La polémique sur «l’appui militaire» supposé du pouvoir algérien aux forces kadhafistes enfle. Le Conseil national de transition des rebelles libyens ne manquent pas une occasion pour réaffirmer ses accusations contre l’Algérie. Il évoque l’envoi de mercenaires algériens, le transport de mercenaires étrangers ou encore la fourniture de matériels militaires.
Plusieurs médias algériens ont cité le nom du mouvement d’opposition algérien établi à l’étranger «Rachad» comme étant derrière les accusations du CNT à l’encontre de l’Algérie. «Algérie-Focus.Com» a contacté Mohammed Zitout, ex-diplomate algérien en Libye et leader du mouvement «Rachad» pour en savoir plus.
«Le régime algérien considère El Kadhafi comme son allié naturel»
Contacté par mail, Mohammed Zitout ne nie pas que le mouvement «Rachad» accuse publiquement le Gouvernement algérien de soutenir El Kadhafi, sans pour autant préciser la nature de ce soutien : «Nous avons pris connaissance des accusations proférées par les autorités algériennes à notre encontre et relayées par certains médias. Nous avons répondu à ces accusations par un communiqué publié le 19 avril 2011 dans lequel nous avons déclaré que ‘Rachad’ a déjà publié un communiqué, le 25 février 2011, dénonçant le soutien complice du régime algérien aux actes criminels du régime de Kadhafi qu’il considère son allié naturel sur les plans militaire, politique et diplomatique. Ces actes de complicité à des crimes d’Etat ont été corroborés par plusieurs sources d’information, diplomatiques et sécuritaires. Les démentis de la diplomatie algérienne, rodée pendant plus d’une décennie à occulter les crimes contre l’humanité commis chez nous par la tyrannie au pouvoir, ne peuvent se prévaloir d’une quelconque crédibilité», déclare M. Zitout.
«Les accusations contre ‘Rachad’ sont l’œuvres de fonctionnaires détachés aux AE par le DRS»
Concernant les accusations portées contre «Rachad», notre interlocuteur est clair : «Ce que vous appelez des ‘sources autorisées’, nous les connaissons bien. Il s’agit de certains hauts fonctionnaires détachés aux AE par le DRS et qui travaillent sous l’autorité de Abdelkader Messahel (ministre en charge des relations maghrébines et africaine, Ndlr)». Et d’ajouter : «Nous ne croyons pas qu’il y ait ‘acharnement du Conseil de transition libyen’ contre l’Algérie. Nous suivons régulièrement les déclarations des responsables du CTL et nous n’y avons pas vu d’excès ou d’écart de langage à l’encontre de l’Algérie. Ce soir même (24 avril 2011) au journal de 20 Heures de la chaîne ‘Alarabiya’, le président du CTL, Abdeljalil, a été interviewé sur ce sujet. Il a répondu qu’il avait des ‘reproches fraternels’ à faire aux Algériens qui soutiennent le régime de Kadhafi. Il a déclaré qu’ils avaient des preuves matérielles qui démontrent l’implication du pouvoir algérien dans le transport de mercenaires, le transfert de matériel importé à l’adresse de Kadhafi et d’autres formes de soutien, notamment militaire».
«Nous n’avons pas comme habitude de chuchoter nos avis et opinions»
Questionné sur le rôle supposé du mouvement «Rachad» dans la diffusion de telles accusations, M. Zitout répond : «Vous dites : ‘Selon ces sources, le mouvement ‘Rachad’ que vous représentez ‘chuchote’ aux rebelles libyens ces informations. Nous n’avons pas, dans le Mouvement Rachad, comme habitude de chuchoter nos avis et opinions. Nous travaillons dans la transparence et assumons toutes nos prises de positions que nous rendons publiques dans des communiqués».
«Oui nous avons des contacts avec le mouvement libyen»
A la question de savoir si des représentants de «Rachad» sont allés à la rencontre des rebelles libyens à Benghazi, M. Zitout déclare : «Oui nous avons des contacts avec le mouvement libyen qui œuvre pour le changement politique dans son pays comme nous avons des contacts avec l’ensemble des mouvements arabes de changement (Tunisie, Egypte, Syrie, Golfe, etc.). Nous partageons tous les mêmes calamités politiques, économiques et sociales et nous avons le même destin. ‘Rachad’ est dans son rôle de mouvement national algérien lorsqu’il s’intéresse à ce qui se passe dans le Maghreb et dans le Monde arabe».
Sollicité par nos soins de divulguer ces prétendues preuves de l’appui algérien au régime de Tripoli, le leader de «Rachad» se contente de préciser : «Concernant nos sources, en bon journaliste vous savez certainement l’impératif de la protection des sources dans beaucoup de situations sensibles. Mais ne vous inquiétez pas, avec le temps ces sources seront rendues publiques par notre Mouvement, par les Libyens ou par d’autres».
RAF