Non, je ne vous parlerai pas du Général Hassan qui rentre et sort de prison comme il veut, sans qu’aucun de nos dirigeants ne nous fournisse des explications rationnelles. Non, je ne vous parlerai pas du général Hassan qu’on accuse de terrorisme alors qu’il avait été lui-même le chef de la lutte anti-terroriste au sein… du DRS. Non, je ne vous parlerai pas du général Hassan parce que je ne le connais pas et je n’ai pas envie de le connaitre.
Je n’ai pas envie de parler de lui parce que je ne crois pas que son sort soit une priorité pour mon pays dans le contexte actuel marqué par des perspectives économiques effrayantes. Je ne parlerai pas du général Hasssan parce que ni sa libération, ni son procès, ni son emprisonnement ne vont sauver mes concitoyens de la paupérisation qui les guette en raison de la chute des recettes de notre Etat.
Ce n’est pas le général Hassan qui va nous aider à trouver des solutions pour créer des emplois, développer une économie, réduire les inégalités, limiter la pauvreté et la misère sociale. Non, ce général ne peut rien faire pour nous.Alors je ne vais pas parler de lui. En revanche, je ne cesserai pas de parler de Lee Kuan Yew. Il n’était ni général ni agent secret. Il fut celui qui avait transformé Singapour, ce petit pays d’Asie du Sud-Est, en l’une des économies les plus florissantes du monde. Cet ancien avant-poste colonial sous-développé et sans ressources naturelles était quasiment méconnu de l’humanité en 1965, lorsqu’il prit son indépendance de la Malaisie à laquelle il était rattaché.
Un petit pays insignifiant. Une île qui n’abritait qu’un seul port en guise d’infrastructure de base. Mais ce petit pays avec Lee Kuan Yew comme premier ministre, deviendra en quelques années une référence mondiale concernant l’accès à l’éducation, la santé, le bien-être et la qualité de vie. Lee Kuan Yew a réussi à transformer son pays en un véritable paradis parce qu’il avait combattu, dés le départ, la corruption. Il avait été impitoyable, avec les corrompus. Il avait défendu, dés la naissance de son pays, la tolérance religieuse et la coexistence des cultures. Il était d’une sévérité exemplaire face aux tricheurs et voleurs. Mais, il valorisait sans retenue les compétences et les mérites. Selon lui, il fallait que les ministres soient suffisamment bien payés pour conserver un gouvernement propre et honnête. En 1994, il décida d’aligner leurs émoluments ainsi que ceux des juges et des hauts-fonctionnaires sur les salaires des plus hauts responsables du privé dans l’optique de recruter et retenir des talents au service du secteur public.
Il entreprit de former le citoyen pour à donner le meilleur de lui-même à son pays, à encourager la compétence, promouvoir le mérite et à défendre les personnes instruites contre vents et marées. En 1983, il lança une campagne nationale pour inciter les hommes à épouser des femmes diplômés et éduquées pour fonder, plus tard, des familles équilibrées, ouvertes sur le monde et connectées aux progrès de la modernité.
Non, nous n’avons pas besoin de polémiquer sur les tenants et aboutissants du feuilleton du général Hassan. Nous avons besoin de donner naissance à des hommes comme Lee Kuan Yew. Nous avons cruellement besoin dans notre pays d’un homme de sa trempe. C’est d’un Lee Kuan Yew dont nous devons parler, débattre, polémiquer et nous disputer. Le travail remarquable de ce Singapourien devrait être enseigné dans nos écoles, vulgarisé dans nos médias, prêché dans nos mosquées. C’est un projet comme celui de Lee Kuan Yew dont nous avons besoin. C’est d’un engagement, d’un sacrifice comme fut le sien auquel nous devons aspirer. Comment donner à l’Algérie un Lee Kuan Yew ? Comment faire pour que notre société enfante une multitude de Lee Kuan Yew ? Voila de quoi j’ai envie de parler. Voila de quoi j’ai envie de débattre…