« La pauvreté n’est pas biologique en Algérie ; il n’ y a jamais eu d’Algériens décédés pour cause de faim »
le Ministre des Affaire religieuses (APS- 02 septembre 2009 )
Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Bouabdallah Ghlamallah, a affirmé le 02 septembre 2009 en marge de l’ouverture de la session d’automne du Conseil de la nation, je cite l’agence officielle APS « qu’en évoquant la pauvreté son intention était de dire qu’il n’existait pas de « pauvreté biologique » en Algérie, c’est-à-dire celle liée au besoin en nourriture. Précisant davantage son idée, que son propos voulait tout simplement dire que le « citoyen ne demande pas sa zakat en nourriture et qu’il n’ y a jamais eu d’Algérien décédé pour cause de faim »
1.-Au vu des prix sur le marché, et avec un SMIG de 12.000 dinars , certains retraités touchant entre 6000/8000 dinars , sans compter les autres charges eau électricité car une voiture est un rêve, comment voulez vous assurer l’équilibre nutritionnel indispensable à l’équilibre du corps humain en ne mangeant que du pain et du lait ce qui explique en partie à la fois la faiblesse de la productivité du travail et la consommation excessive de médicaments dont les importations ont dépassé pour 2007/2008 plus de 1 milliard de dollars US, une des plus forte consommation par tête d’habitant du monde . Ce que l’on veut gagner d’une main on la perd de l’autre. Nos médecins spécialises le savent bien.
2.-Que le Ministre des affaires religieuses visitent certains quartiers pauvres à très forte densité de population comme El Kroub wilaya de Constantine, El Harrach dans la wilaya d’Alger ou les planteurs dans la wilaya d’Oran sans parler des wilayates déshéritées du sud et des hauts plateaux, et il constatera qu’existe la pauvreté biologique, certaines familles ne consommant de la viande pour quelques centaines de grammes et de surcroît de la viande congelé ou du poulet que parfois qu’une fois par mois. Monsieur le Ministre j’ai pu voir de mes propres yeux un homme demander trois (03) kilos de viandes d’agneau, un kilo de foie et une pauvre femme demander 250 gammes de poulet.
Oui Monsieur le Ministre des Affaires religieuses, allez visiter l’Algérie profonde, loin des bureaux climatisés et vous constaterez que des familles entières d’Algériennes et d’Algériens de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud sont sous nutritionnées cause de nombreuses maladies. Pour les couche moyennes en voie de disparition, que reste t-il pour un professeur d‘université percevant 600/700 euros en fin de carrière après avoir payé également les factures salées de l’électricité, et de l’eau, du téléphone, l’essence et les réparations de la voiture, des intérêts s’il a contracté un prêt? Et pour les harragas ces jeunes qui achètent la mort, loin d’être un fait du hasard mais qui traduit le désespoir de toute une jeunesse, qu’en pensez vous ?
3.- Les tensions sociales sont atténuées artificiellement grâce aux recettes des hydrocarbures qui permettent des subventions pour la farine, la semoule et le lait et une somme colossale des transferts sociaux représentant plus de 10% du PIB (plus de 10 milliards de dollars 2007/2008) mais mal gérés et mal ciblés qui ne profitent pas toujours aux plus démunis. Ces tensions sociales de plus en plus criardes avec l’individualisation sont également atténuées par la crise du logement qui renforce la solidarité familiale (même marmite, mêmes charges), l’emprise de la sphère informelle qui sert de sous pape de sécurité ainsi que les emplois rentes.
4- Mais gouverner c’est prévoir avec une lourde responsabilité pour les dirigeants envers leurs citoyens, selon les principes du livre saint le Coran, en cas de chute des cours du pétrole qu’adviendra-t-il et avec son épuisement prévu entre 16 ans (rapport AIE), 25 ans selon le Ministre Ahmed Ouyahia c’est à dire demain ? Certains membres du gouvernement, donc pas tous certains Ministres que j’ai contactés ayant grandement conscience de la gravité de la situation, (nous ne parlons pas des députés et sénateurs qui ont triplé leurs salaires (plus de 25 fois le SMIG) sont –ils conscients de la détérioration du pouvoir d’achat de l’immense majorité des Algériens due essentiellement à la panne de la réforme globale ?
5.-Certes, tout ne versant pas dans la démagogie et le populisme car un doublement du salaire dans la conjoncture actuelle entraînerait une dérive inflationniste incontrôlable qui pénaliserait les plus pauvres, ( aussi l’augmentation devrait fluctuer selon mes calculs entre 4.000/6.000 dinars lors de la prochaine tripartie ) du fait de la faiblesse de Etat régulateur et des dépenses improductives qui suppose des compétences marginalisés au profit de rentes pour une soumission improductive, qu’il y a lieu de ne pas confondre avec le tout Etat des années 1970, suicidaire pour le pays, solution de facilité pour les bureaucrates en panne d’imagination, oui Monsieur le Ministre, il y a ce paradoxe, un Etat riche du essentiellement à un don de Dieu les hydrocarbures, et non à la bonne gouvernance et une population de plus en plus pauvre.
Aussi affirmer que la pauvreté en Algérie n’est pas biologique et qu’aucun algérien n’est mort de faim (on, peut mourir à petit feu Mr le Ministre, consultez les rapports de la FAO ) autant que le Ministre de la solidarité déclarant qu’il n’y a pas de pauvres en Algérie mais des nécessiteux, c’est tout simplement ignorer les réalités sociales du pays, de l’indécence et un mépris total au grand peuple algérien.
Docteur Abderrahamne MEBTOUL
Expert International Professeur d’Université (Économiste)