Deux arguments dans la bouche des gens qui veulent nous vendre Bouteflika comme un jeune homme de 24 ans capable de mener ce pays vers l’Amérique et la lune : la stabilité et le risque de retomber dans les années 90.
Pour la stabilité, on en a déjà parlé : ce n’est pas l’immobilité et si on veut la stabilité, il faut au moins confier ce pays à un jeune vivant, qu’à un vieux tremblant. Au nom de la stabilité justement. Reste le risque de retour aux années 90. Là c’est une arnaque : on fait peur à ce peuple avec la peur. Si tu bouges, si tu ne votes pas, si tu dis oui aux gens qui disent non, tu vas revenir aux années 90, à la mort, aux massacres, la pauvreté et la violence et tu seras puni. Et c’est une ruse. Car la bonne logique est : s’il ne faut pas revenir aux années 90, il faut éviter ce qui nous a mené aux années 90, dès 88. Et donc la bonne question est : « qu’est-ce qui a mené le pays aux années 90 puis aux massacres, guerre et cimetières ? D’abord la mauvaise gestion économique : on ne savait vendre que du vent et du pétrole. Comme aujourd’hui. On n’avait pas construit une économie alternative et compétente et on faisait passer la Kasma avant l’entreprise et le parti unique avant le pays unique. Comme aujourd’hui. Ensuite, ce qui avait provoqué les années 90 c’était le parti unique, son école, son Messadia, l’incompétence des ses Ghozali, la SM et la corruption et la main étrangère qui caresse l’échine de nos élites dirigeantes. Comme aujourd’hui. Ensuite, les années 90, on avait accentué les injustices, les passe-droits, le mensonge par la RTA et les faux plans de relance et les dépenses inutiles. Comme aujourd’hui.
Les années 90, ont produit le FIS en réaction, puis la guerre, le terrorisme et la misère. Parce que les gens ne votaient pas, parce que le FLN n’était pas au musée (c’est le pays qui l’était) et parce qu’on excluait « le politique » au nom du régime, on fermait l’espace public, on menaçait les opposants et on poussait les élites à l’exil ou au basculement dans l’islamisme et parce que le pays n’avait pas de sens. Comme aujourd’hui. Comme hier lorsqu’on a fermé avec le « bras » et l’arme à la main la chaine ATLAS TV et qu’on a interdit ses ondes sur le satellite pour les ouvrir à deux autres chaines pro-monarchie. Ce qui a conduit l’Algérie aux années 90, c’est le FLN, la RTA, la SM, la fraude, les dépenses publics catastrophiques, la mono-exportation et ses risques, les élections par bourrage d’urne, les discours sur le complot étranger, l’exclusion des jeunes, la main mise familiale sur les rouages de l’Etat, les passe-droits…etc. Comme aujourd’hui. Messadia et Saïdani riment fortement d’ailleurs. Et la seule différence est dans les chiffres. On a multiplie par dix les chiffres de l’argent, des statistiques et des taux. Et donc on a multiplié par dix le risque, la facture et les pertes. Donc, ce qui risque plonger le pays dans les années 90, c’est justement de garder les mêmes conditions que elle du début des années 90. Donc il faut changer pour éviter. Il faut que le FLN parte dans la mémoire et l’histoire. Il faut rajeunir, vraiment élire, participer, laisser, ouvrir et réformer et pas seulement vieillir et nous enterrer. C’est parce qu’on veut la stabilité et qu’on ne veut pas retomber dans les années 90 qu’il faut que ce pays change ses élites dirigeantes, qu’il faut un Président jeune et élu et il faut la démocratie et pas seulement l’ENTV. S’il ne faut pas revenir aux années 90, il faut éviter ce qui a mené à l’année 88.