“Ina3l bou eli rah mayhabnach, In3al bou eli mayhbech echab”. C’est avec cette vulgarité qu’un ministre de la République algérienne parle à ses compatriotes. Des insultes et des dérapages verbaux en guise de politique, le discours d’Amara Benyounès a dépassé ces jours-ci les limites de l’acceptable.
En matière de bienséance, ce ministre et chef d’un parti favorable au 4e mandat d’Abdelaziz Bouteflika, n’est guère un exemple à suivre. Pis encore, au lieu de se remettre en cause, il s’est illustré depuis plusieurs jours par un comportement que nul Algérien digne de ce nom ne peut tolérer.
Insulter au lieu de militer, caricaturer au lieu de dialoguer, vilipender au lieu de convaincre, humilier au lieu de rassembler. La pratique politique du ministre du Développement industriel frise l’immoralité. Elle porte atteinte à la dignité de ce peuple algérien qui a longtemps souffert du mépris de ses dirigeants. Un peuple en perte de repère qui aurait aimé voir en ses dirigeants une référence en matière d’éthique. Il n’est pas de notre intention de donner des leçons d’éducation à un politicien aussi chevronné qu’Amara Benyounès, mais il est devenu de notre devoir de ne pas se taire face à son attitude injurieuse qui confond le débat politique avec la bassesse.
Je suis désolé monsieur Amara Benyounès, un ministre digne de ce nom ne parle pas comme vous. Ne doit surtout pas parler comme vous. Vous n’êtes qu’un fonctionnaire au service de notre Etat, le notre pas celui que votre famille vous a légué. Votre fonction est une lourde responsabilité. Et quand vous parlez en tant que chef de parti, n’oubliez jamais que vous êtes d’abord et avant tout un ministre d’un gouvernement. Un gouvernement comptable devant les citoyens. Comptable de ses actions, des engagements, promesses et des déclarations. Un ministre, ou même un chef de parti, n’a aucunement le droit de parler à ses compatriotes comme s’il s’adressait à un troupeau de bétail. Si l’élégance dans le discours est, peut-être, une vertu que vous ignorez, faites alors l’effort de l’apprendre.
Nous pouvons ne pas vous apprécier. Nous pouvons ne pas être d’accord avec vous. Ne pouvons vous critiquer, remettre en question vos compétences, vos qualités de travail ou vos idées politiques. Mais nous ne devons jamais attenter à votre personne, insulter votre moralité ou mettre en cause votre bonne éducation. Nous lancer à chacun de vos discours : «Ina3l bou eli rah mayhabnach» est une moquerie qui manque de goût. Une raillerie indécente. De l’indécence puisqu’un ministre de votre rang, j’en suis sûr, est capable d’élever son niveau pour ne pas s’abaisser à ces rigolades populistes. Un discours qu’on peut tenir dans une cafétéria populaire entre des chômeurs hittistes pour tuer le temps et s’émanciper de l’ennui qu’impose l’exclusion sociale. Mais un tel discours, n’a nullement sa place lors d’un meeting électoral. La cause du 4e mandat ne nécessite pas un tel abaissement.
Le Président Bouteflika ne vous a certainement pas demandé de s’attaquer aux Algériens de la sorte pour les effrayer encore plus. Ils sont suffisamment effrayés par la décadence dans laquelle vous enfoncez notre pays à travers vos postures peu honorables. Et ne me dites surtout pas que je m’attaque à vous parce que «je hais Bouteflika», comme vous le prétextez. Non, je ne hais personne. Je méprise uniquement ceux et celles qui me méprisent. Je dénonce juste une façon de faire qui n’a aucune relation avec la politique, en tout pas dans sa dimension la plus noble. Je ne vous haïs pas. Soyez-en sûrs. J’ai tout simplement pitié de vous…