A In Salah se joue l’avenir de l’Algérie. Oui, dans cette bourgade saharienne située à l’extrême sud du pays, des Algériens manifestent, se rassemblent, crient leur colère, leur rage et se battent depuis le 1er janvier dernier pour une nouvelle Algérie.
Une Algérie débarrassée de cette logique politique rentière que tentent de nous imposer pendant encore des années les autorités algériennes. Une Algérie qui cesse de gaspiller ses richesses naturelles et sous-terraines pour se consacrer enfin à un nouveau modèle économique. Une Algérie qui protège sa nature et son environnement au lieu de détruire tous ses atouts en espérant remplir des caisses dont elle ne saura pas quoi faire faute de bonne gouvernance. Cette Algérie du gaz, du pétrole, des barils d’or noir et des pipelines, cette Algérie-là qui bichonne les privilégiés et écrase les faibles exclus des richesses nationales ne peut plus durer. Elle ne peut plus continuer à exister alors que des inégalités criardes minent son fonctionnement. Elle ne peut plus continuer à prospérer sur le dos de ces marginaux qui regardent leurs enfants mourir faute d’infrastructures sanitaires dignes de ce nom. Elle ne peut continuer à prospérer sur le dos de ces «misérables» des régions paupérisées du sud du pays qui n’ont ni emploi, ni centres de loisirs, ni théâtres régionaux, ni de salles de cinéma ou piscines communales.
Non à l’Algérie rentière qui épuise ses richesses au grand bonheur de ses dirigeants, et leurs portefeuilles, qui paniquent face à la chute brutale des prix du pétrole. Non à l’Algérie du gaz de schiste qui veut prolonger cette inéquitable répartition des richesses nationales entre un Club des Pins reluisant, festif, prospère et des régions entières de l’Algérie où les simples gens défient des routes défoncées pour pouvoir rentrer et sortir de chez eux matin et soir. Non à cette Algérie où le pétrole et le gaz étouffent le génie d’une jeunesse en empêchant les institutions de leur pays d’innover pour se développer.
Tels sont les cris des habitant d’In Salah, dans la wilaya de Tamanrasset. Tels sont leurs appels. Tels sont leurs espoirs. Tels sont leurs rêves. Malheureusement, ces habitants n’ont pas au bout de leurs doigts des crayons qui dessinent des traits comme le faisaient si bien les défunts dessinateurs du Charlie Hebdo. Les habitants d’In Salah n’ont pas cette chance de pouvoir se révolter avec uniquement des traits et des mots. Ils n’ont pas cette chance de pouvoir mobiliser l’encre et la plume pour porter leurs revendications dans le monde entier. Ils n’ont, surtout, pas cette chance d’attirer les projecteurs des médias pour expliquer leur combat pour une Algérie moins polluée par ces pipelines et ces barils qui ne profitent qu’à leurs exportateurs. Ils n’ont pas eu la chance de bénéficier d’une sympathie et mobilisation populaire afin de contraindre un régime rentier à revoir sa copie concernant l’exploitation des richesses de leurs régions. Mais, il n’est pas trop tard ! Il suffit juste de prendre par la main vos amis, vos voisins et aller dans les places publiques pour dire que nous «sommes aussi tous des In Salah»…