Docteur Abderrahmane MEBTOUL Expert Internatioal
Une crise financière d’une ampleur planétaire secoue actuellement le monde capitaliste dont la sous capitalisation vient d’être estimée à mars 2009 à une perte de plus de 52.000 milliards de dollars contre 30.000 en novembre 2008 montrant la profondeur de la crise mondiale. Tout le système financier – banques, bourses, caisses d’épargne, agences de notation, normes comptables – est concerné. Dans ce contexte incertain, quelles actions pour le G20 du 02 avril 2009 à Londres et doit-on se contenter de revenir à une politique de régulation économique qui pourrait prendre la forme d’un un « néo-keynésianisme vert mondial », ou doit-on envisager concrètement une sortie du capitalisme ?
1.-Crise structurelle
La banque mondiale et le FMI dans leurs derniers rapports du 8 mars 2009, contredisant certaines déclarations tant de la FED que de la BCE , que la crise mondiale est sans pareil depuis la seconde guerre mondiale ,touchant tous les pays développés et émergents , que la croissance mondiale sera certainement négative en 2009 et aura un effet dévastateur sur l’ensemble du monde et particulièrement sur bon nombre de pays du Tiers Monde. La croissance de l’économie mondiale devrait être « négative » en 2009, a estimé le 20 mars 2009 à Pékin le secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Angel Gurria. « Nous voyons probablement un monde qui ira vers le négatif parce que même les croissances positives de l’Inde et de la Chine ne pourront pas compenser la croissance négative (dans les pays industrialisés) », a déclaré Angel Gurria, lors d’une conférence de presse, en réponse à une question portant sur la croissance attendue pour 2009. Car il faut savoir qu’un taux de croissance se calcule par rapport à la période antérieure et une croissance après à un taux négatif de l’année précédente donne toujours un taux faible. Comme après une grave maladie , la convalescence durera de longues années, au minimum jusqu’en 2014/2015 si les thérapeutiques s’avèrent efficaces et donc qu’une légère reprise soit effective début 2011, pour que l’économie mondiale retrouve son ancien niveau . Le produit intérieur brut américain a plongé de 6,2% au dernier trimestre 2008 et il devrait encore chuter fortement pendant le trimestre en cours, faisant s’éloigner un peu plus le moment tant espéré de la reprise, attendue désormais au plus tôt pour la fin de l’année. La situation se dégrade à vive allure en Europe avec des tensions sociales de plus en plus vivaces à l’instar du monde (licenciement massif ) car on ne peut distribuer des bénéfices ou des salaires avec une décroissance mais avec ce paradoxe d’une détérioration du rapport salaires/profit qui accroît la crise . A tour de rôle, les pays de l’Union européenne annoncent des taux de croissance négatifs avec un d’intérêt directeurs allant vers zéro, .autant que al banque d’Angleterre et la banque du Japon , et des dévaluations successives des monnaies russe et chinoise.. La crise est même plus sévère en Europe qu’aux Etats-Unis. Dans ce contexte, le taux de chômage aux USA irait vers 10% en 2010, dans la zone euro ayant atteint en janvier 8,2 %, soit son plus haut niveau depuis septembre 2006. D’après la Commission , le PIB réel diminuera de près de 2 % en 2009 et pourrait également baisser en 2010.Pour le cas d el France l’INSEEE s’attend à un recul du PIB de 1,5% au premier trimestre de l’année 2009 , puis de 0,6% au deuxième, un scénario beaucoup plus noir que celui du gouvernement français . La crise touche tous les pays émergents y compris le Brésil qui a terminé l’année 2008 sur une croissance de 5,1% du PIB mais a enregistré un recul drastique de 3,6% au dernier trimestre, en raison des répercussions de la crise mondiale dans le pays, la Chine dont la banque mondiale vient de revoir le 19 mars 2009 à la baisse le taux de croissance le ramenant e 7,5% à 6,5% alors que la stabilité sociale requièrent au minimum 8%, l’Inde dont le taux a été ramené à moins de 7% ect…Et l’Algérie ?
2. Prix du pétrole en 2009/2010 selon les institutions internationales
Cela a des répercussions sur la demande d’hydrocarbures dont les principaux consommateurs mondiaux , les USA, la Chine , l’Europe, la Russie (qui connaitra en 2009 une croissance négative , le Japon totalisant plus de 70% de la consommation mondiale avec une crise de la pétrochimie ( baisse de la demande ) au Moyen Orient avec une évolution du modèle de consommation énergétique . L’agence d’information sur l’énergie (EIA) rapport de mars 2009 a réduit de nouveau sa prévision quant à la demande mondiale de pétrole. L’agence estime dans son rapport annuel de février 2009 que la consommation de brut reculera de 1,4 million de barils par jour en 2009. Cette branche du département américain de l’Energie tablait le mois dernier sur un recul de 1,2 million de barils par jour, mais la dégradation des perspectives économiques l’ont amené à revoir ses chiffres. En effet, elle prévoit désormais une contraction de 0,8% de l’activité mondiale en 2009 et précise que «la direction des prix mondiaux du pétrole à court terme va largement dépendre du calendrier et du rythme de la reprise de l’économie mondiale». L’EIA estime que le prix du baril de «light sweet crude» (bourse de New York )- sera en moyenne de 42 dollars en 2009, contre 43 dollars dans son précédent rapport. Pour 2010, l ‘agence prévoit un baril à 53 dollars avec une croissance de 900.000 barils par jour. Selon ses estimations, la production des pays membres de l’OPEP a reculé de 1,1 million de barils/jour au quatrième trimestre 2008, se portant ainsi à 30,6 millions. Elle s’attend à un nouveau recul de 2 millions au premier trimestre de 2009, soit un plus bas depuis 5 ans. Pour les remontées du cours du pétrole en ce mois de mars 2009, les réunions de l’ OPEP constituant dorénavant un non évènement contrôlant moins de 35/40% de la consommation mondiale au profit des non OPEP, ( WIT texas) et brent- (mer du Nord), cela est due essentiellement à la reconstitution des stocks dues à un hiver rigoureux mais devant tenir compte de la dépréciation du dollar dont est libellé le cours des hydrocarbures , le gaz étant indexé sur le cours du pétrole.
3.- Risque de dépréciation du cours du dollar
Un cours à 50 dollars avec une dépréciation du dollar de 20% en termes de parité pouvoir d’achat en euros donnerait environ 40 dollars. Sans compter cette politique de déficit budgétaire avec le risque du retour à l’inflation pouvant entraîner un cercle vicieux hausse des taux d’intérêt et ralentissement de l’investissement, notamment avec la décision du 18 mars 2009 d e la FED d’acheter jusqu’à 300 milliards de dollars de bons du Trésor à long terme au cours des six prochains mois ».- La chute du dollar déclenchée par l’annonce de cette décision annoncerait-elle la fin de son statut de valeur phare, estiment certains analystes, en faisant craindre qu’un gonflement du bilan de la Fed ne se traduise par une offre excédentaire de dollars et ne ré-enclenche un phénomène inflationniste. Et il semble à de nombreux participants que dans le grand vent de l’histoire, nous sommes témoins de la chute de ‘Rome’ sur le Potomac », commente Alan Ruskin, chez RBS Greenwich Capital.
Les analystes de la banque Standard Chartered ont intitulé une note : « le jour où le dollar est mort », voient l’euro monter à 1,55 dollar à la fin de 2009 de l’année.,le plus haut niveau de l’euro ayant été atteint le 15 juillet à plus de 1,60 dollar. Sur le marché des options, les investisseurs ont commencé à se positionner dans l’idée que la baisse du dollar va continuer avec des options de vente sur le billet vert et des options d’achats sur l’euro. Rappelons qu’il s’agit de son premier achat de papier souverain à grande échelle depuis le début des années 60. Comme je l’avais annoncé à plusieurs reprises dans votre quotidien , c’est le début d’une lente dépréciation du dollar qui risque de se répercuter à la fois sur le cours réel du pétrole, mais également sur nos réserves et bons de trésor libellés en dollars . En effet, le président de la FED Ben Bernanke par cette décision montre que Washington n’a plus les moyens de soutenir sa monnaie D’ailleurs, si jamais Washington avait réellement l’intention d’essayer de stabiliser le Dollar, ou de le faire remonter face aux principales monnaies mondiales, il n’y aurait qu’une seule méthode , comprenant deux volets : une forte hausse des taux d’intérêts de la Fed , et une baisse drastique de la création monétaire alors que le déficit budgétaire dépassera les 1700 milliards de dollars en 2009. Or une appréciation du dollar aurait un impact à court terme sur l’économie américaine (réelle et financière : le marché immobilier tomberait à zéro faute de crédits abordables et du fait d’une explosion des intérêts sur les ménages endettés à taux variables, la consommation américaine deviendrait négative les faillites d’entreprises se multiplierait , Wall Street s’écroulerait sous le poids de ses dettes multiples et succomberait totalement à l’implosion immédiate du marché des CDS du fait des défauts généralisés de co-contractants. Face à cette conjoncture très sombre, le président de la FED a annoncé que son institution allait continuer d' »employer tous les instruments dont (elle dispose), aussi longtemps que nécessaire, pour soutenir le retour à la stabilité financière et à une croissance économique saine » et de maintenir son taux directeur dans la fourchette de fluctuation de 0 à 0,25% qu’elle lui impose depuis la mi-décembre 2008.
Dr A.Mebtoul 20 mars 2009
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