Abdelaziz Belkhadem, son heure a-t-elle sonné ?

Redaction

L’arrivée d’Amar Saïdani à la tête du FLN ouvre la boite du Pandore. Son plébiscite, sans nul doute impulsé d’en haut, a définitivement consacré la prise de contrôle du vieux parti par un groupe qui n’ambitionne que de rester au pouvoir quelles que soient les méthodes et les moyens. Mais au-delà des faits, ce vaudeville qui s’est déroulé à l’hôtel l’Aurassi fait revenir à la face des cadres du FLN l’image de celui qui a géré le parti depuis ces dernières années, à savoir Abdelaziz Belkhadem.

L’ancien secrétaire général du Front de Libération Nationale croit en sa bonne étoile. L’homme, qui a évolué dans l’ombre d’Abdelaziz Bouteflika depuis une dizaine d’années, voit enfin son heure arriver. Lui qui avait toujours soutenu son mentor, espère que suite à la subite maladie du chef de l’Etat, sa voie est désormais toute tracée. Même si, une fois de plus, il sait qu’il ne sera pas le seul à briguer un mandat. La porte est désormais grande ouverte à tous ceux qui, comme Ahmed Ouyahia, avaient exclu – et ils n’avaient pas le choix, en fait – de se porter candidat tant que le « chef » est là. Mais depuis avril, les choses changent.

Depuis plusieurs années, des cadres du FLN – et pas des moindres – reprochent à l’ancien secrétaire général ses « ambitions présidentielles ». A chaque fois que la question est posée, Belkhadem se montre diplomate, mais toujours énigmatique : « Si le président se présente, il sera notre candidat. Sinon, ce sera au Comité central de décider et à ce moment, je ferai connaître mon intention ».

Les forces de l’argent

En réalité, personne n’est dupe. Car depuis qu’il a bien assis son autorité sur le vieux parti, Abdelaziz Belkhadem a travaillé ses réseaux. Pour avoir plus de «troupes », il a utilisé une méthode peu connue dans l’ancien parti unique. Il a recruté, en masse, des hommes d’affaires susceptibles de lui assurer un maximum de cadres.  Et même s’il a toujours soutenu que « tous les partis » font recours aux forces de l’argent, Belkhadem sait qu’au fond, la pratique est devenue non seulement une monnaie courante, mais elle est érigée en mode de gouvernance. Même lorsque des militants contestent, Belkhadem s’efforce d’imposer des hommes à la réputation douteuse. N’a-t-il pas sacrifié des sections entières pour imposer un homme très riche à Tébessa ? N’a-t-il pas imposé un gros bonnet d’Annaba comme vice-président de l’APN alors que l’homme était élu sur la liste d’un autre parti ? Tout cela n’est, pour Belkhadem, qu’un «moyen» qui justifie la « fin ».

Le pacte de Saïdani

Même si les « redresseurs » du FLN ont quelque peu « chamboulé » ses desseins, Belkhadem a imaginé un autre scénario. Il aurait contracté un « accord » avec le très controversé Amar Saïdani. Le manège est simple : le fils de Aflou porte son soutient à l’enfant d’El-Oued pour être adoubé comme secrétaire général du FLN. En contrepartie, l’ancien troubadour mettra toute la puissance de  l’appareil du FLN au service de Belkhadem lorsque ce dernier s’engagera officiellement dans l’élection présidentielle. Mais tout cela n’est que pure fiction, du moins pour le moment. Car, avec Abdelaziz Bouteflika, rien n’est encore joué. L’homme est tellement imprévisible qu’il peut faire subir à l’Algérie une nouvelle sortie inattendue. Une sortie qui ressemblera au soutien apporté à Saïdani.

Essaïd Wakli