Le FLN n’est pas mon Père. Il ne sera jamais mon fils. Je ne raconte plus son histoire à mes enfants. Je me détourne de ses traces, salles, slogans, CC, bureau, visages, tenues, chiens, dobermanns et videurs. Je ne reconnais aucun lien de sang versé entre lui et mes ancêtres. Il n’est pas mon miroir, ni mon ombre, ni mon proche. Je m’en lave les mains. Je ne suis pas son ami. Je déchire les livres qui m’en parlent. Je crache sur sa tombe parce qu’il crache sur celle de mes héros. Je ne l’écoute pas. J’en ai honte. Je déteste ses goûts, ses méthodes et ses représentants. Je voudrais laver ma tête de tous ses souvenirs. Si j’avais à refaire le pays, je referais son indépendance mais surtout sa guerre de Libération en choisissant trois autres lettres. Je voudrais mettre le plus de distance entre lui et moi. La mémoire et son souvenir. Je voudrais ne jamais avoir à prononcer son nom. Je voudrais aller loin dans le passé et commencer la guerre de Libération sans lui. Sans son sigle, ni ses méthodes. Car s’il a bien commencé, il n’en fini pas de finir. J’ai détesté ce parti dès mon enfance à l’école. J’ai haï sa façon de se promener sur le dos de la terre comme un paon, son populisme, sa pensée unique, sa trahison, son larbinisme et sa veulerie et sa cupidité et ses vanités de vétérans. Je me sentais étouffé par sa vision de caporal cupide qui ne pense qu’à rafler, violer, dormir puis se vanter et éructer.
Je voudrais le voir mort, disparu, effacé, insulté, jugé, pendu et dépouillé de tout. Je voudrais le voir jugé et exécuté doucement pour assouvir en moi la colère et la haine. Je voudrais ne plus avoir à vivre dans ce pays, en même temps que lui. Je voudrais le voir lynché. Sincèrement. Je m’en sentirais propre et enfin réparé dans mon honneur d’algérien. Je voudrais. Le tuer. Tuer le FLN. Comme la France coloniale l’aurait souhaité. Je voudrais l’exécuter contre un mur et cracher sur son cadavre.
Car au début c’était un front. Puis, après la décolonisation, il est devenu des mains. Mille mains voraces et griffues. Mille accaparations. Puis, avec la famine et la cupidité, il est devenu une bouche. Immense. Large. Ouverte et sentant l’haleine morte. Il mangeait tout y compris les enfants nouveaux de ce pays. Il avalait. Il mordait. Et quand le pays a basculé dans la guerre, il est devenu des pieds, des semelles. Une fuite et des lâchetés. Un ventre pour danse du ventre. Une échine pliée et courbée. Et aujourd’hui ? Il revient. C’est un chien. Un dobermann. Un homme au crane rasé, avec une ceinture à l’hôtel Aurassi avant hier. Un intestin qui s’enroule autour de mon pays et qui l’étrangle. Un excrément. Un gang. Un bas ventre. Un œil et un jeu de hanches et de danseurs. Un instrument de musique. Puis une danse et une prostituée. Des hanches. Un tour de taille. Un horde de Fellagas après l’indépendance au nom des martyrs d’avant la libération.
A cause de lui les enfants de l’Algérie rêvent désormais d’être videurs en grandissant. Ou dobermanns. Ou enturbannés distribuant des passeports de Hadj. Ou voleurs. Ou harkis avec biens et immobilier à Paris. Ou prostitués. Ou comploteurs. Ah j’en rêve. D’écraser aujourd’hui le FLN, comme la France ne l’a pas réussi. Je rêve de libérer le souvenir de Larbi Ben M’hidi du présent de Belkhadem et de Saidani. C’est mon ennemi. L’insulte qui m’est faite. Ma honte première.
Ma guerre de Libération.