Le salon de l’auto 2014 face à une fièvre dépensière en fin de cycle par Hassan Haddouche

Redaction

HaddoucheLe salon de l’auto d’Alger ouvre ses portes la semaine prochaine. C’est depuis quelques années la foire commerciale la plus populaire et la plus courue du pays. Au point d’avoir supplanté complètement une foire internationale d’Alger en perte de vitesse. Pendant un peu plus d’une semaine ce sont des dizaines de milliers de visiteurs, voire plus de cent mille le week-end, qui vont affluer et se bousculer sur  le site des Pins maritimes.

Mais les médias nationaux vont l’annoncer en chœur dans les prochains jours, l’ambiance survoltée des éditions précédentes risque de céder la place cette année à un climat plus morose. C’est que la fièvre dépensière qui s’était emparée des algériens depuis 3 ans est en train de retomber. Les premiers signes d’une baisse de la température et d’un tassement très net du marché étaient déjà apparus au cours du dernier trimestre de l’année 2013. Les concessionnaires inquiets annonçaient déjà des ventes en baisse de plus de 30%. Une tendance confirmée et amplifiée par les derniers chiffres disponibles. On a appris voici quelques jours que les importations de véhicules étaient en baisse de 50% au mois de janvier 2014.

Frénésie d’achat…

Depuis 2011 c’est une frénésie d’achat d’automobile qui avait saisi les algériens. Des 300 000 véhicules vendus en 2010, on était déjà passé à près de 450 000 en 2011. Un record historique avait été établi en 2012 avec tout juste 600 000 véhicules importés avant que le chiffre ne retombe légèrement l’année dernière autours de 560 000. La facture associée à ce gonflement accélérée des importations est particulièrement élevée. Plus de 7,5 milliards de dollars en 2012 et de nouveau 7,3 milliards en 2013. Sans compter les pièces détachées ni le carburant importé lui aussi en grande partie.

…et retournement du marché

Depuis près d’ un an, on s’attendait à un retournement du marché mais on ne prévoyait  pas son ampleur ni quand il se produirait. C’est ce qui explique que l’année dernière les concessionnaires ont continué à importer, comme si de rien était, à peu près au même rythme qu’en 2012. Au dernier trimestre 2013 les stocks ont commencé à gonfler dangereusement avant que les importations commencent à chuter brutalement depuis le début de l’année 2014 sous l’effet de l’effondrement des ventes. Tant mieux pour le consommateur algérien qui bénéficie désormais de remises importantes et de délais de livraisons qui  feraient rêver un acheteur européen. Dans ce contexte, le prochain salon d’Alger va renforcer la concurrence entre constructeurs et les offres commerciales les plus alléchantes vont se multiplier .Elles ne suffiront certainement pas à inverser une tendance qui semble désormais durablement installée.

Fin de cycle

Les derniers chiffres connus, ceux de janvier 2014, sont en effet très instructifs. A peine un peu plus plus de 23 000 véhicules importés. Bien sûr, beaucoup d’acheteurs attendent le salon et ses nombreuses remises, mais dans la même situation, en janvier 2013, on en avait importé plus de 47 000. Des importations divisées par deux en nombre de véhicules et qui de façon très caractéristique nous ramène à la situation de…2010. On est en rythme annuel, sur une pente qui devrait nous ramener en 2014 autours de 300 000 véhicules importés.  Tiens, tiens, on s’était beaucoup interrogé sur les causes de l’emballement du marché entre 2011 et 2013. Un cycle de 3 ans déclenché, on peut  en être à peu près sûr maintenant, par les augmentations de salaires accordées en 2011 et 2012 essentiellement aux travailleurs de la fonction publique et des entreprises étatiques. Plus que ces augmentations de salaires elles mêmes, ce sont les fameux « rappels »sur 2 voire 3 ans,  qui avaient été pointés du doigt pour expliquer la croissance exponentielle du marché automobile algérien au cours des dernières années.

La première « voiture algérienne » en 2014, enfin !

Le retournement du marché n’empêchera pas la facture d’importation de véhicules de tourner encore autours de 5 milliards de dollars en 2014. C’est encore beaucoup. Le gouvernement a annoncé dans la nouvelle loi de finance des mesures dont l’impact sera probablement limité même s’il va introduire plus de rigueur sur le marché. Elles renforceront la tendance actuellement en cours au recul des importations. L’année 2014 sera aussi, et enfin, celle de la première voiture algérienne qui devrait sortir des chaines de l’usine Renault de Oued Tlelaten novembre prochain . Elle sera sans doute la vedette de l’édition 2015 du salon de l’auto . Un premier résultat, bien tardif, compte tenu de la taille du projet et de celle du marché algérien  et qui  ne suffira pas à compenser le déficit de régulation et de vision des pouvoirs publics au cours des 20 dernières années. Il faut bien le constater, au Maghreb aujourd’hui, le marché automobile est en Algérie et la production est au Maroc.