Très chère Algérie, pardonne-nous. Aujourd’hui, 5 juillet, c’est ton anniversaire. Et nous n’en sommes pas dignes. Aujourd’hui, c’est ton anniversaire. Et nous t’avons souillée par nos errements, trahisons, mensonges et hypocrisies. Oui, pardonne-nous de t’avoir offensée durant toutes ces 53 années. Pardonnes-nous de t’avoir reléguée au rang des pays les plus sous-développés de la planète alors que ton potentiel et tes atouts ont de quoi faire de toi une puissance émergente.
Pardonne-nous de t’avoir accablée par un régime politique corrompu, qui vend son âme au diable, pour une simple hospitalisation dans des établissement français. Pardonne-nous de t’avoir blessée avec nos lâchetés et compromissions successives face à ce régime vermoulu qui détourne tes richesses précieuses, en important des containers de cailloux et de camelote. Pardonne-nous de t’avoir offensé, en acceptant qu’un homme, diminué physiquement et mentalement, égoïste et mégalomane, préside à ta destinée. Pardonne-nous d’avoir attenté à ton honneur, en observant, durant toutes ses 53 années, sans protester, toutes ces fraudes électorales massives, tous ces tricheries politiques les plus abjectes et toutes ces manipulations politiques les plus abominables.
Pardonne-nous. Oui, pardonne-nous de t’avoir abandonnée durant toute une décennie entre les mains d’une dizaine de généraux criminels, assoiffés de pouvoir et de sang. Pardonne-nous d’avoir cédé à la tentation intégriste, en laissant faire ces fanatiques qui voulaient te transformer en immense goulag à ciel ouvert. Une prison déguisée en temple sacré, où la frustration collective serait le code de conduite national. Pardonne-nous de t’avoir déshonorée avec nos 50 milliards de dollars d’importations annuelles. Nous avons donné de toi l’image d’un pays de bras-cassés, de fainéants et, surtout, de voleurs qui importent n’importe quoi pour transférer illicitement des devises dans les paradis fiscaux.
Pardonne-nous. Oui, pardonne-nous de ne pas avoir été capables de gérer tes ports, aéroports, métro, tramway, au point de les confier à des entreprises étrangères. Pardonne-nous d’avoir confié la construction de tes logements, tes autoroutes, tes universités, tes hôpitaux et même tes trottoirs à des ouvriers chinois ou bengalais traités comme des animaux sur les chantiers.
Pardonne-nous de ne pas avoir réussi à développer un véritable système de Santé. Pardonne-nous de laisser les mères enceintes accoucher à même le sol dans des gourbis nauséabonds que nos dirigeants appellent hôpitaux publics. Pardonne-nous de t’avoir livrée aux feux des conflits ethniques et inter-communautaires à Ghardaïa. Pardonne-nous de t’avoir abandonnée au conservatisme atavique qui suscite encore des batailles rangées entre tribus ennemis à M’sila, Khenchela et ailleurs à travers le pays.
Pardonne-nous de t’avoir calomniée avec notre médiocrité maladive qui nous pousse à débattre de la longueur de la jupe. Pardonne-nous de t’avoir souillée par notre corruption généralisée, qui nous pousse jusqu’à racketter une vieille femme voulant retirer à l’APC son extrait de naissance. Pardonne-nous d’avoir bradé notre souveraineté en laissant à la France tout le loisir d’intervenir à nos frontières pour semer la guerre et la destruction. Pardonne-nous d’avoir laissé filer nos ministres les plus corrompus qui, à présent, se la coulent douce en Europe ou en Amérique du Nord avec les millions de dollars qu’ils ont subtilisés à tes caisses.
Pardonne-nous tout. Nos faiblesses, nos peurs, nos lâchetés et nos sacrilèges à ton égard. Nous ne te méritons pas. Nous avons failli à nos engagements. Nous t’avons menti. Nous t’avons trahi. Aujourd’hui, c’est ton anniversaire. Mais personne d’entre nous n’a sa place dans cette fête. Demain, j’en suis sûr, tu enfanteras des fils et des filles plus dignes que nous. Plus honnêtes que nous. Plus courageux que nous…