Mayouf Belhamel : l’Algérie a un énorme potentiel dans le renouvelable

Redaction

L’Algérie a un énorme potentiel pour le développement d’une industrie de production des énergies non fossiles destinées à produire notamment de l’électricité. Mayouf Belhamel, directeur du centre de développement des énergies renouvelables (CDER) fait le point pour l’APS sur les projets en cours ou programmés à l’orée 2030.

L’Algérie est déjà entrée dans l’ère des énergies renouvelables avec la mise en service de sa première centrale électrique hybride. Pensez vous que les pouvoirs publics devraient procéder à la réalisation à grande échelle de ce type d’infrastructures pour augmenter l’offre nationale d’électricité notamment dans les régions du grand sud ?

– Bien évidemment que oui, mais dans le cadre d’une stratégie hardie, pragmatique, progressive et selon « un échéancier rigoureux » au bénéfice de toute la région dans son ensemble.

La centrale de Hassi R’Mel est une expérience « pilote » en Algérie qui a la particularité principale d’utiliser comme carburant en plus du gaz naturel, largement utilisé avec succès aujourd’hui pour ce type d’application de puissance, de l’énergie solaire pour la première fois.

Cette particularité, de par la disponibilité et la qualité de notre gisement solaire pour de telles puissances rend ce type de centrale hybridée avec le gaz naturel vraiment attractif pour l’avenir de cette filière dans notre pays. Pour les prochaines centrales de ce type déjà programmées, la proportion en énergie solaire sera de plus en plus croissante dans le programme.

En effet, deux autres centrales sur le même principe, ont été déjà programmées pour 2013 et vont intégrer beaucoup d’asservissements et des TIC, pour accroître encore plus leur fiabilité et leur efficacité énergétique : Il s’agit, à l’Est, de la Centrale de Maghaïr dans la wilaya d’El-Oued et, à l’Ouest, de la Centrale de Naâma dans la wilaya d’EL-Bayad.

Sur la période 2016-2020 quatre centrales de 300 MW chacune vont suivre avec une puissance additionnelle correspondant à 1200 MW. Au-delà de cette échéance, une programmation qui s’étalera jusqu’à 2030 est envisagée avec 600 MW/an à partir de 2013.

Il a été constaté que le programme national des énergies renouvelables a accordé un large chapitre au potentiel solaire (thermique et photovoltaïque) et, à un degré moins, à l’éolien. Cela signifie-t-il que les autres segments comme l’hydroélectrique et le géothermique ne sont pas pris en compte par ce programme ? Quel est le potentiel national pour ces deux segments ?

C’est tout à fait vrai. La priorité a été accordée pour des raisons évidentes tout d’abord au solaire et à l’éolien dans un degré moindre parce que pour l’énergie éolienne, il faut élaborer une cartographie précise de la vitesse du vent et envisager par la suite des mesures en site réel et d’expérimenter ensuite le comportement des machines en conditions réelles parce que l’énergie éolienne est aléatoire et dépend également de la topographie et d’autres paramètres qu’il faut cerner.

Dans le domaine de la géothermie, un projet pilote sera probablement lancé avec une entreprise islandaise spécialisée en la matière qui a une bonne expérience dans la réalisation d’installations de production d’électricité par la géothermie et de réelles ambitions pour introduire cette technologie nouvelle qui exploite des cycles thermodynamiques binaires appropriés pour l’Algérie.

Il faut rappeler qu’une carte préliminaire a été élaborée par le CDER et que plus de deux cents sources ont été répertoriées en Algérie et pourraient servir à la cogénération d’électricité et de chaleur d’origine géothermique.

L’hydro-électricité sera également réexaminée avec toute l’attention nécessaire, dès que possible et en temps opportun. Elle a été totalement voilée dans la programmation nationale par le stress sur la disponibilité de l’eau qui est quasiment vaincu aujourd’hui.

Plusieurs pays comme l’Allemagne, l’Espagne et la France ont affiché leur intérêt vis-à-vis du potentiel national en Energies Renouvelables et veulent mettre en place et développer des partenariats dans ce cadre. Est-ce qu’il est préférable pour l’Algérie d’associer des partenaires étrangers dans la mise en oeuvre de son programme des Energies Renouvelables ou bien d’intégrer les projets et initiatives lancés dans ce domaine à l’image de Desertec et PSM.

– En effet, ces pays ont une assise et une avancée technologique certaines et notamment en énergies renouvelables, mais n’ont pas aujourd’hui un marché économique viable et solvable et souhaiteraient trouver, bien évidemment, de réelles opportunités pour leurs entreprises avec des pays comme l’Algérie, et c’est tout à fait normal.

L’initiative Allemande Desertec a le mérite d’être très claire, et a été pleinement soutenue par l’Algérie. Elle reste, à notre avis, trop ambitieuse et très futuriste. La mobilisation des importants investissements à consentir pour les études, la production et le transport de cette énergie massive vers l’Allemagne comme pays le plus engagé dans le projet dépend de certaines conditionnalités préalables qui méritent, à notre avis, d’être mieux cernées et précisées.

S’agissant de l’initiative Française PSM (Plan solaire méditerranéen), même si elle est techniquement plus intéressante, elle reste liée beaucoup plus à des considérations politiques inextricables sans solution, en tout cas, pour le court terme.

Ces deux initiatives vont prendre, à notre avis, malheureusement encore plus de temps. Nous proposons donc la solution algérienne, en associant librement, dans un partenariat transparent gagnant-gagnant les pays de tous les continents vraiment intéressés pour y participer, selon les ressources qu’ils veulent bien mobiliser, leur participation pourrait-être, totale ou partielle dans le Programme national de développement des énergies renouvelables qui vient juste de démarrer.

De même, l’Algérie, pourrait sans aucun doute, tirer profit de ces partenaires immédiats en matière de transfert de savoir faire, de technologie, de formation spécialisée, d’intégration industrielle et bien évidemment de possibilité d’accès aux marchés voisins d’électricité dans un cadre de partenariat d’exception à mettre en place, souhaité de part et d’autre il est vrai, notamment avec l’Espagne et l’Italie, directement et dans l’immédiat, et avec l’Allemagne et la France dans une phase ultérieure, mais à très court terme en tout cas.

APS

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