Le commandant des Forces Navales Algériennes est décédé mardi à Paris. Il n’est pas le premier haut responsable algérien qui meurt dans un établissement hospitalier français ou occidental. Le 16 avril 2013, Ali Kafi, l’ancien président du Haut Comité d’Etat algérien, est décédé dans un hôpital suisse à Genève. Le Wali d’Annaba, Mohamed Mounib Sandid, a, lui-aussi, exhalé son dernier soupire dans un hôpital parisien.
Un Wali, un ex Président de la République et un Général-Major, la liste ne s’arrête, malheureusement, pas là ! Car nos dirigeants n’attendent pas de subir un AVC ou un malaise dévastateur pour se déplacer en urgence dans les hôpitaux chics de la ténébreuse France si diabolisée dans le discours politique de notre régime. Durant ces dernières années, nous avons vu tout notre gratin politique défiler dans des cliniques et hôpitaux européens. De l’ex patron du FLN, Abdelaziz Belkhadem jusqu’à Abdelmadjid Sidi Saïd, patron de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), le nombre des hauts responsables algériens qui ont donné leurs devises aux médecins français en contrepartie de quelques soins est tout bonnement incalculable.
Au moindre bobo, l’avion décolle en direction de Paris. Le Président Bouteflika a habitué les Algériens à ce spectacle désolant où les ambulances françaises transportent le Chef de leur Etat. Un Etat soi-disant fier et tourné vers le développement alors qu’il n’arrive même pas à soigner ses têtes pensantes. Et pourtant, dans nos hôpitaux, il faut vraiment se bousculer pour obtenir quelques soins ! Les médecins se font tellement rares, ils sont tellement demandés et sollicités qu’on a l’impression qu’ils ont tous décroché un Prix Nobel de la Médecine. Que nenni ! La réalité est tellement amère que nos dirigeants préfèrent se tailler à l’étranger pour ne pas l’affronter dans leur chair. La mauvaise prise en charge médicale et la pénurie des médicaments, il vaut mieux laisser ces fléaux aux pauvres citoyens inéligibles aux critères de l’obtention du visa Schengen.
Et le soi-disant prestigieux et excellent hôpital militaire d’Ain Naâdja dans tout ça ? Personne ne doute que cet hôpital qui s’étend sur 120 hectares est aujourd’hui déserté par ses VIP. Personne ne doute non plus que ces VIP, tout aussi patriotes et amoureux de leur nation, n’éprouvent aucune envie de redorer le blason de ce grand hôpital algérien. Ces VIP sont encore réfugiés dans l’ombre du secret politique et dans l’opacité d’un régime qui lie sa survie à la santé personnelle de ses hauts responsables. Ces VIP si inquiets pour leur santé personnelle se contrefichent complètement de la santé de tout un peuple réduit à faire la queue devant les services des urgences dans l’espoir de rentrer chez lui avec des blessures pansées, des douleurs calmées ou des accouchements réussis sans déplorer un décès ou une mort brutale.
Un pays, deux peuples. Le peuple des dirigeants a définitivement choisi son mode de vie : il ne faut jamais hésiter à prendre l’avion pour rallier Paris pour quémander une expertise médicale française. Il ne faut jamais hésiter à transporter des dirigeants qui agonisent jusqu’à Paris. Une mort à Paris vaut mieux qu’une vie tout court à Alger. Pourquoi donc développer l’Algérie et lui offrir un système de santé digne de ce nom ? «Que Dieu nous garde Paris et nous protège de l’hôpital militaire d’Ain Naâdja»…