Ramadhan: qu’est le grand jihad devenu? Par Aziz Benyahia

Redaction

Devinette : Dans quels pays on se réveille tous les jours avec la gueule de bois sans avoir consommé d’alcool ? Réponse : dans les pays musulmans, durant le mois de ramadhan.

Une précision. Cette expression habituellement employée pour décrire les lendemains d’abus d’alcool est utilisée ici pour illustrer  l’état de fatigue générale au lendemain d’une soirée de veille consacrée, le plus souvent, aux palabres, aux jeux de cartes et de dominos et arrosée de thé, de café et de sodas, accompagnés d’une avalanche de sucreries à la suite d’un repas de fête quotidien. Nous sommes bien sûr très loin  de l’ascèse recommandée par le Coran et qui a pour vocation, entre autre, de nous faire ressentir les souffrances engendrées par la faim que vivent, quotidiennement, toute l’année, beaucoup d’hommes, de femmes et d’enfants.

Mais le jeûne a aussi d’autres vertus  comme le grand jihad (jihad ennefs). Il s’agit du travail sur soi que doit accomplir le jeûneur, de la lutte contre ses mauvais instincts, les multiples tentations matérielles, l’égoïsme, l’attirance pour les richesses matérielles, les honneurs et les réussites factices et malhonnêtes. C’est le mois durant lequel le musulman doit redoubler d’efforts dans la prière, l’accomplissement des bonnes actions, la solidarité et le partage ; autant de gestes et d’attitudes emprunts d’humilité et de dévotions sincères, qui lui ouvriront la voie du pardon divin pour les fautes et les transgressions dont il s’est rendu coupable durant l’année écoulée.

Si l’abstinence, observée du lever au coucher du soleil n’est pas accompagnée d’une attitude morale exemplaire et d’un effort quotidien pour l’amélioration de son comportement vis à vis des siens, de ses collègues et de la société dans sa globalité, elle aura été vaine. Le jeûne du ramadhan perdrait tout son sens et c’est malheureusement le constat qu’on est bien obligé de faire, pas seulement chez nous, mais dans l’ensemble des pays musulmans, avec cependant quelques nuances observées, comme en Asie par exemple.

En effet, l’activité économique baisse, le laisser-aller s’installe et le mois de dépouillement, d’abstinence et de paix intérieure s’avère le mois de tous les excès dès le coucher du soleil. On s’endette pour se goinfrer littéralement, parfois jusqu’à l’indigestion. Tout y passe, la viande quel qu’en soit son prix, les sucreries, les sodas, le café. Les poubelles débordent de restes de victuailles et notamment de pain. Les fumeurs rattrapent le temps perdu de la journée. Certains n’hésitent pas à faire la fête jusqu’au petit matin. Les gamins jouent au foot-ball la nuit devant les mosquées, au moment du taraweeh, au grand dam des imams qui ne cessent d’exhorter les parents à les envoyer plutôt apprendre le Coran, puisque c’est le mois qui lui est particulièrement consacré.

Longtemps nous avions cru que l’Islam échapperait à la défiguration qu’a connue la fête de Noël. Le long des siècles, les marchands du Temple avaient fini par en faire un rendez-vous annuel mondial de cuisine raffinée, de vins fins et de cadeaux. A ceci près qu’elle ne dure qu’une nuit et que les Chrétiens, eux-mêmes, reconnaissent que la naissance du Christ n’est plus qu’un simple prétexte, alors que chez nous le prétexte dure un mois et laisse beaucoup de monde sur le carreau.

Cette dérive collective de plus en plus contagieuse, malgré les efforts louables de quelques responsables du culte et de quelques associations,  n’est rien d’autre que de la bigoterie et de l’hypocrisie à un niveau paroxystique. L’Etat accepte, sans piper mot, l’absence encore plus flagrante de productivité, l’absentéisme et le gaspillage. L’impunité est totale. Mieux encore, le mois de léthargie sera suivi d’une semaine de fermeture totale des commerces et du mois de congé d’été. Pour fixer les idées, on prend une semaine pour préparer le ramadhan, une semaine pour récupérer de la fatigue d’un mois de jeûne et enfin le mois de congé annuel. Au total deux mois et demi de vacances qui viennent dynamiser un peu plus l’ardeur au travail que l’on connaît. Cela donne une vague idée des lendemains qui nous attendent et du dynamisme qu’on apprend à nos enfants.

Nous reviendrons dans une prochaine production sur le sort réservé à la spiritualité, sur la confusion entretenue entre charité et générosité, sur la défection flagrante des autorités religieuses et sur l’anesthésie générale qui arrange bien les choses dans les  allées du Pouvoir.

 

 

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