Question : A quoi reconnaît-on un islamiste conservateur et rétrograde ?
Réponse : Il manifeste un Trouble Obsessionnel du Comportement ( TOC ) dès qu’il voit une femme non voilée.
On assiste depuis quelques jours à une recrudescence de cette maladie si l’on en croit la presse. Les journaux font état d’un foyer infectieux qui s’est déclaré à l’Ecole Normale Supérieure de Bouzaréah. Vous savez, c’est dans cet établissement qui date de la colonisation que l’on forme le gratin de nos enseignantes, celles qui ont la lourde charge de préparer nos élites de demain. Ces futures enseignantes sont « priées » de se voiler, pour « voiler leur honneur ». C’est ce qu’on lit sur les affiches placardées dans l’école. Une véritable campagne sérieusement orchestrée.
Dans l’univers de ces messieurs, une femme qui ne se voile pas, se déshonore et mérite par conséquent le sort réservé aux catins et aux femmes de petite vertu. Et chez ceux-là, le châtiment va de la lapidation au meurtre. Les psychiatres nous expliquent que cet instinct dominateur chez l’homme traduit un sentiment de frustration dans les sociétés misogynes et fermées. Chez les obsédés sexuels, la femme sera toujours l’objet de désir permanent mais elle devient Satan après qu’elle eut servi. Elle est aussitôt maudite pour avoir fait céder la digue de l’interdit et coupable d’avoir inspiré le viol. C’est ce raisonnement qui aboutit à la diabolisation de la femme. L’homme n’est pas coupable de faiblesse, il est victime de l’ensorcellement de la femme. Et c’est donc elle qui est fautive.
Rien ne les arrête. Ils n’hésitent plus à déformer l’esprit et la lettre du texte sacré, en faisant croire que le voile et ses mystérieuses variantes ( niqab, jilbab, burqa ) sont des obligations canoniques. A les croire, Khadija, épouse du Prophète (Asws), conduisait sa caravane par 50 degrés à travers le désert inhospitalier d’Arabie et vêtue de noir de pied en cape, sans oublier les gants et les chaussettes noires. On n’en viendrait à rire du grotesque du tableau n’était la gravité de la situation de la femme en pays musulman. Récemment, une saoudienne pilote de chasse, interviewée à la télévision, déclarait non sans un brin d’humour, qu’elle n’avait pas le droit de conduire de voiture dans son pays. Le ridicule ne tue plus décidément.
Il faut quand même dire qu’il faut être singulièrement taré pour penser que les musulmans auront rejoint le peloton de tête des nations civilisées le jour où ils auront entre autre, définitivement voilé leurs femmes. Défense de rire ! La plupart des dirigeants des Pays musulmans le pensent ou feignent de le penser. Mais le résultat ne change pas. Ils veulent mettre sous l’éteignoir la moitié de l’humanité puisqu’ils pensent que la destinée des femmes c’est de faire des enfants et de s’occuper de leur éducation.
A cette allure, le statut de la femme n’atteindra pas en matière de liberté le niveau qu’il avait atteint du temps du Prophète (Asws) voire même quelques siècles plus tard. Aux premiers temps de l’islam les femmes venaient défier les hommes dans les joutes poétiques et sur le terrain des affaires. C’est une femme qui dirigeait de main de maître le grand marché de La Mecque. Les femmes prenaient part aux travaux de recherche dans « Dar el Hikma » à Bagdad, au Caire ou à Cordoue. On n’y parlait pas de voile. On venait y chercher la science et le savoir. C’est une tunisienne Fatima el Fihria qui a créé en 859 la qaraouiyine, première université du Monde à Fès au Maroc. Elle et sa sœur, se présentaient à visage découvert et participaient à la vie de la Cité au milieu des hommes. Autres temps, autres mœurs. A l’époque, le bouillonnement des idées, l’esprit d’ouverture et la recherche du savoir éclipsaient toute considération de virilité mal placée ou de domination fantasmée du mâle.
Aujourd’hui, les nouveaux prédicateurs ont choisi une autre voie. Avec eux, l’islam doit être dépouillé de sa spiritualité pour laisser place aux apparences et aux approximations. Peu leur importe la mise à l’écart de la femme et son exclusion de la bataille pour le progrès. L’essentiel est que les apparences soient sauves, quitte à rester à la traîne du reste du monde. Qui aurait pensé qu’un jour, chez nous, on assisterait à ce genre de suicide. Dans les périodes les plus noires de la colonisation et les plus incertaines, nous puisions dans l’islam de nos parents l’énergie qui nous a permis de soulever des montagnes à mains nues. C’est vrai qu’on ne parlait pas de niqab, ni de jelbab, ni de hijab, mais du haïk, bien de chez nous, lui, qui avait la magie de forcer le respect et de nous faire baisser les yeux et la voix par réflexe de bonne éducation et par sens de l’honneur, précisément, au passage de ces silhouettes toutes de blanc vêtues et autrement plus élégantes et plus rassurantes.
Aziz Benyahia