A quoi sert un conseil des ministres en Algérie ?

Redaction

Gouvernement Sellal avant après

Abdelaziz Bouteflika malade, c’est toute l’Algérie qui est bloquée. La tenue, lundi, du dernier Conseil des ministres de l’année en cours –et probablement le dernier de Abdelaziz Bouteflika- renseigne sur l’état de blocage dans lequel est plongé le pays depuis quelques années déjà.

Durant toute l’année 2013, Abdelaziz Bouteflika n’a présidé que deux Conseils des ministres. Le premier, tenu en septembre, avait été consacré à l’étude de la Loi de Finances. Cette réunion avait permis de débattre une seule loi importante : le projet de loi sur l’audiovisuel. Sans plus. Le reste des discussions a tourné sur la loi de Finances et c’est justement cette loi, sans doute la plus importante dans le fonctionnement de l’Etat, qui a motivé la tenue du conseil des ministres du 30 décembre.

C’est donc une preuve supplémentaire que vient de fournir le chef de l’Etat sur son incapacité à diriger le pays. Plus grave encore, cette situation paralyse totalement les institutions du pays, et ce malgré les assurances des responsables gouvernementaux. Car, c’est par le seul biais du conseil des ministres que passent l’essentiel des lois de la République. Cela est d’autant plus vrai que les prérogatives du Premier ministre ont été réduites suite à l’amendement de la Constitution de 2008.

En vérité, l’absence de Abdelaziz Bouteflika ne date pas de ces derniers mois. Depuis sa réélection pour un troisième en 2009, le chef de l’Etat ne s’est adressé qu’à de très rares occasions aux Algériens. Ses sorties, à l’intérieur et à l’extérieur du pays, sont trop limitées. Et lorsque Bouteflika tente un discours, sa voix est difficilement audible. Ceci pendant que les réunions du conseil des ministres se tenaient de manière épisodique. Car, avant même que le chef de l’Etat ne soit atteint d’un Accident vasculaire cérébral (AVC) en avril dernier, cette rencontre se tenait rarement. D’ailleurs, la dernière fois où Abdelaziz Bouteflika avait réuni ses ministres avant son hospitalisation, c’était en mois de décembre 2012. Avant cela, les réunions du Conseil des ministres se tenaient également rarement.

Ce qui est plus inquiétant dans cette affaire est que les responsables, sans doute trop « attachés » à leurs postes et à leur chef, font semblant d’évoluer dans une situation normale. Quand à l’opposition, elle est trop laminée pour être entendue. Une chose semble par contre très envisageable : il serait très difficile à Abdelaziz Bouteflika de solliciter un nouveau mandat.

Essaïd Wakli