La prolifération des maladies transmissibles à cause d’une gestion anarchique des déchets hospitaliers dans la wilaya de Chlef est devenue un véritable danger auquel sont exposés les habitants de plusieurs régions. La LDDH tire la sonnette d’alarme.
Suite à une enquête réalisée par le bureau local de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), il est même fait état d’une relation étroite entre le nombre élevé de personnes atteintes de cancer et l’incinération anarchique de ces déchets à ciel ouvert. Se basant sur des études scientifiques, le bureau de la LADDH qui rappelle que l’incinération anarchique est source de pollution de l’environnement et un danger pour la santé publique, que cette opération engendre pas moins de 629 composants toxiques, dont celui-ci appelé communément TCDD, considéré comme l’une des causes principales du cancer. L’enquête de terrain a démontré, la LADDH Chlef l’a d’ailleurs très bien constaté, que la gestion anarchique des déchets caractérise l’ensemble des structures hospitalières de la wilaya de Chlef, notamment les hôpitaux, les polycliniques, les laboratoires et les dispensaires. Le process de traitement est inexistant. Pire, en bout de chaîne les déchets se retrouvent sans traitement. Selon les dires de certains travailleurs, est-il expliqué dans le rapport, en notre possession, les déchets sont rassemblés dans des sachets en plastique et jetés à l’intérieur des camions des services d’hygiène, sans le moindre tri, ni procédure sécurisée.
« Les incinérateurs existant au niveau de certaines structures hospitalières, ne sont que rarement utilisés ». Pis encore, l’incinérateur de l’hôpital Chorfa par exemple, n’a aucune valeur pour le traitement des déchets, du moment qu’il ne traite pas les gaz toxiques qui sont à l’origine de plusieurs maladies dont le cancer. Quant aux déchets liquides, l’enquête du bureau de la LADDH démontre qu’ils sont déversés dans les réseaux d’assainissement sans aucun traitement. Poussant le bouchon plus loin, les enquêteurs iront jusqu’à se demander où sont gérés les déchets des cliniques privées qui ne disposent pas d’incinérateurs, comme l’exige la loi ? « Dans les décharges sauvages », répondent-ils. Des images et vidéos démontrent que les déchets hospitaliers et même les dossiers des malades sont jetés dans ces décharges anarchiques sans aucun contrôle des services habilités. L’enquête est appuyée par le témoignage d’un agent des services d’hygiène à la retraite, qui raconte qu’il n’y avait aucune différence entre les déchets hospitaliers et ménagers, transportés dans le même camion, passant à travers les quartiers de la ville et au milieu des habitations.
Les autorités locales pointées du doigt
Dans les Centres d’enfouissement technique (CET), c’est l’anarchie totale, estime la LADDH. Son échantillon : le CET de Meknassa où il est fait état du manque de contrôle du contenu des sacs à déchets, l’absence de tri des produits, le non-respect des normes internationales en matière d’enfouissement et le recours à l’incinération anarchique. En outre, les décharges sauvages sont un autre visage du décor environnemental, dans la wilaya de Chlef. Les habitants de plusieurs communes, notamment ceux d’Om Drou, dénoncent depuis plus de six ans, « le laxisme des autorités locales », qui tardent à trouver des solutions à la déplorable situation dans laquelle se trouve la commune. Des odeurs nauséabondes proviennent de cette décharge, obligeant les familles à fermer portes et fenêtres. Des correspondances adressées aux responsables de la direction de l’environnement, de la daïra de Chlef et aux autorités locales, par les habitants, sont restées lettre morte. Le bureau local de la LADDH tire la sonnette d’alarme et appelle les responsables concernés à intervenir dans l’immédiat pour sauver une commune « l’une catastrophe écologique certaine ».
L’enquête démontre enfin que 73% des établissements de santé à Chlef ne disposent pas de budget spécifique pour la gestion des déchets. A défaut d’une politique nationale de gestion des déchets hospitaliers, la LADDH recommande la formation du personnel aux techniques de protection des composants toxiques, l’achat de nouveaux produits moins dangereux et le tri des déchets dont certains peuvent être recyclés. Mais aussi, en mesures dissuasives, la LADDH appelle les pouvoirs publics à promulguer des lois régissant la gestion des déchets hospitaliers et dangereux, encourager les techniques moins nuisibles à l’environnement et à la santé et sanctionner financièrement ceux qui ne respecteraient pas les normes en la matière.
R.N.