Le gouvernement algérien a décrété la levée de l’état d’urgence jeudi. L’opposition dénonce une « manoeuvre » politique et veut poursuivre les mouvements de protestation.
Comme promis par le président Bouteflika le 3 février dernier, le décret levant l’état d’urgence en Algérie a été publié au Journal officiel ce jeudi. Instaurée en 1992 dans un contexte de guerre civile, cette mesure avait pour but de lutter contre la guérilla islamiste mais avait entraîné une restriction des libertés politiques.
Alors que le président américain Barack Obama a « félicité » le gouvernement algérien pour cette avancée, tout en réclamant d’autres mesures à venir pour les droits des Algériens, l’opposition maintient la manifestation prévue samedi pour un changement de régime.
« C’est un effet d’annonce, c’est une manoeuvre, car l’état d’urgence est maintenu dans la capitale » dénonce Said Sadi, président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD),en faisant référence à l’interdiction de rassemblements dans les rues d’Alger, une mesure adoptée en 2001 après une manifestation sanglante de Kabyles.
Malgré la levée de l’état d’urgence, les militaires garderont une partie du pouvoir que leur conférait cette disposition pour poursuivre la lutte anti-terroriste. Le ministre de l’Intérieur Dahou Ould Kablia a par ailleurs indiqué que le gouvernement « n’envisageait pas pour le moment » d’autoriser de nouveaux partis politiques, alors qu’au moins sept formations attendent leur agrément.
La toute nouvelle Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD, née le 22 janvier) et dont la RCD reste donc déterminée à obtenir un changement de système politique, tout comme la Tunisie et l’Egypte. « Toutes les semaines il y aura des marches », prévient Said Sadi. Outre l’état d’urgence, l’opposition réclame toujours des mesures pour l’emploi, le logement et la lutte anti-corruption.
Déjà, la flambée des prix de première nécessité avaient entraîné des mouvements de révolte début janvier dans tout le pays, faisant cinq morts et plus de 800 blessés.