Ils sont ce qu’on appelle dans le jargon commun l’élite politique de l’Algérie. Qu’ils soient opposants ou au pouvoir, ils ressassent tous le même discours. Ils partagent tous les mêmes préoccupations. Ils parlent tous du DRS. Du général Toufik, de Tartag ou de Hassan. Ils se passionnent tous pour l’armée, son pouvoir, son budget et sa hiérarchie. Ils aiment davantage la spéculation que l’analyse. Les pronostics que le décryptage.
Mais quand il s’agit des autres sujets aux enjeux sont cruciaux pour l’avenir de notre pays, ces politiques, cette élite brille par son absence, son ignorance et son indifférence. Pas plus tard qu’hier, Ali Benflis, ex-chef du gouvernement, ex-candidat à l’élection présidentielle, l’homme qui aspire à incarner l’opposition, le changement, s’interroge sur « l’identité de celui qui a pris la décision de mettre à la retraite le général Toufik ». Une question légitime. Mais, le patriote Ali Benflis n’a soufflé mot lors du débat sur la réforme de notre école, quand Nouria Benghabrit était sous les feux croisés des gardiens du temple pour avoir osé une tentative de modernisation de notre système scolaire, une réhabilitation de notre culture nationale. Le DRS et l’armée sont-elles des institutions plus importantes que l’école dans la vie d’une nation ? Certainement pas. Les pays développés doivent leur puissance à leurs écoles, universités et laboratoires de recherches. Ces pays n’ont pas atteint le développement en édifiant uniquement des appareils sécuritaires performants.
Quel est le programme d’Ali Benflis pour l’école algérienne ? L’homme, selon lequel l’Algérie a toujours été un Etat civil alors que lui-même avait été soutenu en 2004 par un certain général Lamari pour défier Bouteflika, ne semble guère se préoccuper de l’état de l’école algérienne. Les politiques qui soutiennent le régime et ses partisans ne font pas mieux.
Ahmed Ouyahia, dont les enfants ont étudié à l’étranger, notamment à Londres, n’a donné aucun avis lorsque toute l’Algérie polémiquait sur la réforme scolaire proposée par Nouria Benghabrit. Le patron du RND,un autre prétendant à la magistrature suprême, n’a formulé aucune proposition quant à ce que doit être l’école algérienne. Durant toutes ces sorties publiques, il s’est contenté de soutenir Bouteflika, parler de la sécurité, encore et toujours, et accuser les Algériens de tous les maux du pays.
Amar Ghoul, qui se targue d’être doctorant et auteur de plusieurs livres, a, quant à lui, prouvé toute sa médiocrité lorsqu’il a volé, dans un élan populiste ridicule, au secours de la langue arabe, alors qu’aucune menace sérieuse ne risquait de compromettre son avenir dans notre pays. Dans ce débat, Amar Ghoul a prouvé définitivement qu’il n’était bon qu’à pérorer sur ses fameux matchs de foot avec le général Toufik.
Amar Saâdani s’est tout, pour sa part, muré dans un mutisme assourdissant. Le FLN n’a soufflé mot sur le sujet, étant évidemment responsable de ses échecs passés et présents. Amar Saâdani a préféré fuir le débat et partir en vacances à Barcelone en quête de farniente, loin des exigences intellectuelles des passes d’armes politiques.
Amara Benyounès, quant à lui, n’a donné aucun signe de vie depuis son éviction du gouvernement. Louisa Hanoune a défendu la personne de Nouria Benghabrit sans développer de propositions pertinentes. De la démagogie sans plus. Seul Sofiane Djilali, le président de Jil Jadid, a pondu une contribution où il faisait part de ses idées et réflexions concernant la nécessaire réforme de l’école algérienne.
Les autres opposants, notamment les partis islamistes tels le MSP ou le front de Djaballah, se sont contentés d’attaquer et de vilipender la personne de Nouria Benghabrit. Fallait préserver l’arabisation et point barre. Et l’école algérienne, comment la sortir de sa médiocrité ? C’est le cadet de leurs soucis !
Au final, notre mauvaise école a le mérite de mettre à nu notre élite dirigeante, car, faut-il le rappeler, même les opposants dans notre pays sont presque tous d’ex-dirigeants. Le niveau intellectuel de cette élite politique vole au ras des pâquerettes. Et comme dit l’adage: « Je ne retournerai pas à l’école parce qu’à l’école, on m’apprend des choses que je ne sais pas ! » Et oui, nos politiques ne veulent pas retourner à l’école ni débattre de ses problèmes parce qu’ils n’y comprennent rien, ils n’y connaissent rien. Et le pire dans toute cette histoire, c’est que cette élite dirigeante ne veut pas apprendre des choses qu’elle ne sait pas…