Joseph GED, la 3G et la Bourse d’Alger

Redaction

Voici plusieurs années déjà  que Joseph GED , que nous avons rencontré voici quelques jours chez nos partenaires de Maghreb Emergent, tente avec persévérance d’imposer la voix du groupe Nedjma comme celle d’un leader potentiel du secteur des télécoms en Algérie.  Favorisée par l’effacement forcé du numéro un, Djezzy, en butte à d’interminables bisbilles  avec le gouvernement algérien, cette stratégie passe aujourd’hui par un discours mobilisateur et offensif dont le PDG  de la nouvelle enseigne OOREDOO vient de nous donner quelques nouveaux exemples.

« Nous allons tous être surpris par le développement de la 3G »

C’est un euphémisme de relever que les autorités algériennes ont manifesté peu d’enthousiasme  à la veille du lancement de la 3G. Joseph GED tente de jouer le rôle de catalyseur et  de réveiller les énergies : «Nous allons  tous être surpris par le développement de la 3G. le marché est très demandeur  .Tout le monde n’y croit pas encore, ainsi d’ailleurs que  ça avait déjà été le cas pour le GSM, mais Il y a un énorme appétit des algériens  » .Dans la foulée il annonce « entre 1 et 2 millions d’abonnés dès les premiers jours du lancement de la 3G » . En bon leader Joseph GED se veut aussi responsable et consensuel : «  nous ne faisons pas de calculs à intérêt économique strict, notre stratégie est une stratégie de long terme ».La preuve ? Sur la question de la double numérotation, l’intérêt financier à court terme ,et à courte vue , des opérateurs serait celui d’une double puce et donc d’un double abonnement  .Le PDG d’OOREDOO a pris au contraire le parti très offensif et critique vis-à-vis de l’ARPT d’être en première ligne pour continuer à défendre l’option d’un « seul numéro , une seule puce et un seul abonnement ».Son objectif affiché : « Pas de coût ni de fardeau additionnel pour le consommateur ». Devant l’intransigeance du régulateur , Il continue de négocier pied à pied «On respectera les décisions de l’ARPT. D’accord pour le choix temporaire de la double numérotation mais avec une seule puce et une seule facturation » .Sinon on court le risque d’imposer un frein puissant au décollage de la 3G et de voir « des millions d’abonnés affluer vers les guichets des opérateurs pour signer de nouveaux contrats ».

 Candidat au rang de  numéro un

Derrière la posture consensuelle de Joseph GED  se dessinent les ambitions à peine voilées d’un candidat au rang de numéro un du secteur .Le groupe a fait ce qu’il faut pour ça . Il est le premier investisseur depuis déja plusieurs années. Plus de 2 milliards de dollars investis depuis la création de l’entreprise en 2004 dont 1 milliard de dollars rien qu’au cours des 3 dernières années .Les résultats n’ont pas tardé à suivre. La croissance du chiffre d’affaire au cours des dernières années a été fulgurante : « la plus importante du marché algérien et même de toute la région MENA ». L’équilibre financier a été atteint dès 2008 et l’entreprise fait des bénéfices depuis 2010.L’ année 2013 s’annonce comme une sorte  de couronnement de 10 années d’efforts.  Sur  les 9 premier mois de l’année, le groupe est déjà à 17% de croissance , 9,4 millions d’abonnés ,près 800 millions de dollars de chiffres d’affaire et 140 millions de dollars de bénéfices .A fin 2013, OOREDOO peut cibler le cap symbolique des 10 millions d’abonnés et le milliard de dollars de chiffre d’affaire. Sans parler d’un bénéfice en hausse  exponentielle de 250% et qui devrait approcher les 200 millions de dollars  .Un chapitre sensible sur lequel Joseph GED est très à l’aise .Et pour cause, jusqu’ici les bénéfices de l’entreprise ont toujours été réinvestis et en dépit de l’importance de l’effort financier réalisé par les actionnaires , aucun rapatriement de bénéfices n’a été encore  effectué vers la maison mère. Il est vrai qu’ils étaient loin d’être aussi substantiels.

Un coup d’avance sur les concurrents

Au moment de prendre le tournant de la 3G, le groupe OOREDOO Nedjma sait qu’il a un coup d’avance sur les concurrents .Et il compte bien l’utiliser comme un tremplin pour réaliser ses ambitions .Joseph GED ne s’en cache pas .Pour lui : «  la 3G est une opportunité pour devenir numéro un en Algérie ». Le passage à la  3G , Nedjma en défend l’idée « depuis 2006-2007  parce que après le GSM ,la 3G, puis plus tard la 4G ,sont une suite logique ». Le groupe s’est bien préparé techniquement : « 60 à 70% des équipements ont été renouvelés ».Mais aussi commercialement .Son « positionnement data » lui permet de disposer d’un réservoir de 3 millions d’abonnés pour la 2G EDGE, « ce qui est un record mondial  pour un opérateur ». D’où sa position de pointe pour dénoncer  tout nouveau frein au moment du lancement de l’opération et réclamer que le secteur marche au rythme de l’opérateur le  plus performant en évitant un «  nivellement par le bas».

Un coup d’avance aussi sur la construction d’un  écosystème autours de l’internet mobile à haut débit .Pour développer le marché du «contenu made in Algeria», Nedjma-OOREDOO a signé un partenariat avec l’Agence nationale de développement des PME pour mettre d’abord  des fonds et demain le marché de ses 10 millions d’abonnés à la disposition des meilleures startups  algériennes dont une dizaine seront sélectionnées chaque année.

 Un coup d’avance enfin sur les projets d’entrée en Bourse « Notre souhait et notre volonté, c’est avant tout de faire participer nos clients et le public algérien en général à notre succès et nous voulons ensuite participer à la dynamisation du marché financier en Algérie», assure Joseph Ged. Le PDG de Ooredoo ajoute que cette ouverture se fera à hauteur de 10 à 15% du capital de l’entreprise, « en fonction de la liquidité du marché ». Il annonce des rencontres en janvier 2014 avec la nouvelle équipe dirigeante de la Cosob pour «passer à la phase concrète». Au fait, Mobilis aussi a été sélectionné par les pouvoirs publics pour une entrée en Bourse. Devinez qui sera le premier ?

Hassan Haddouche

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