Pour son premier entretien de presse, Abdelkader Bensalah lève une partie du voile qui entourait ses origines familiales. Mais le président du Conseil de la nation ne déroge pas à la règle qui fait de lui l’un des plus grands usagers de la langue du bois en Algérie.
On sait maintenant, grâce à une interview-fleuve accordée dimanche au quotidien El-Khabar, que Abdelakader Bensalah est né à Tlemcen. «Si vous voulez connaître mes origines, partez au village El-Mahraz, à Fellaoucène, daïra de Nedroma, Tlemcen. Ouvrez les registres d’Etat-civil de la commune et interrogez qui vous voulez ! C’est la-bàs que je suis né, en même titres que les membres de ma famille », a-t-il dit. Natif de 1941, Abdelkader Bensalah n’a en revanche rien dit de son passé « révolutionnaire ». Il s’est contenté de rappeler son parcours professionnel et politique. Un parcours « qui est loin d’être fortuit », a-t-il dit.
Le secrétaire général par intérim du RND a plutôt préféré se poser des questions sur les arrière-pensées politiques de ceux qui se posent la question sur ses origines familiales. Certains ont même avancé que Bensalah serait un ressortissant marocain et qu’il a été naturalisé algérien en 1965. Chose que l’intéressé dément vigoureusement.
Sur le terrain purement politique, Abdelkader Bensalah est resté égal à lui-même : il n’a vraiment rien lâché. Le seul aveu que le premier responsable « intérimaire » du RND ait fait est la reconnaissance de la profondeur de la crise qui a secoué son parti. Pis, le président du sénat, qui révèle avoir rencontré Ahmed Ouyahia plusieurs fois avant son départ du RND, dit avoir de la reconnaissance pour l’ancien secrétaire général du Rassemblement national démocratique qui a « privilégié l’intérêt du parti » au détriment de son maintien à son poste.
Interrogé sur ses intentions pour les présidentielles de 2014, Abdelkader Bensalah s’en tient à sa langue de bois légendaire. « Les prérogatives du président Conseil de la Nation sont définies dans la Constitution », a-t-il rappelé à plusieurs reprises. Faut-il appliquer l’article 88 de a Constitution ? « Il n’y a rien qui justifie le recours à cet article », dit-il. « Les institution fonctionnent normalement », a-t-il encore ajouté. Interrogé sur la nécessité d’organiser des élections présidentielles anticipées, Abdelkader Bensalah pense que « nous sommes dans un Etat normal, les institutions fonctionnent et le Premier magistrat du pays donnent des instructions quotidiennes aux responsables ».
La seule fois où le deuxième personnage de l’Etat se lâche, c’est lorsqu’il est interrogé sur les relations algéro-marocaines. « La vérité est qu’à chaque fois qu’il y a un accord, les Marocains manifestent leur mauvaise intention », a-t-il dit.
E. W.