La justice pour tous, sauf pour nos dirigeants Par Abdou Semmar

Redaction

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Les procès s’enchainent et se ressemblent en Algérie. Après le procès Sonatrach qui a été reporté à maintes reprises, c’est au tour du procès de l’autoroute Est-Ouest de connaitre des péripéties invraisemblables.

Invraisemblable ! Oui, c’est sans doute le mot le plus approprié pour décrire les parodies de justice qui sidèrent les Algériens ces dernières semaines. Les scandales se succèdent à un rythme effréné. Mais leur traitement léger et superficiel étonne, indigne et choque. Les accusés parlent, donnent des détails scabreux, citent des noms, ceux de ministres, de hauts responsables, souvent toujours en fonction; et au final, les juges passent tout par pertes et profits.

Les juges se contentent de mettre en scène le spectacle pour, en fin de compte, n’abattre le lourd glaive de la justice sur d’obscures lampistes. En effet, aucun ministre n’est appelé à comparaître pour répondre des accusations dont il fait l’objet. Aucun ministre n’est cité ne serait-ce qu’en qualité de témoin. Même pas ceux dont les noms sont expressément évoqués dans ces scandales grossiers.

Au cours de la lecture de l’arrêt de renvoi du procès de l’affaire de l’autoroute Est-Ouest, l’un des principaux accusés, Sid Ahmed Addou, a clairement affirmé qu’Amar Ghoul  avait encaissé des pots-de-vin de sociétés étrangères, notamment Alstom, en contrepartie de l’octroi de marchés. Le même accusé n’a pas hésité à pointer un doigt accusateur à l’endroit d’Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau à l’époque, pour «des commissions versées par la société française Egis en contrepartie de marchés dans le secteur».

Les accusations sont gravissimes. Et ces hauts responsables continuent d’occuper des fonctions stratégiques au sommet de l’Etat algérien. Ces hauts responsables ont évidemment droit à la présomption d’innocence. Nul n’a le droit de les accuser à tort sans fournir de preuves tangibles. Mais face à des accusations détaillées et précises, le juge a le devoir de les convoquer pour s’expliquer. S’expliquer pour se défendre, mais aussi pour éclairer une opinion publique qui a ras-le-bol de cette justice à deux vitesses. Et pourtant, ces dirigeants ont tout à gagner en se présentant devant le juge pour donner leur version des faits, défendent leur honneur et par ricochet, celui de l’Etat algérien souillé par ces scandales répétitifs.

Le citoyen algérien a le droit de prendre connaissances des explications de ses dirigeants. Les tribunaux ne sont pas érigés uniquement pour la «populace», pour le peuple des bas-fonds. L’Algérie d’en haut doit également rendre compte de ses actes. Devant les juges!

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