Vous avez détenu le pouvoir pendant des décennies. Durant les années 90, vous avez berné le monde entier en vous présentant comme le dernier rempart contre l’intégrisme islamiste. Vous avez arboré l’étendard de la défense de la Nation contre l’obscurantisme. Vous avez tenté de nous faire croire que l’Algérie sera plus libre, plus joyeuse en interrompant un processus électoral ayant consacré la volonté populaire.
Vous avez promis au peuple protection, sécurité et prospérité. Mais le peuple a fini par découvrir, pendant toute une décennie, qu’être Algérien est un très long voyage au bout de la mort. Des milliers de tués, un pays déchiré, meurtri, mis en quarantaine par les pays de toute la planète, des centaines de milliers d’Algériens ont fui le pays, tel a été le bilan de votre imposture. Une descente en enfer dont nous payons les conséquences aujourd’hui encore. Pour quel résultat ? Un pays sous-développé économiquement et toujours malade de ce fanatisme religieux que vous avez prétendu combattre. Messieurs les généraux des années 90, que votre nom soit Nezzar, Benhadid, Mohamed Touati, ou Betchine, vous faites partie des artisans de notre malheur collectif. De notre incommensurable misère multidimensionnelle. Notre pays est dans l’immobilisme, la stérilité intellectuelle, la mauvaise gouvernance. Ce Abdelaziz Bouteflika que vous diabolisez, aujourd’hui, à travers vos médias, vos relais et vos dociles plumitifs, est au pouvoir par votre faute. C’est vous qui l’avez confortablement installé au Palais d’El-Mouradia. C’est vous qui lui avez donné les clés du palais en échange d’une réconciliation consacrant votre impunité. C’est vous qui lui avez assuré la présidence à vie pour vous éviter de passer par les fourches caudines du TPI.
En 2015, nous, les Algériens, ne sommes plus dupes. La comédie de l’opposition à laquelle vous nous invitez est une arnaque que nous rejetons. Le système ne s’oppose pas à lui-même. Le régime ne peut se rénover en se clonant. En substituant le prince du moment par son frère jumeau. Vous allez m’accuser d’être un « qui tue-quiste », un serviteur du clan de Bouteflika, un ami de son frère Saïd, un ennemi de la souveraineté nationale. Que ce soit bien clair : les Bouteflika et vos cercles de nostalgiques de la suprématie des décideurs militaires êtes les deux faces de la même médaille. Celle de l’ignominie, du mensonge et de l’échec mille fois recommencé. Vous ne pouvez prétendre être le contre-pouvoir dont notre pays a besoin. Vous et vos rejetons, qui aspirez reproduire le même régime autoritaire et corrompu, n’avez aucune place parmi nous. L’opposition, la vraie, celles des patriotes désintéressés, doit être civile, propre, innocente des crimes du passé, tournée vers l’avenir et capable de proposer un nouveau projet national. C’est cette opposition que nous nous attelons à construire pour tourner la page du régime de votre régime. Une nouvelle page qui s’écrira sans vous. Et nous n’allons pas gaspiller notre énergie à pleurer votre déchéance.