Nouveau projet national: La nécessaire réhabilitation de l’élite

Redaction

Le rendez-vous mensuel du «Cercle des lumières pour le pensée libre (CLPL) a tenu toutes ses promesses. Organisé dans l’après-midi d’hier samedi, au siège du MDS sis à Telemly à Alger, la rencontre a été riche et foisonnante d’idées.

L’invité du mois, le journaliste-écrivain, chroniqueur et consultant média, Mostafa Hemissi, a animé un débat riche et varié autour du thème « Pourquoi l’élite algérienne a échoué à créer un projet national ».

Le conférencier a, d’emblée, dressé un tableau de l’histoire du mouvement national. Il a mis l’accent sur le fait que les leaders du mouvement national étaient, contrairement à toutes les autres révolutions à travers le monde, des personnes issues de la classe ouvrière. Il citera la naissance de l’Etoile Nord Africaine, en 1926, comme émanation d’ouvriers algériens en France.

L’élite qui a mené la guerre de libération nationale s’est réunie autour du projet national sans aucune considération autre que la libération du pays du joug colonial. Les convergences des différents héros de cette guerre dépassent leurs divergences. Et c’est ce qui explique le succès de leur projet. Cela malgré les tentatives des français de diviser cette élite dans le but évident de faire échouer la lutte pour l’indépendance.

Après l’indépendance, la période la plus marquante est celle de Houari Boumediène. C’était une période, estime le conférencier, marquée par une vie politique riche, mais les institutions sont restées pauvres. La faiblesse des institutions est le résultat de la gestion du parti-Etat de l’époque. Le pouvoir a supplanté l’Etat. Il n’y a eu aucune chance pour l’élite algérienne afin de se rassembler autour du projet national sous un régime aussi fermé.

Une lueur d’espoir s’était manifestée en 1988/1989, avec l’ouverture politique et médiatique. On a assisté à la naissance d’une multitude de partis, représentant différentes tendances politiques. Mais cette brèche a été vite comblée avec le début du terrorisme. A partir de 1992, les organisations et l’élite ne représentent qu’une petite minorité d’Algériens. Les institutions représentent seulement l’Etat et non le peuple. Ce qui a creusé encore d’avantage l’écart entre les citoyens et l’Etat.

De nos jours, estime toujours l’intellectuel Mustafa Hemissi, le pouvoir algérien a fait en sorte qu’il soit impossible de créer et de rassembler l’élite autour d’un projet national. Les tenants actuels du pouvoir jouent avec le feu, en utilisant les mêmes subterfuges que le colonialisme français pour diviser l’élite et le peuple. Il fait usage, en effet, de procédés très dangereux qui mettent en péril les constantes nationales, acquises au prix d’un très lourds tribut. La politique de diviser pour régner, vieille comme le monde, que mène actuellement le pouvoir algérien, est susceptible d’entraîner le pays dans une dérive irréversible et dramatique.

Le conférencier estime qu’il n’y aura jamais de projet national tant que l’élite n’est pas associée. Celui-ci ne pourra jamais se cristalliser sans que l’élite nationale ne soit réhabilitée.

Arezki Ibersiene