Au lendemain d’un message où il réitère sa volonté de rester au pouvoir malgré son état physique, Abdelaziz Bouteflika perpétue un acte devenu une tradition depuis qu’il est malade : aller au cimetière d’El Alia déposer une gerbe de fleurs en la mémoire des martyrs de la révolution de Novembre 1954.
La dépêche de l’APS qui donne l’information du déplacement du chef de l’Etat au cimetière où reposent les figures emblématique de la révolution, ne donne pas de détails. « Après avoir passé en revue une formation de la Garde républicaine qui lui a rendu les honneurs, le président Bouteflika a déposé une gerbe de fleurs au pied de la stèle commémorative et lu la Fatiha du saint Coran à la mémoire des martyrs de la Révolution », y lit-on. Pas plus.
Alors que le sanctuaire des martyrs (Maqam echahid) était jusqu’à récemment la destination privilégiée des responsables de l’Etat ou des invités étrangers qui désirent rendre hommage à nos martyrs, Abdelaziz Bouteflika a changé de destination. El Alia n’est pas choisie pour la qualité des dépouilles qui y sont déposée –celle de Abane contient toujours du sable- mais à cause notamment de la facilité de mobilité qu’offre cet endroit pour un chef de l’Etat qui ne se déplace qu’en fauteuil roulant.
Cette visite au cimetière d’El-Alia est, avec les rares audiences qu’il accorde au sein de sa résidence de Zeralda, devenue l’une des rares activités publiques du chef de l’Etat. C’est connu, depuis 2012, il ne se prononce que par des courriers et ne gouverne qu’à distance. D’où les soupçons que nourrit l’opposition autour de la réelle source du pouvoir dans le pays.
Certes, Abdelaziz Bouteflika vient d’annoncer que c’est lui le maître à bord. Mais la célébration de la fête d’indépendance de cette année confirme, une nouvelle fois, qu’en dehors des gestes symboliques et protocolaires, la présence du chef de l’Etat est réduite à de simples images.
Essaïd Wakli