « bienvenus en Algérie. C’est quand même agréable », atteste-t-il, en caressant sa barbe entièrement blanchie.

L’ancien appelé a demandé trois jours de séjour supplémentaires pour se rendre à Djelfa, alors que les autres touristes devraient se rendre à l’Est et l’Ouest du pays pour découvrir d’autres villes et sites touristiques, indique Tayeb Hanifi, le patron d’Aloès voyages, l’agence qui a pris en charge le groupe de touristes.

Il a assuré que plus de 500 personnes ont fait des demandes pour venir en Algérie dans le cadre de ce voyage, mais « faute d’infrastructures d’accueil adéquates », les organisateurs se sont contentés de 200 touristes.

 FAROUK DJOUADI

Cet article a été initialement publié sur Maghreb Emergent