Dans le sillage de sa réélection à la présidence de la République, Abdelaziz Bouteflika, même amoindri, veut donner l’impression d’écouter l’opposition. Le chef de l’Etat devra proposer, à l’automne prochain, une toute autre version de la nouvelle Constitution.
Selon des sources proches du chef de l’Etat, les deux moutures préparées en 2012 respectivement par la commission de Abdelkader Bensalah et la commission des juges qu’a présidée Azzouz Karedoune, sont définitivement abandonnées. « Je crois que les deux moutures sont abandonnées. Le président veut aller vers une constitution réellement consensuelle », a révélé, récemment sur le site El-Ahdath.dz l’ancien président de la Commission des affaires juridiques de l’Assemblée populaire nationale, Hocine Khaledoune, un membre très influent au FLN. La thèse a été confortée par Amar Saadani, secrétaire général du FLN, qui s’est exprimé lors d’une rencontre avec des journalistes. « Le président veut aller très loin dans la révision de la constitution », estime le secrétaire général du FLN.
Le chef de l’Etat a chargé Abdelmalek Sellal, son premier ministre, de mener les discussions avec l’opposition pour recueillir un maximum de propositions en vue d’élaborer la nouvelle loi fondamentale. Les proches de Bouteflika estiment, en gros, que le chef de l’Etat veut donner plus de place à l’opposition et protéger les droits de l’Homme. « C’est une manœuvre », estiment plusieurs acteurs de l’opposition. «Le chef de l’Etat va proposer le retour à la constitution de 1996 qui limitait le nombre de mandats présidentiels à deux », estime, pour sa part, un ancien ministre contacté récemment. Autrement dit, la réforme du chef de l’Etat ressemblera tout au plus à celles entamées en 2012, avec tous les échecs qu’on connaît de ces réformes.
Essaïd Wakli