Quand l’ANSEJ finance les Dikis Par Abdou Semmar

Redaction

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L’ANSEJ, à l’âge que ce dispositif a atteint, il ne lui reste plus guère de temps pour contribuer à changer l’orientation de l’économie algérienne. Une économie qui va vers l’abîme si un plan d’action n’est pas apporté en urgence.

Or, comme tous les Algériens, je suis révolté par cette Algérie de gâchis et de dysfonctionnement. L’Algérie d’aujourd’hui est très peu accueillante à l’épanouissement de nos aspirations. Il me semble donc vital de remédier à notre impuissance face au gaspillage de notre argent public et son détournement sous toutes les formes.

En 2015, il est temps d’engager toutes nos forces pour demander des comptes aux gestionnaires de l’ANSEJ. Depuis 1996, des milliards et des milliards sont distribués en crédits bancaires. Combien de projets ont réussi réellement ? Combien de jeunes entreprises ont pu prospérer ? Combien de points au PIB national, ce dispositif a apporté ? Combien de milliards d’importations a-t-on pu économiser grâce à l’ANSEJ ? Toutes ces questions demeurent sans réponse et tout le monde, partisans comme opposants, économistes comme sociologues, en Algérie continuent à fantasmer sur les bienfaits de ce dispositif érigé en slogan à chaque fois que l’on veut calmer la colère des jeunes algériens.

Une pratique, une seule, peut démontrer que ce dispositif est instrumentalisé politiquement pour manipuler les jeunes algériens. C’est une pratique qui est devenue un véritable phénomène de société. Oui, aujourd’hui, l’ANSEJ finance les Dikis, ces endroits où les jeunes couples se réfugient pour s’ébattre amoureusement sans qu’un regard inquisiteur ne s’invite pour les juger et les condamner. Oui, des Dikis et c’est du sérieux ! Des dizaines de fourgons financés par des crédits ANSEJ atterrissent entre les mains de jeunes inexpérimentés pour exercer une activité de transporteur. Les fourgons sont rapidement transformés en motels mobiles où les couples se cachent pour faire l’amour. Ces fourgons sont devenus célèbres et attirent la foule à la forêt de Bainem, sur les hauteurs d’Alger, ou celle de Bouchaoui ou encore les abords des plages de Zéralda, à l’est de la capitale. Ces «Dikis» mobiles, vous pouvez même les croiser ailleurs, à l’est comme à l’ouest du pays. Dans les buissons comme au milieu des terrains vagues.

Il n’est guère question de diaboliser ces jeunes qui s’adonnent à des ébats amoureux. Je respecte leur liberté sexuelle. Je les défends mêmes contre ces inquisiteurs fanatiques. Mais aucune liberté ne justifie le détournement de l’argent public pour financer ces Dikis. Aucune liberté n’autorise à ce qu’on accorde des deniers publics à un jeune qui va acheter un fourgon pour le transformer en un hôtel de passe. Ces sommes-là, que personne n’ose estimer parce qu’aucun expert ne prend le sujet au sérieux, relèvent de nos richesses nationales. Des richesses qui devraient servir au développement de notre pays, à la modernisation de son économie et à la création de l’emploi. Gaspiller et détourner l’argent public pour l’exploiter dans la lutte contre la frustration sexuelle, c’est une dérive qui renseigne sur le degré d’infantilité de notre société. Une dérive qui renseigne aussi sur la cruauté de nos autorités qui remuent leur couteau dans la plaie des frustrations pour manipuler des jeunes assoiffés de vie et de liberté. Il est temps que tout cela s’arrête et ce, même si personne ne veut prendre cet appel au sérieux…

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