Benyounes et Cie : du cannibalisme politique par Kamel Daoud

Redaction

Question technique : les prochaines élections seront-elles propres et honnêtes ? Certains en doutent. La raison ? Une longue histoire d’abord de fraudes directes, puis de verrouillages sournois. L’un des avocats autoproclamé de Bouteflika, Amar Benyounes, le chef de l’UMP, succédanée lointain du RCD à l’époque de son utilité pour le régime, résume la chose avec félonie cette semaine : Si Bouteflika se présente et gagne, c’est que l’opposition est faible et que le peuple est avec lui.

De quoi faire sourire l’indigène. Car ce genre d’arguments ne peut convaincre que l’étranger naïf, pas le local rusé. Car tout le monde sait que si Bouteflika se présente, cela veut dire d’abord qu’il a été élu avant d’être voté. La recette de cooptation est vieille comme le congres de la Soumame. Ensuite, s’il est déjà élu, il suffit de la formalité. Une simple formalité avec les hommes de Bouteflika à l’Intérieur, à la Justice et au Conseil constitutionnel, dans l’armée et dans les rouages. Un algérien opposant à la machine a donc plus de chance d’être élu en Bolivie en étant algérien de Chlef, que d’être élu ici dans son pays. Ensuite, Si Bouteflika se présente, il a déjà l’essentiel avec lui : l’ENTV, l’armée, les « services », les partis de soutiens, les clients de gaz ou de crédits, les hommes qui suivent le vent, l’électorat conservateur ou l’électorat passif et les relais, les réseaux, les Benyounes de tout tarifs et l’UGTA et quelques ambassades et grandes multinationales.

En face que peut avoir un autre candidat plus que des « assurances » ou de l’enthousiasme ? Rien que du rouge à lèvres.

Amara Benyounes, comme les autres salariés du genre Ghoul, Sidi Saïd, Bensalah, Saïdani, Belkhadem, joue seulement sur les mots et les apparences. Ce n’est pas un idiot et il sait comment fonctionne un pneu ou un système. Donc, s’il nous sert ce genre d’analyse mécanique sur la foi et le boutfelikimse innée des algériens, c’est que la Fraude a déjà commencé, du moins avec les mots et les concepts et le fichier électoral. Et c’est un peu honteux bien sur, dramatique et harkisien. Car, au fond, on sait tous que le bourrage d’urnes est une recette désormais grossière et démodée. Il  a eut raffinement depuis l’époque des années 90. Aujourd’hui, on emploi les méthodes de l’Occident : bourrages de crânes, jeux sur les peurs profondes, conditionnements médiatiques, messages par les élites de soutiens, cliéntélisations, achats des âmes et des voix et blocages des adversaires par le dos d’âne, la procédure, l’image, le son, les milices, les voyous ou les lois.

Dans sa dernière sortie médiatique Chez El Khabar lors du forum, le chef de l’UMP s’est livrée à un vrai exercice de Bendir façon Saïdani mais en synthé électronique : convaincre de sa foi par le slogan d’un joueur de dominos ou d’un salafiste autiste : Bouteflika Passera et Dieu est Grand ! Traduire : ni démocratie, ni dialogue, ni élections. Juste Dieu et le bras d’honneur. Lamentable au final dans ce jeu de rôle de rabatteurs de voix et de notice de médicament périmé que mène cet homme et ses Ghoul jumeaux. Et à la fin ? Une phrase merveilleuse dans sa bouche : « il n’y pas d’opposition en Algérie, a-t-il dit. Juste des opposants ». On conclura ? Oui, sur le même jeu de mot : il n’y a pas de partis de soutien en Algérie. Juste des souteneurs ? Oui. L’histoire jugera ces hommes un jour, encagoulés, menottés et pendus avant d’être entendus. Car c’est un crime que de réduire ce pays vif et grand à un malade presque mort et immobile.

Bouteflika est aussi victime du cannibalisme de ces hommes du genre Benyounes.