Aux Pays-Bas, Hollande, un hibou attaque la population et blesse plusieurs personnes dans une petite ville appelée Purmerend. Les habitants ont été instruits par les autorités locales de ne sortir qu’à condition de se cacher sous un parapluie. Mais il n’a jamais été question de s’en prendre à ce hibou qui rôde dans la ville. Cet animal a beau blessé plusieurs personnes, il demeure un animal protégé par la loi. Oui, mesdames et messieurs, protégé par la loi. Et dans ce pays européen, on ne rigole pas avec la loi. En Hollande, le hibou grand-duc est une espèce protégée et il faut même un permis spécial pour capturer ce spécimen.
Oui, un permis spécial est obligatoire pour veiller à ce qu’aucun mal ne puisse lui arriver. Disons-le franchement, et même si cela va choquer certains bien-pensants, ce hibou a beaucoup plus de chance qu’un être humain en Algérie ! Si cet animal bénéficie d’un droit de protection garanti par une réglementation en vigueur, en Algérie des êtres humains sont abandonnés à l’injustice, la hogra et la répression sans que personne ne crie au scandale.
C’est une sinistre réalité : au moment où des animaux sont traités avec clémence et bienveillance dans les pays développés, dans notre pays, des citoyens reçoivent les pires traitements comme ce concitoyen algérien qui a été expulsé arbitrairement de France et se retrouve enfermé, dès son retour «musclé» en Algérie, dans un centre de détention. Même sa famille n’a pas pu le retrouver pour lui rendre visite ! Vaut mieux donc être un hibou en Hollande qu’un citoyen en Algérie.
Ce n’est, certainement, pas ce manifestant bastonné, frappé et réprimé le 24 dernier à Alger qui va démentir ce triste constat. Les photos de ce manifestant à la peau basanée, comme ces manifestants d’In Salah qui défient le régime depuis le 1er janvier dernier, qui a été victime de l’acharnement particulier des forces anti-émeutes ont fait le tour du web. Racisme ou pas, la violence inouïe exercée par des policiers à l’encontre de ce manifestant laisse dégager un sentiment de haine et de mépris incommensurable. Vaut mieux donc être un hibou en Hollande qu’un citoyen en Algérie.
Et ce ne sont, certainement, pas ces 9 chômeurs de Laghouat qui vont contredire cette vérité. Le hibou hollandais a visiblement davantage de droit que ces chômeurs qui ont été condamnés à la prison pour avoir réclamé pacifiquement leur droit de gagner dignement leur vie dans leur propre pays. L’un d’eux a été condamné à 18 mois de prison pour participation à un « attroupement non autorisé», et oui les attroupements ont besoin d’une autorisation en Algérie, alors que les autres se sont vu infliger des peines d’un an de prison, dont six mois avec sursis, pour le même motif.
Vaut mieux donc être un hibou en Hollande qu’un citoyen en Algérie. Et ce n’est pas Houari Djelouli, un autre chômeur à Ouargla, qui dira non à cette affirmation. Lui aussi, il a écopé d’une peine d’un an de prison avec sursis assortie d’une amende de 50 000 dinars pour avoir… distribué de simples tracts appelant à un sit-in pacifique. Selon le juge, le comportement du pauvre Houari est« susceptible de porter atteinte à l’intérêt national » !
Justement, l’intérêt national en Hollande concerne aussi bien les êtres humains que les hiboux. Ces derniers sont protégés et bien traités au nom de la loi et de l’éthique. En Algérie, la loi existe. L’éthique pas encore. La loi existe pour mettre des infortunés en prison. Mais la loi qui punit les puissants qui détournent et volent, elle n’existe pas encore. En tout cas, pas dans la réalité. Peut-être sur des feuilles blanches. En attendant, beaucoup, et vraiment beaucoup, d’Algériens auraient préféré être un hibou en Hollande que des citoyens dans leur pays. C’est presque sûr et certain.