Roger HANIN et Enrico MACIAS : Évitons la confusion

Redaction

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Un homme est mort. Il a souhaité être enterré près de ses parents. Où est l’anomalie ? Oserait-on lui refuser ce retour à la terre mère au prétexte qu’il n’est pas musulman? Est-ce qu’être juif est une faute, une agression, un motif d’exclusion ?  Il est descendant d’Abraham, comme vous et moi. Tous les humains sont des créatures de Dieu. Les Juifs et les Chrétiens sont des Gens du Livre. Nous sommes les enfants d’Abraham.

La fraternité qui doit toujours nous lier est une injonction divine et un viatique dont on ne doit jamais se départir quels que soient les aléas de l’histoire et la turpitude des hommes. Il n’y a rien de commun entre Roger Hanin et Enrico Macias, entre Daniel Barenboïm et Bernard-Henry Lévy, entre Maxime Rodinson et Alain Finkielkraut. Les premiers sont des justes, les seconds ne le sont pas. Chacun a choisi son camp. Il y a ceux qui leur vie durant, ont défendu les causes justes, combattu le racisme et les préjugés, et soutenu courageusement les luttes pour l’indépendance et, il y a ceux qui non seulement ont été indifférents à l’asservissement des peuples mais qui ont collaboré activement avec les forces coloniales.

Notre colère contre le Pouvoir israélien et tous ceux qui soutiennent directement ou indirectement la politique d’apartheid, de colonisation et d’extermination du peuple palestinien, ne doit pas nous aveugler et réduire nos capacités de discernement. Juif n’est pas synonyme de sioniste, pas plus Palestinien synonyme d’antisémite, ni les combattants de Hamas synonymes de terroristes. La nuance est de détail. Roger Hanin n’a jamais appelé à coloniser la Palestine ni célébré l’armée israélienne. Il a toujours soutenu la création d’un Etat palestinien viable, et n’a pas hésité à dénoncer ceux parmi les siens qui ont choisi le camp des plus forts durant la guerre d’indépendance chez nous. Son père était militant communiste et comme tous les communistes, il était pour l’indépendance et l’émancipation des peuples.

L’Algérie ne devra jamais renier, ceux de ses enfants, quelles que soient leurs origines et leurs religions, qui ont eu le courage de leurs idées et de leurs engagements pour défendre au péril de leur vie, les idéaux de liberté et de justice. Henri Alleg était juif. Roger Hanin l’était aussi. Ils sont nos amis. Ils sont nos frères. Roger Hanin n’était certainement pas un militant pro-palestinien actif, mais il n’était pas l’ami du Crif ni du lobby sioniste. Il défendait à sa façon, avec sa gouaille et sa faconde  les causes justes. Il mérite de reposer en paix, chez nous, chez lui, dans une terre qu’il a passionnément aimé, et où comme ses parents, il se sentait plutôt du côté des indigènes que du côté des colons. Roger Hanin était notre ami. Enrico Macias n’est pas notre ami.

A bon entendeur salut.

Aziz Benyahia

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