Maroc : Un super marché (OBG)

Redaction

Les souks doivent aujourd’hui faire face à la concurrence de plus en plus féroce des supermarchés, à l’heure où un nombre croissant de sociétés privées (à la fois nationales et étrangères) prévoient de s’implanter ou de se développer au Maroc, modifiant de ce fait la nature du marché.

Actuellement dominé par les acteurs locaux, le secteur des supermarchés suscite l’intérêt croissant des entreprises étrangères, qui devraient contribuer grandement à promouvoir son développement. Ainsi, en mars, la chaîne turque de supermarchés hard-discount BIM annonçait qu’elle prévoyait d’étendre son réseau de points de vente au Maroc, en portant le nombre de ces derniers de 45 à 80, soit près du double. L’enseigne prévoirait également d’atteindre les 150 points de vente d’ici à la fin de l’année 2012. La chaîne de hard-discount s’est implantée au Maroc en 2008 ; l’ensemble de ses points de vente actuels se trouvant dans l’agglomération de Casablanca, elle conserve une large marge de développement dans le reste du Maroc.

Les enseignes hard-discount telles que BIM, qui vend des articles de consommation courante à prix réduit, ont toutes les chances de remporter un franc succès au Maroc, où 51% de la population achète ses provisions en grande quantité pour faire des économies, selon les résultats d’une enquête publiés en janvier par l’hebdomadaire économique marocain La Vie Eco.

Le projet de développement de BIM lui permettrait de se hisser parmi les leaders du marché marocain en nombre de points de vente (et non en termes de surface totale, compte tenu de la taille de ses points de vente). Parmi les poids lourds du secteur, on compte également le groupe local Hanouty, qui dirige une chaîne de magasins de proximité, ainsi que Marjane Holding, actuellement numéro un dans le secteur des supermarchés à la fois en termes de nombre de points de vente et de surface (le groupe gère un réseau de 52 magasins).

Marjane exploite sous sa propre enseigne 21 hypermarchés situés en périphérie urbaine (avec une surface totale d’environ 140 000 mètres carrés, l’enseigne est actuellement leader sur le marché des hypers) ; le groupe gère également 31 supermarchés Acima, une enseigne de magasins plus petits, généralement situés en centre-ville. Le conglomérat local ONA-SNI détient actuellement 100% des parts de Marjane Holding ; soucieux de diminuer sa participation dans certaines de ses filiales, il entendrait toutefois réduire ses parts dans la société d’ici à la fin de l’année.

Si le marché marocain de la grande distribution fait l’objet d’un intérêt international croissant, les sociétés locales ont elles aussi de plus en plus de poids dans ce secteur. En novembre dernier, la chaîne locale de supermarchés Label’Vie a racheté les points de vente locaux de la chaîne de vente en gros Metro, du groupe allemand Metro Cash & Carry. En plus d’exploiter une chaîne de 18 magasins sous sa propre enseigne, Label’Vie gère également deux hypermarchés Carrefour dans le cadre d’un contrat de franchise conclu avec le géant français de la grande distribution. La société prévoit de transformer les magasins Metro qu’elle vient d’acquérir en hypermarchés Carrefour au cours des deux prochaines années, en en rebaptisant quatre cette année et les quatre autres en 2012.

L’enseigne marocaine Aswak Assalam fait également partie des concurrents de Marjane qui développent leurs réseaux de supermarchés et hypermarchés. La chaîne, filiale d’Ynna Holding, exploite actuellement 11 points de vente dans l’ensemble du pays et compte ouvrir deux magasins supplémentaires en moyenne chaque année.

En septembre, la société a annoncé qu’elle prévoyait d’investir 270 millions de dirhams (24.6 millions d’euros) dans la construction d’un complexe comprenant un hypermarché et un centre commercial sur le site de l’ancien marché de gros de Casablanca. La structure, baptisée Aswak Assalam Belvédère, englobera une grande surface Aswak Assalam de 5 000 mètres carrés ainsi qu’un centre commercial de 5 500 mètres carrés sur trois étages comprenant des restaurants et un bowling. Le complexe devrait ouvrir ses portes dans le courant de l’année.

Parallèlement, le groupe Hanouty susmentionné, largement actif dans le secteur des magasins de proximité, prévoit d’être plus présent dans le secteur des supermarchés et a déjà ouvert un magasin de 700 mètres carrés à Marrakech.

Outre les supermarchés et hypermarchés, l’ouverture de branches ou de franchises dans le pays semble intéresser de plus en plus de sociétés étrangères (dont bon nombre de groupes français). Les Galeries Lafayette doivent notamment ouvrir une structure de 10 000 mètres carrés, leur première au Maroc, au Morocco Mall, sur la corniche de Casablanca. La Fnac, distributeur français de livres et de matériel électronique et audiovisuel, y ouvrira également un point de vente. Le centre commercial devait ouvrir ses portes en début d’année, mais son inauguration a été reportée au mois de septembre.

En février 2011, la chaîne de bricolage française Mr Bricolage a ouvert son troisième magasin au Maroc, un point de vente de 2 800 mètres carrés à Tanger, situé dans les locaux attenants à un hypermarché Marjane existant. La société, qui compte déjà des branches à Casablanca et Marrakech, entend également ouvrir un quatrième magasin à Agadir. Les investisseurs marocains prévoient en outre d’ouvrir des franchises de La Vie Claire, le magasin français de produits biologiques et d’alimentation santé. La première devrait être inaugurée en mars à Californie, un quartier de Casablanca ; deux magasins supplémentaires devraient ouvrir ultérieurement à Rabat et Casablanca.

Le gouvernement soutient le développement des grandes surfaces. Le plan Rawaj, lancé en 2008, vise à tripler la capacité du secteur de la grande distribution d’ici à 2020. Pas moins de quelque 56 magasins de grande distribution doivent ouvrir d’ici à 2012, et le pays en comptera 600 d’ici à 2020.

Si la plupart des Marocains font encore leurs emplettes dans les souks, les marchés et les petits magasins de quartier traditionnels, le développement des enseignes de grande distribution modernes entraînera probablement une évolution progressive de leurs habitudes de consommation au cours des années à venir. Grâce au soutien du gouvernement par le biais du plan Rawaj et aux investissements de plus en plus importants des acteurs à la fois locaux et internationaux, le consommateur marocain devrait bientôt voir baisser les prix et bénéficier d’un plus grand choix de produits dans les rayons des magasins.

 

Oxford Business Group

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