Enfin un homme qui ose au Parlement Algérien. Enfin un Homme avec un H majuscule. Un homme qui a dit «merde» à tous les responsables algériens et aux autres députés pour leur passivité devant l’arbitraire, la corruption et la hogra. Mustapha Bouchachi, l’ancien Président de la Ligue Algérienne de Défense des Droits de l’Homme, avocat et membre du parti FFS, du moins jusqu’à cette heure-ci, a démissionné de son poste de député tout en balançant une magistrale lettre à la figure du Président de l’APN, Mohamed Larbi Ould Khelifa.
Une lettre où il met le doigt là où ça fait mal. Une lettre qui met publiquement à nu le régime algérien et son fonctionnement pervers. Une lettre qui explique clairement à l’opinion publique algérienne pourquoi ce parlement est une escroquerie gigantesque et absurde. Une tricherie et un braquage des voix des Algériens. L’APN, une fumisterie ridicule. Mustapha Bouchachi raconte dans sa lettre comment toutes les enquêtes parlementaires sur les dossiers les plus scandaleux de l’actualité algérienne sont bloquées et suspendues. Aucun des autres députés n’a pu avoir ce sursaut digne d’un homme intègre. Aucun des autres parlementaires n’a voulu renoncer à son immunité pour mettre fin à cette comédie burlesque. Aucun de nos soi-disant élus à l’APN n’a cherché à répondre au désespoir des Algériens qui voyaient comment l’honneur de cette institution fondait comme neige au soleil.
Non, Mustapha Bouchachi a préféré sauver sa dignité et renoncer à plus de 35 millions de centimes que le régime lui offre ainsi qu’à ses camarades pour racheter leur silence et leurs compromissions. Bouchachi a été donc le seul qui a dénoncé publiquement «l’abaissement de l’institution à ce niveau». Un abaissement qui l’a transformée «en outil obéissant entre les mains du régime» comme il le dit si bien. «C’est une atteinte à l’État des institutions, à la souveraineté de la loi, et c’est une précipitation vers l’inconnu. C’est aussi une manière de pousser les Algériens à ne pas participer à l’édification d’institutions élues afin d’éviter d’adouber les orientations du régime», se justifie-t-il.
Bouchachi n’est nullement un génie. Il est juste un homme courageux qui a tenté de changer le système de l’intérieur et qui a fini par comprendre que ce système scélérat est tellement diabolique qu’on ne peut jamais lui faire confiance. «Devant cette situation, Monsieur le Président, et pour ne pas perdre le respect de moi-même et des Algériens qui m’ont accordé leur confiance et qui ont voté pour que je les représente à l’APN, pour ne pas perdre le respect des chouhada morts pour construire un Etat de droit». Tout est dit. Aucune une autre conclusion ne vaut la peine d’être citée. Malheureusement, les 461 autres députés sont encore très lâches, ou complices, pour l’avouer…