L’historien Benjamin Stora a estimé mardi qu’il est « très difficile de dire si Bouteflika est toujours en vie ». « Ce secret qui entoure la maladie ou l’absence d’une d’Etat est très révélateur de pratiques politiques contestées par des journalistes qui exigent plus de transparence, et par de nombreux hommes politiques algériens », a expliqué encore, un fin connaisseur de historie contemporaine de l’Algérie, sur les ondes de la radio française Europe 1.
« L’absence de communication des sphères du régime indique précisément que toute une série de tractations ont lieu. Si la tractation était aussi sereine, il y aurait une communication plus simple, évidente, transparente, autour de la santé de Bouteflika », a-t-il analysé lorsqu’il a été interrogé au sujet de l’état santé de Bouteflika et ses répercussions sur la vie politique en Algérie. Quant au silence des autorités françaises face aux rumeurs et spéculations qui agitent l’Algérie au moment où Bouteflika demeure hospitalisé en France, Benjamin Stora a estimé qu’il n’a rien d’anormal ou de nouveau car « l’Algérie reste un grand partenaire politique et économique, notamment depuis la guerre au Mali ».
La France ne voudrait donc pas s’aventurer à prendre une quelconque position qui risque de compromettre ses intérêts en Algérie notamment dans ce contexte trouble. Enfin, Benjamin Stora doute de la sincérité des informations communiquées par le Premier Ministre, Abdelmalek Sellal. « On ne sait pas si c’est un AVC comme le dit le Premier ministre, ou si c’est plus grave. Cette situation s’est déjà produite en 2005 quand Bouteflika a disparu pendant plusieurs semaines, puis sa réapparition ». Mais cette fois-ci, « son absence sur la scène publique ouvre toute une série d’interrogation sur sa succession possible », a relevé l’historien français.