Vous aimez les pays du Golfe ? Faites comme eux ! Par Abdou Semmar

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Dubaï, Doha, Abu Dhabi, Koweït ou Djeddah en Arabie Saoudite, ces villes et pays attirent les Algériens. Elles séduisent nos compatriotes. Elles font rêver nos jeunes pour leur opulence et la modernité de leur cadre de vie.  Chaque année, des milliers d’Algériens se bousculent pour visiter les forêts de gratte-ciels de ces pays du Golfe, érigés en modèle en Algérie, notamment au sein des conservateurs et islamistes qui honnissent l’Occident pour ses mœurs diluées. 

Et pourtant, de retour en Algérie, les admirateurs des cités du Golfe ne font absolument aucun effort pour reproduire ces « exemples de modernité » chez nous. Une modernité qui ne se réduit guère aux immeubles futuristes de Dubaï. Une modernité qui commence d’ores et déjà dans l’enseignement à l’école qui n’est nullement monopolisée par la langue arabe classique et les matières religieuses. Aux Emirats Arabes Unis, dans les écoles publiques, l’anglais est fortement ancré dans les programmes scolaires. L’université nationale de ce pays, fondée en 1977, est basée sur le système universitaire américain. Elle propose des programmes d’arts libéraux, de sciences, de génie, d’agriculture et de médecine. À Dubaï, l’université américaine (American University) prodigue ses cours exclusivement en anglais. Aux Emirats, ce pays pour lequel de nombreux Algériens sont prêts à se sacrifier pour y travailler, 40% des élèves étudient dans des écoles privées qui sont, pour la plupart, des écoles internationales et enseignent en anglais. Tout le contraire de notre Algérie renfermée sur elle-même et n’enseignant que ses propres programmes déconnectés de la modernité et de ses avancées.

A Dubaï, il y a une flopée d’écoles suivant à la fois un cursus britannique et américaine. Il est aussi possible de suivre le Baccalauréat international. Au Koweït, l’école bilingue Bayan, l’American School of Kuwait, l’American International School, la British School of Kuwait et l’école française ne sont que quelques-unes des nombreuses écoles privées de premier plan où les enfants apprennent les programmes scolaires des pays les plus avancés du monde. En Algérie, il n’y a qu’un seul établissement international : le lycée français international Alexandre Dumas à Alger. Aux Emirats comme au Qatar ou en Arabie Saoudite, l’anglais prend une importance si vitale qu’il est interdit de recruter un travailleur étranger, même s’il est très compétent, ne maîtrisant pas l’anglais. Contrairement aux Algériens, les habitants des pays du Golfe n’ont jamais hésité à développer le bilinguisme et la diversité linguistique.

Ni polémique ni campagne virulente contre les langues étrangères dans ces pays qui ont l’ambition de devenir des pôles d’innovation et d’excellence. En Algérie, une ministre veut introduire la langue maternelle et c’est le tollé général. Et parce qu’elle ne parle pas correctement l’arabe classique, on l’accable de tous les noms d’oiseau et on réclame sa tête. Un Saoudien, un Qatari, un Emirati ou un Koweïtien parle sans aucun complexe sa langue maternelle et sa derdja. Il l’utilise dans les parlements, les cours royales, les plateaux de télévision et exprime avec ses mots toutes ses émotions. Aucune gêne ni honte de soi. En Algérie, l’élite du courant conservateur et islamiste s’évertue, sans relâche, à nous expliquer que notre langue maternelle est une « langue de rue », « de voyou » et des « gens vulgaires ! »

Le contraste est effarant ! Alors que les pays du Golfe vivent en harmonie avec leur culture et langues maternelles et multiplient les concessions pour accéder à la modernité, les Algériens sombrent dans la haine de soi et leurs intellectuels leur inculquent le mépris de leur propre langue ! Et pourtant, les islamo-conservateurs qui affectionnent tant les pays du Golfe n’ont jamais émis la moindre critique à l’égard des Saoudiens, Qataris ou Emiratis qui défendent leur langue, leur spécificité culturelle et linguistique.

Les islamo-conservateurs se révoltent contre la jupe, le short et les femmes émancipées. Mais quand ils vont à Dubaï, ils prennent un malin plaisir à constater que la femme émiratie peut siroter un thé dans une cafétéria branché jusqu’à minuit sans qu’un homme n’ose la harceler. Les Emiratis et qataris, de fervents musulmans, coexistent le plus normalement possible avec les Occidentaux « dévergondés » travaillant chez eux pour développer leur économie. Et pendant ce temps, les islamo-conservateurs algériens refusent qu’un ouvrier étranger boive de l’eau sous un soleil de plomb en plein Ramadhan…

 En Algérie, on n’aime ni les étrangers, ni leurs écoles, ni leurs langues, ni leur cuisine, ni même leur présence ! Aux pays du Golfe, les élites comme la population ont compris, depuis belle lurette, que la modernisation de l’enseignement passe par l’ouverture d’écoles internationales, la généralisation des grandes langues internationales et l’encouragement de l’installation de prestigieuses universités américaines et européennes. Ce choix lucide a donné naissance à des sociétés en paix avec elles-mêmes et fières de leur patrimoine, sans oublier l’aisance économique qui rend les citoyens de ces pays parmi les plus heureux du monde. La démocratie n’existe, certes, pas. La liberté politique non plus. Mais il n’y a pas autant de bêtise humaine et d’absurdité qu’en Algérie. Le pays où les gens aiment vive comme les gens du Golfe, mais sans jamais faire comme eux. Triste hypocrisie…

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