Pays arabes face au conflit palestinien. Ce qu'en pensent nos intellectuels arabes.

Redaction

Gouvernants VS Gouvernés

Il est connu que les régimes arabes n’ont jamais reflété la pensée de leurs peuples. De tout temps, les opinions de ces populations sont en déphasage totale avec les politiques entreprises par leurs chefs d’états. Même lorsque les peuples se rejoignent autour d’une même position, d’une même parole, les gouvernants arabes semblent s’être entendus….. pour ne pas les entendre.

Voici une série d’entretiens avec des intellectuels arabes qui livrent leurs sentiments sur la place qu’occupe la cause palestinienne aujourd’hui chez les dirigeants arabes.

Almachehour Billel, universitaire syrien installé en Algérie

Comment évaluez vous la manière dont le régime syrien gère -t-il le conflit au proche orient?

La Syrie est l’un des rares pays arabes à ne pas reconnaître l’état sioniste. C’est tout à son honneur d’en avoir le courage, surtout entant que pays frontalier. En même temps, ce pays est ouvertement un soutien au Hamas. Ce soutien à la manière forte lui a value d’être considéré par l’occident comme un état voyou, et s’en est suivi, blocus et embargo.

Il existe surement de meilleur exemples en la matière, mais c’est l’un des rares endroits ou l’on est pas hypocrite vis a vis de nos frères palestiniens.

A qui pensez vous en parlant de régimes arabes hypocrites?

Plein de pays arabes, surtout ceux qui ont des frontières communes avec la Palestine.

Vous pensez à l’Égypte?

Par exemple, il y a aussi la Jordanie. Il suffit d’une petite Intifada, une petite agitation pour que ces pays ferment leurs frontières au nez des palestiniens, leur coupant leur seul moyens de s’approvisionner en vivres et en fioul.

Ne pensez vous pas qu’ils ont intérêts à préserver une certaine stabilité ainsi qu’une sécurité à assurer a leurs frontières?

On peut leur accorder le bénéfice du doute, mais il y a bien d’autres façons de sécuriser leurs frontières et leurs intérêts économiques. En coupant les vivres aux palestiniens, ce sont les intérêts de l’armée d’occupation qu’ils préservent, et ce sont les civils qui en pâtissent. Il faut choisir son camp.

Qu’en est -il du régime algérien ?

De même que le régime syrien , les algériens ont le courage de ne pas reconnaître l’état hébreux. Ce n’est pas le cas de tout le monde dans la région du Maghreb.

Que devrait faire les pays arabes selon vous?

Une seule et unique chose pour commencer. Se mettre d’accord, le reste suivra.
Pensez vous que la solution est politique ou militaire?
Je pense que nous ne sommes plus en mesure de penser à une solution militaire. Il serait plus intéressant pour tout le monde d’opter pour la diplomatie et arrêter l’effusion de sang.

Que retenez vous de ces dernières événements de Gaza?

L’expulsion de l’ambassadeur d’Israël par un pays qui semble plus proche des palestiniens que tous les pays arabes, le Venezuela.
Samia Smail, ethnologue algérienne établie en Autriche.

Que pensez vous des interdictions de rassemblements populaires en soutien à la Palestine?

Le régime devrait laisser tomber ces règles qui sont d’un autre âge. Ce qui a été décrété pour des raisons internes n’ont plus lieu d’être dans des situations comme cella. Là, ce sont des êtres humains qui se font décimer au vu et au su de tout le monde. Les barrières devraient tomber. Et la politique devrait laisser place à l’humanisme et aux mouvements spontanés.

Croyez-vous en l’idée de deux états sur la même terre?

Je ne crois plus en rien. Ni en l’ONU ni en la diplomatie internationale. Il ya une population civile victime de barbarie, et un oppresseur armé de chars et d’avions de chasse qui agit en toute impunité. Il n’y a plus de temps pour la diplomatie et le tact. Toutes ces solutions sont dictées pas les lobbies et les pressions des uns et des autres. Tant que les populations ne sont pas au cœur du débat, aucune résolution n’est applicable.

Les européens ont-ils leur place dans tout ça?

Je pense que si cela avait touché un pays d’Europe, l’UE aurait agi autrement. On en a vu la preuve lors du conflit du Kosovo. Pour l’instant leurs résultats sont mitigés.
Ce que vous retenez du conflit?

Comme dans tous les conflits, ce sont les femmes et les enfants les premiers touchés. La paix, tout le monde en parle mais personne n’en veut. Il ya trop d’intérêts en jeu.

Djamil El Atreche, Palestinien établi en Algérie depuis plus de 40 ans

Quelle est selon vous la place des régimes arabes dans ce conflit?

L’Algérie malgré tous les problèmes qu’elle a connue a toujours été d’un soutien incommensurable au peuple palestinien.

Étonnamment, même la nouvelle génération se sent concernée, et pourtant la plupart d’entre ces jeunes n’ont pas vécus l’évolution du conflit, et n’ont qu’une très vague idée de la question. Pourtant l’attachement est intacte.

La position de l’Algérie n’a jamais changé, quelque soit la période par laquelle elle est passée. Au delà des discours officiels, c’est la ferveur du peuple algérien qui nous touche le plus. Et ainsi, c’est le cas de pratiquement tous les peuples arabes. Malheureusement, leurs régimes ne suivent pas.

Vous avez des exemples ?

Oui, l’Égypte. Lorsque ce pays arabe ferme ses frontières dans des moments aussi difficiles qu’un conflit militaire, c’est comme s’il enfonçait les populations déjà annihilée par la guerre.

Et en ce qui concerne les pays qui soutiennent le plus les populations palestiniennes?

La Syrie, ou le Yémen.

Quelle en est la raison selon vous?

Je pense que l’Egypte veut coûte que coûte plaire à ses alliés occidentaux. A part ça, je ne voie pas une autre raison qui pousse ce pays à être aussi conciliant avec le régime sioniste.
La solution est elle militaire ou politique selon vous?

Il est évident que dans l’ordre des choses, une solution politique doit primer. Mais il ne faut pas tomber dans le piège. L’état hébreux est un état militaire. Ce pays nourrie chez ses enfants une haine indescriptible par rapport aux peuples arabes qui l’entourent. On ne sera jamais à l’abri d’une offensive quelle qu’en soit la raison, ou le prétexte.

Qu’est ce qui sert plus la cause palestinienne, les pays qui ne reconnaissent pas l’état sioniste, ou ceux qui en ont fait un partenaire et peuvent jouer le rôle de médiateur?

C’est évident que les pays partenaire des sionistes et de leurs alliés ne servent en aucun cas la cause palestinienne. De plus, et c’est le plus étonnant, ces pays aux relations commerciaux avec Israël n’ont rien à gagner économiquement parlant. Ils sont loin des relations gagnantes gagnantes qu’ils prétendent avoir pour calmer leurs peuples. Les populations refusent ces rapports avec Israël, mais leurs gouvernants les leurs imposent.

Êtes vous convaincu par l’éventualité de créer deux états un sioniste et un palestinien sur la même terre?

George Habache, fondateur du FPLP a eu à répondre à une question dans le même style une fois à Alger. On lui a avait demandé son avis sur une solution éternelle et durable, qui serait celle de créer deux états (un juif et un arabe) sur cette même terre. Ainsi ce nationaliste avait répondu devant une assistance très nombreuse: «il n’y a d’éternel que Dieu« .

Je partage son opinion. Cette solution, si elle venait à voir le jour, est loin d’être éternelle.

Vos impressions sur l’expulsion de l’ambassadeur d’Israël au Venezuela?

Le président vénézuélien Hugo Chavez n’en est pas à sa première démonstration de soutien et de courage par rapport à la question. De plus, il a les capacités de faire effet dominos sur les autres gouvernements de la région. Dommage que ce ne soit pas le cas de puissances arabes comme l’Egypte.

Propos recueillis par Kh_louna

Quitter la version mobile